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Actualités - DISCOURS

Centenaire - Le souvenir d'un homme épris d'indépendance Youssef Bey Karam, le nationaliste(photos)

Arabité, nationalisme et humanisme : une combinaison qui fait de Youssef bey Karam un homme bien plus intéressant que ne l’ont raconté certains historiens. Personnage controversé, il l’était pour avoir incarné une période tumultueuse de l’histoire du Liban, foisonnante en matière d’immixtions étrangères, contre lesquelles il a longuement lutté, ayant développé une foi solide en l’indépendance de sa patrie. À l’occasion du centenaire de Youssef bey Karam, une cérémonie organisée au palais de l’Unesco a réuni hier de nombreux responsables politiques et des intellectuels de tous bords. L’homme aux multiples facettes, mais toujours mû par des principes inébranlables, a eu droit à des discours relatant sa vie, ses exploits et ses valeurs «libanistes». «Cet homme a incarné un grand nom de l’histoire du Liban», a affirmé le Premier ministre M. Sélim Hoss. «Dans sa lutte contre les Ottomans et contre l’anarchie qui prévalait et à l’image des défenseurs de droits, il a rejeté une politique faite de tergiversations et de faux-fuyants», a relevé de chef du gouvernement. Il a dû faire face, par la force, à trois puissances majeures, dont l’influence était notoire, a poursuivi M. Hoss : le moutassaref du Mont-Liban Daoud Bacha, le patriarche maronite de l’époque Boulos Massad et enfin, le nonce apostolique. Un courage qu’il a payé cher par un long exil qui n’a cependant pas réussi à l’intimider. Pour certains, Youssef bey Karam a incarné le héros maronite, en raison de ses origines nordiques – un argument nécessaire mais non suffisant. Car, ce qu’il faut retenir de cet homme-là, c’est que son «héroïsme», quoique réclamé par une communauté, était reconnu par tous. Il s’est exprimé, sur le terrain, au nom de tous les Libanais, relèvent tous ceux qui ont entrepris de sonder sa vie. Il fut, en tous les cas, et presque unanimement, le précurseur d’un nationalisme qui prend tout son sens aujourd’hui, tant il est vrai que l’histoire se répète, bien péniblement parfois. «Il y a tout d’abord les radicaux parmi les chrétiens, écrit Sarkis Abou Zeid, qui ne veulent pas croire que le fils de Zghorta – leader maronite célèbre et héros national reconnu – ait pu initier des projets unificateurs arabes. Il y a aussi les musulmans radicaux qui refusent d’admettre qu’un chrétien ait pu prôner une arabité objective». Comprendre cette dichotomie apparente chez Youssef Karam, c’est saisir le fond de sa pensée politique, le sens national ayant toujours dépassé toute autre considération. «Il a été un des plus grands hommes politiques du Liban», dira de lui Issam Khalifé, historien et professeur à l’Université libanaise, qui estime que la nouvelle génération a tout à apprendre de cet homme. «Youssef bey Karam a toujours refusé les compromis internationaux faits aux dépens du Liban», souligne l’historien, qui met en exergue «sa culture politique remarquable et sa connaissance profonde des relations internationales». Revendicateur inlassable de l’indépendance du Liban, il œuvrera tout le long de sa vie à la réaliser, comme en témoigne par exemple son refus de division du Liban en deux cazas. «Sa renommée au Liban et ailleurs fait de lui le défenseur des chrétiens, des maronites surtout, et un “montagnard contre le pouvoir dans le Liban de 1866”, comme l’avait qualifié Henri Jalabert dans son ouvrage du même titre. C’est la première image qui se présente à l’esprit et qu’ont contribué à façonner tous les historiens», raconte M. Pharès Zoghbi, intellectuel libanais et membre du comité de commémoration de Youssef bey Karam. Libanaise, humaniste et ardent arabisant : tels sont toutefois les trois qualificatifs que lui attribuera cet érudit. La lutte de ce zaïm national a été essentiellement dirigée contre le féodalisme et le pouvoir absolu, ajoute M. Zoghbi. Parmi les affirmations qu’il détestait entendre, rapporte l’ambassadeur français de l’époque, il y a celle qui dit que «l’homme oriental n’a pas de nation mais appartient à la religion, qui l’a scellé à sa naissance. Les gens sont soit musulmans soit chrétiens». C’était probablement ce genre d’assertion qui avait nourri en lui le rêve d’une véritable nation que l’on aurait arrachée des mains des multiples et pernicieuses ingérences étrangères.
Arabité, nationalisme et humanisme : une combinaison qui fait de Youssef bey Karam un homme bien plus intéressant que ne l’ont raconté certains historiens. Personnage controversé, il l’était pour avoir incarné une période tumultueuse de l’histoire du Liban, foisonnante en matière d’immixtions étrangères, contre lesquelles il a longuement lutté, ayant développé une...