Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

Correspondance Plume d'oie v/s Pentium 3

Haro sur l’ordinateur, ses logiciels et ses merveilles, ses modems et ses stratagèmes, ses souris et ses mâchicoulis... cet anathème est jeté par l’écrivain et chercheur américain Theodore Roszak à qui l’on doit des titres aussi significatifs que Le culte de l’information : traité du néo-luddisme de la High Tech, de l’intelligence artificielle et du véritable art de penser et La sage Amérique : la révolution de la longévité et la vraie fortune des nations. Il ne fait pas de doute que Roszak est un inconditionnel de la pensée pure. Mettant à profit le succès remporté par le film Shakespeare in love, il a publié dans le New York Times un texte destiné à attirer l’attention de tous sur les prodiges et les exploits dont est capable l’esprit, sans avoir recours aux nouveaux paradis artificiels que sont les PC et autres Pentium de plus en plus sophistiqués. «Ce qui frappe dans le film, et c’est tant mieux, ce n’est pas tant les amours de Shakespeare que sa rage d’écrire, usant et aiguisant plume d’oie après plume d’oie, les ongles noircis par l’encre... C’est ainsi que naquirent Roméo et Juliette, Hamlet et le roi Lear par les efforts laborieux d’un poète inspiré qui donnait la priorité à la profondeur de la réflexion, à l’éloquence du verbe et à la force intellectuelle de son travail». L’ordinateur, une entrave à la créativité Quelle meilleure leçon pour nos jeunes ? Elle peut leur inculquer une vérité culturelle que ne peuvent pas leur enseigner Bill Gates et les directeurs de collèges préoccupés à «brancher» les salles de classe. Car la «qualité est dans l’esprit et non dans la machine...» «Un jour, nous aurons un ordinateur sur chaque bureau et dans chaque classe, mais cela ne fera pas de nous une nation de Shakespeare, de Newton, de Chopin, de Jane Austin et de Thomas Jefferson qui tous ont atteint l’excellence sans le bénéfice de Window 98...». Cela n’empêche pas l’auteur d’utiliser le Word perfect et de s’y sentir bien, au point d’oublier que l’inspiration aidant, un stylo ou un bic feraient, à ses dires, la même affaire. Il précise qu’il ne s’agit pas de ramener les enfants à la plume et à l’encre mais à relativiser le rôle de la machine. En premier lieu, il voudrait leur dire que l’ordinateur ne contribue en rien à la vie et à l’activité de l’esprit. De même que le flot d’informations déversées par le Worldwide web. «Shakespeare, écrit-il, n’a pas eu besoin de surfer à www.traveleurope net/verona.htm pour écrire une pièce qui a rendu la ville célèbre». Il pense même que l’ordinateur peut entraver le travail intellectuel, surtout chez les enfants. Un enfant avec un crayon à la main est prêt à écrire; avec un pinceau en main, il est prêt à dessiner. Un enfant devant un écran est prêt à... «vérifier qu’il n’y a pas de virus, que tout est bien branché, puis c’est la recherche du dossier, sa mise en place, l’examen des multiples possibilités proposées etc. En fait, les enfants n’ont pas besoin de tant d’informations pour commencer à goûter aux joies de la créativité». Theodore Roszak reconnaît l’utilité de l’ordinateur pour stocker et inventorier des informations. Mais il ne pense pas du tout que la grande littérature, les grandes pensées et l’éducation véritable ont besoin de cette forme de technologie. Il conclut ainsi : «Notre héritage culturel nous vient d’hommes et de femmes qui n’ont pas utilisé de machines pour penser. Ils n’avaient pour ressources que la nudité de leur esprit, creusant en profondeur leurs expériences, et une plume aiguisée pour coucher ces pensées sur n’importe quelle surface».
Haro sur l’ordinateur, ses logiciels et ses merveilles, ses modems et ses stratagèmes, ses souris et ses mâchicoulis... cet anathème est jeté par l’écrivain et chercheur américain Theodore Roszak à qui l’on doit des titres aussi significatifs que Le culte de l’information : traité du néo-luddisme de la High Tech, de l’intelligence artificielle et du véritable art de penser et...