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Actualités - ANALYSE

Jezzine - Les belles promesses vite oubliées Pas de tranquillité et pas de reprise touristique

Les cocoricos des autorités chantant victoire après la libération de Jezzine et promettant aux habitants monts et merveilles tournent maintenant aux couacs. Car très vite la région est retombée dans son stress du temps de l’occupation. Régulièrement des rafales tirées d’on ne sait où par on ne sait qui balaient tel ou tel secteur, pour maintenir la pression et la peur. Avec un effet garanti : le touriste et le villégiateur, principales ressources de la contrée, ne veulent toujours pas revenir. Et la zone est une passoire sur le plan sécuritaire. Car s’il y a bien des contrôles aux points de jonction de Kfarfalous et de Bater, donnant sur la région de Saïda, il n’y en a aucun du côté de Kfarhouna, donc du Sud intérieur. C’est sans doute par là, pensent les habitants, que des éléments, de l’ALS ou d’autres formations, s’infiltrent pour lâcher des rafales et s’évanouir ensuite dans la nature. La population relève également que le renforcement en effectifs des Forces de sécurité intérieure n’a pas été suivi d’un déploiement conséquent sur le terrain. En d’autres termes, de nombreuses plaques, plusieurs îlots douteux restent sans contrôle, incertains, peu sûrs, dangereux en somme. Si les gens ne sont pas pour le moment la cible de tirs directs c’est qu’ils se tiennent plutôt sur leurs gardes. Ils sont évidemment assoiffés de paix civile et ce ne sont pas eux qui vont provoquer des troubles. Mais ils soulignent en chœur que leur volonté commune de paix ne suffit évidemment pas, qu’il faut une bien meilleure protection sécuritaire assurée par l’État. Pour tout dire ils se demandent quel jeu joue ce dernier. Cherche-t-il, ajoutent les Jezziniotes, à garder la région sur un fil d’acier exprès, pour complaire au Hezbollah ou pour disposer sur les chrétiens du Sud occupé d’une carte de pression ? Ces sombres supputations ne résisteraient sans doute pas à une analyse sérieuse. Mais elles expliquent par elles-mêmes l’état d’esprit plutôt angoissé de la population, sa méfiance grandissante à l’égard d’un pouvoir qui manifestement ne la considère pas comme faisant partie du «bon Liban». « Par cette attitude peu sensée, les responsables incitent les Jezziniotes à regretter presque le temps de Lahd. Et si l’envie lui prenait de revenir, il n’est pas certain que les habitants tentent de l’en dissuader en se dressant contre lui», remarque un notable. De fait, dans les conditions actuelles de déficience immunitaire, toute partie qui y trouverait un intérêt tactique peut provoquer des troubles graves sinon une explosion généralisée. On aurait droit de nouveau à des embuscades et à des mines plantées sur les routes ou dans les champs. L’inquiétude cependant déborde le cadre de Jezzine. Un ancien ministre souligne à Beyrouth qu’il y a «tout lieu de craindre, après l’exemple du déplorable traitement postopératoire réservé à Jezzine, si le même modèle de laisser-aller ne serait pas adopté dans l’enclave frontalière, au Sud comme dans la Békaa-Ouest, après le retrait israélien. Ce serait absolument catastrophique. Car, dans ces régions, les clivages sont bien plus nombreux et bien plus aigus qu’à Jezzine, dont la population est homogène. Au Sud et dans la Békaa-Ouest, il y a des confrontations confessionnelles, mais aussi de sourdes rivalités entre formations appartenant à une même communauté. Si l’État devait s’y montrer aussi négligent qu’à Jezzine, on y aurait droit après le retrait, selon de fortes probabilités, à de sanglants règlements de comptes, pour ne pas dire à une vraie guerre civile locale». Une hypothèse qui en principe semble cependant exclue. «Car, dit un député sudiste, si l’État, pour ne pas indisposer le Hezbollah, n’a pas déployé l’armée à Jezzine, il devra impérativement le faire dans la bande frontalière après le retrait israélien. Il s’y est du reste engagé officiellement à diverses reprises et de plus c’est ce que prévoient explicitement les résolutions de l’Onu. Sans compter que l’armée n’existe en principe que pour défendre le pays et ses frontières. Il reste qu’en laissant Jezzine flotter, surtout après l’effroyable massacre de quatre magistrats à Saïda, et en ne réglant toujours pas le problème aigu des camps palestiniens, le pouvoir libanais se met en position désavantageuse dans le cadre du processus de négociations qui doit bientôt reprendre», indique ce parlementaire.
Les cocoricos des autorités chantant victoire après la libération de Jezzine et promettant aux habitants monts et merveilles tournent maintenant aux couacs. Car très vite la région est retombée dans son stress du temps de l’occupation. Régulièrement des rafales tirées d’on ne sait où par on ne sait qui balaient tel ou tel secteur, pour maintenir la pression et la peur....