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Actualités - REPORTAGES

La capitale portait le deuil du soleil(photo)

La corniche de Manara, 13h15. Premiers moments de l’éclipse. Un silence lourd plane sur l’avenue qui, quelques heures plus tôt, grouillait de monde. À part quelques curieux qui s’aventurent timidement, les yeux fixés sur le trottoir du bord de mer, pas une âme qui vive. La capitale semble porter le deuil du Soleil. Treize heures trente. Les audacieux se font plus nombreux. Munis de lunettes spéciales, ils osent observer, le temps de quelques secondes, l’événement qui marque la fin du siècle. «C’est un moment unique, note Sylvie, jeune Française de 25 ans. On a de la chance de le vivre». Stéphane, son compagnon, s’exclame : «Incroyable. Nous ne sommes au Liban que depuis 24 heures. Et dire qu’on y est venus, rien que pour rater l’éclipse totale ! » Quant à Mira, 6 ans, excitée par le phénomène qu’elle suit à travers ses lunettes, elle explique : «Il y a un morceau du Soleil qui manque. C’est la Lune qui le cache. Elle va le cacher encore. Puis après, le Soleil va se dégager». Quatorze heures quinze. Les jeunes continuent à affluer par petits groupes. «C’est un événement qui ne peut être apprécié, si on le suit à travers le petit écran», indique Khalil, 28 ans. L’enthousiasme, mêlé à la déception et à la peur, se lit sur les visages. Les personnes rassemblées s’attendent à être le témoin d’un événement bien plus important que l’éclipse solaire. Mouaffak, 33 ans, déclare : «Je pense qu’une grande catastrophe se produira à Paris. Mais jusque-là rien ne s’est passé». Mais qu’arrivera-t-il au Liban ? «Il y aura un raz de marée, et un immense tremblement de terre secouera le pays», poursuit-il. Et Issam, 30 ans, de renchérir : «Je crains que les poissons ne se retrouvent sur la terre ferme». À mesure que l’apogée de l’éclipse approche, les gens ajustent leurs appareils photos, et se préparent à fixer le moment. Sentant que le retour du Soleil relève totalement de leur responsabilité, une dizaine de jeunes gens ont pris l’initiative de chasser le dragon qui engloutit le Soleil. Armés de casseroles, de cuillères et d’enjoliveurs de pneus, ils se sont mis à les battre en cadence. Quatorze heures cinquante. La foule se disperse. La vie reprend lentement son cours à Beyrouth. La fin du monde est remise à une date ultérieure.
La corniche de Manara, 13h15. Premiers moments de l’éclipse. Un silence lourd plane sur l’avenue qui, quelques heures plus tôt, grouillait de monde. À part quelques curieux qui s’aventurent timidement, les yeux fixés sur le trottoir du bord de mer, pas une âme qui vive. La capitale semble porter le deuil du Soleil. Treize heures trente. Les audacieux se font plus nombreux....