Courrier Pas le choix

Les électeurs de Beit-Chabab se sont rendus démocratiquement aux urnes, lit-on dans L’Orient-Le Jour du lundi 21 juin 1999 ; mais dans quelle mesure les a-t-on laissés exercer démocratiquement leur droit de vote ? Voici mon expérience personnelle, celle d’une Libanaise d’origine française votant pour la première fois au Liban : «Dimanche après-midi à Beit-Chabab : le quartier des bureaux de vote est en effervescence. Tanks et militaires à chaque tournant. Femmes et hommes votent séparément ; jusqu’à présent, tout est «normal», vu le contexte régional. À l’intérieur du bureau de vote, deux charmantes jeunes femmes «égéries» de la liste de M. Élias Achkar, me donnent d’autorité la liste de ce dernier, et un gendarme non moins autoritaire me pousse vers l’isoloir. Trois listes n’étaient-elles pas en concurrence ? Où sont donc les deux autres ? Osai-je demander. Il n’y en a pas. J’insiste, légèrement, surprise de l’absence de choix. Les visages, accueillants cinq minutes auparavant, se ferment désagréablement devant mon obstination. Je sors du bureau, de force, car le gendarme de faction ne veut plus me laisser sortir, et réussis à trouver un jeune homme qui me donne une des deux autres listes malgré les injonctions du gendarme le chassant des lieux. Qu’en est-il de la troisième liste ? Je ne l’ai jamais vue».