Présidence - Appel du chef de l'Etat à la solidarité Lahoud-Hariri : tête-à-tête de 90 minutes à Beiteddine

Le chef de l’État Émile Lahoud et l’ancien Premier ministre Rafic Hariri ont eu l’occasion hier matin pendant près de 90 minutes au palais de Beiteddine de passer en revue l’ensemble des sujets qui les divisent. La rencontre, fruit de démarches en cours entreprises par des médiateurs pour tenter d’amener le pouvoir et l’opposition à calmer le jeu, a donné lieu à «une franche explication» entre le président de la République et M. Hariri, indique-t-on dans les milieux de ce dernier. Les sources de la présidence se sont contentées pour leur part d’affirmer que l’entretien a porté sur des «questions intérieures», sans plus de précision. Selon les sources proches de l’ancien chef du gouvernement, MM. Lahoud et Hariri ont évoqué de manière exhaustive les questions faisant l’objet de divergences politiques entre eux, sans pour autant procéder à un examen des divers dossiers un par un. Ces sources ont néanmoins ajouté qu’il n’existait pas de «différends personnels» entre les deux hommes. Le chef de l’État a fait valoir au cours de l’entretien la nécessité de faire preuve de «solidarité» face aux défis qui guettent le pays, notamment sur le plan régional, a-t-on encore indiqué de mêmes sources. À l’issue de l’entretien, M. Hariri a déjeuné avec le chef des services de renseignements syriens au Liban, le brigadier Ghazi Kanaan, qu’il a informé de la teneur des discussions avec le président de la République. La Syrie n’est en effet pas étrangère aux médiations en cours pour rapprocher les points de vue, a-t-on ajouté. Pour l’instant, et d’après les informations disponibles, l’entrevue ne semble avoir débouché sur rien de concret, mais d’autres démarches de rapprochement pourraient encore intervenir, les médiateurs cherchant à obtenir une détente même relative au niveau des relations entre le pouvoir et l’opposition en vue de faire face aux échéances régionales. Ces relations s’étaient sérieusement dégradées à la suite notamment de la série de poursuites judiciaires engagées ces derniers mois contre des proches collaborateurs de M. Hariri. La veille même de sa rencontre avec le chef de l’État, l’ancien Premier ministre déplorait que chaque fois qu’il prenait une initiative, «quelqu’un entre en prison». Signalons enfin que M. Hariri devait s’envoler en soirée pour la Sardaigne, où il passe ses vacances. Par ailleurs, le chef de l’État a reçu, également au palais de Beiteddine, le ministre moldave des Affaires étrangères, Nicolaï Tabakaro, qui effectue actuellement une visite au Liban, et a examiné avec lui les relations bilatérales et les perspectives de coopération. Il s’est d’autre part entretenu avec un émissaire de la Banque mondiale qui a par la suite fait état dans une déclaration à la presse de son optimisme quant à l’avenir de l’économie libanaise, en rappelant les progrès signalés par le dernier rapport du Fonds monétaire international, récemment publié. Enfin, M. Lahoud a reçu le président du Conseil supérieur de la magistrature, M. Mounir Honein.