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Actualités - REPORTAGES

Festival de Frayké - Théâtre, danse et musique Variations énigmatiques, une joute oratoire toute en finesse et en suspense(photos)

Après la trompette des Maalouf et la chorégraphie libanaise, le Festival de Frayké présente, en deuxième semaine, une pièce de théâtre, Variations énigmatiques de Eric-Emanuel Schmitt, version libanaise mise en scène de Mounir Abou Debs; ainsi qu’un double solo de danse et de musique contemporaines. La magnanerie des Abou Debs, à Frayké (Metn, sur la route de Bickfaya), offre son cadre enchanteur pour deux soirs encore. Vendredi 7 et samedi 8 mai, 20h30. Variations énigmatiques en ouverture de soirée. Deux fauteuils et une table basse occupent le centre des planches. En fond de décor, à gauche, une armoire-bar, à droite, un piano. Deux coups de feu assourdissant, retentissent. Un homme, la cinquantaine, entre par la droite. C’est Abel Znorko (Antoine Kerbage). Presque désinvolte, il traverse la scène. Il est suivi par un autre homme, Erik Larsen (Jihad Andari). Plus jeune, enveloppé d’une longue cape noire, il entre en courant, agité, à bout de souffle. À peine voit-il Znorko, qu’il se dirige vers lui. «Vite, intervenez ! On vient de me tirer dessus. Il y a un fou sur l’île. (…) Mais que se passe-t-il ?», interroge Larsen. «Rien de dramatique» rétorque Znorko, «je vous ai raté, c’est tout.» Erik Larsen se précipite vers la sortie. Abel Znorko le retient. «Ne craignez rien. Je ne tire que sur les gens qui s’approchent de ma maison; une fois qu’ils sont chez moi, ils sont mes hôtes», le rassure-t-il. Avec ce premier échange, le spectateur entre de plain-pied dans le monde étrange et inquiétant d’Abel Znorko. Nobel de littérature, il vit retiré sur son île de Rösvannöy, en mer de Norvège. Il ne donne jamais d’interview, mais accepte, cependant de recevoir Erik Larsen, journaliste à la Gazette de Nobrovsnik. S’engage entre les deux hommes une joute oratoire où les passes, comme des lampions, révèlent à chaque coup une vérité. Pièce à suspense, Variations énigmatiques mélange les genres avec bonheur. Les révélations succèdent aux réflexions, dans un crescendo réussi. La mise en scène épurée signée Mounir Abou Debs donne au texte toute sa force et à la performance des acteurs un impact efficace. Antoine Kerbage et Jihad Andari se prêtent au jeu avec brio. Le texte coule avec fluidité entre eux. La traduction a su éviter les lourdeurs de la langue arabe. Comme des flèches, les phrases ne ratent jamais leur cible. Jusqu’à la dernière réplique, le spectateur retient son souffle. En coulisses Pour Antoine Kerbage, le rôle d’Abel Znorko «n’est pas un rôle de composition à cent pour cent», dit-il. «Nous sommes proches par les idées, la manière d’être». Ce qu’il a aimé dans ce personnage, «c’est son regard sur la vie. Son courage à dire les sentiments les plus intimes, tels qu’ils sont, sans les embellir. Il dit d’ailleurs, à un moment, une phrase qui épingle exactement l’être humain contemporain». Et Antoine Kerbage de citer son rôle : «Le mensonge est délicat, artiste, il énonce ce qui devrait être, alors que la vérité se limite à ce qui est. Comparez un savant et un escroc : seul l’escroc a le sens de l’idéal». Pour Jihad Andari, le rôle d’Erik Larsen «porte les évènements. Nostalgique du passé, il vient faire bouger les choses. Il est celui qui éclaire la face cachée de la vie de Znorko. En réalité, ce sont les deux visages d’une même personnalité», affirme-t-il. Mounir Abou Debs dit avoir, comme pour tout travail de mise en scène, commencé «par écouter les mots, le texte, les acteurs. Ce n’est pas tant l’écriture théâtrale qui me retient», souligne-t-il, «c’est un certain État d’âme qui naît de ces différentes rencontres». Dans sa mise en scène, il dit essayer «de se laisser prendre par la réalité de l’œuvre. Pour ces Variations énigmatiques, l’essai est réussi. Le spectateur reste, pendant plus de 75 minutes, vissé sur sa chaise, attentif au moindre mot. Deux piliers du mouvement théâtral La collaboration entre Abou Debs et Kerbage ne date pas d’aujourd’hui. Tous deux piliers du mouvement théâtral de la fin des années soixante, ils rêvaient de travailler de nouveau ensemble. Ils sont servis. Outre Variations énigmatiques à Frayké, ils préparent Œdipe roi pour le Festival de Beiteddine, cet été. Succès à Paris Variations énigmatiques d’Eric-Emmanuel Schmitt a été créée pour la première fois en septembre 1996 au Théâtre Marigny, à Paris. Alain Delon, alias Znorko, et Francis Huster, Larsen, jouaient dans une mise en scène de Bernard Murat. Grand succès pour cette pièce qui a été donnée plus de trois ans. Avec, dans un deuxième temps, Stéfane Freiss dans le rôle de Larsen.
Après la trompette des Maalouf et la chorégraphie libanaise, le Festival de Frayké présente, en deuxième semaine, une pièce de théâtre, Variations énigmatiques de Eric-Emanuel Schmitt, version libanaise mise en scène de Mounir Abou Debs; ainsi qu’un double solo de danse et de musique contemporaines. La magnanerie des Abou Debs, à Frayké (Metn, sur la route de Bickfaya), offre son...