Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Le but d'Israël : imposer sa paix ou dissocier les volets syrien et libanais

En remettant périodiquement sur le tapis la possibilité de procéder à un retrait unilatéral du Liban, les autorités israéliennes ne tentent-elles pas simplement de faire pression sur la Syrie pour l’amener à souscrire à un accord sur le Golan qui servirait alors de base à un accord sur le Liban-Sud et donc à un accord de paix israélo-syro-libanais ? Telle est la question que se posent actuellement des sources ministérielles libanaises au lendemain des déclarations d’Izhak Cohen et de Yossi Beilin qui ont rouvert la semaine dernière la question d’un possible retrait unilatéral du Liban. Selon ces sources, c’est en effet seulement si la Syrie refuse de souscrire à un accord de paix que les Israéliens décideront de procéder à un retrait unilatéral du Liban-Sud et de la Békaa-Ouest. Un tel retrait contraindrait le pouvoir libanais à déployer l’armée le long de la frontière. Israël aurait ensuite le prétexte légal et la couverture internationale qui lui permettraient de riposter en cas de poursuite des attaques de la Résistance. Il pourrait alors, dans ce cas, déclarer caducs les arrangements d’avril 96 – qui n’étaient dès le départ pas dans son intérêt – et les remplacer par un accord de cessez-le-feu plus avantageux. Il aurait ainsi réussi à dissocier les deux volets syrien et libanais du processus de paix. Une stratégie dangereuse Envisager un retrait unilatéral du Liban revient donc à menacer la Syrie de lui faire perdre la carte libanaise et œuvrer pour contraindre le Liban à souscrire à un accord unilatéral de cessez-le-feu. Une stratégie dangereuse, estiment les sources ministérielles libanaises précitées, selon lesquelles tout doit être fait pour mettre en échec le complot israélien. Pour ces sources, la prochaine visite dans la région de la secrétaire d’État US Madeleine Albright revêt dans ces circonstances une importance particulière. Car Albright serait porteuse d’idées et de propositions nouvelles susceptibles de relancer le dialogue israélo-syrien. Albright proposerait en fait un retrait israélien du Golan jusqu’aux frontières du 4 juin 1967 tel que souhaité par la Syrie en contrepartie des arrangements de sécurité et de la normalisation recherchés par Israël. Par la bouche de son ministre de l’Information, le président syrien a déjà affirmé qu’il ferait tout pour assurer le succès de la visite d’Albright dans la région. Un succès qu’il faut garantir à tout prix, comme le savent d’ailleurs toutes les parties concernées. Et en premier lieu Madeleine Albright elle-même qui n’a pas hésité à reporter la date de sa visite pour ne pas prendre le risque d’un échec. Albright ne viendra en effet que lorsqu’elle sera sûre du résultat de son initiative. Mais les États-Unis ne laisseront pas pour autant Israël gagner du temps. Car si toutes les parties savent que le temps joue en faveur d’Israël comme l’a depuis toujours affirmé Henry Kissinger, elles n’en savent pas moins que le temps ne joue pas en faveur de la paix et qu’il ne joue non plus ni en faveur du président Bill Clinton, ni en faveur du Premier ministre israélien Ehud Barak.
En remettant périodiquement sur le tapis la possibilité de procéder à un retrait unilatéral du Liban, les autorités israéliennes ne tentent-elles pas simplement de faire pression sur la Syrie pour l’amener à souscrire à un accord sur le Golan qui servirait alors de base à un accord sur le Liban-Sud et donc à un accord de paix israélo-syro-libanais ? Telle est la question que se...