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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Pédophilie-Le corps hospitalier dénonce un drame atroce Une fillette de deux ans et huit mois victime de sévices sexuels(photo)

Yasmine Tabet a deux ans et huit mois. Elle a été sauvagement agressée et violée dans l’après-midi de mercredi dernier. Avant d’être transportée aux urgences de l’hôpital Saints-Pierre et Paul à Jdeidé, où elle devra séjourner une semaine au moins, elle vivait dans une petite maison à Dora, non loin du dépotoir d’ordures, avec son père pêcheur de poissons, sa sœur, son frère et une ressortissante sri-lankaise. Depuis un an, Yasmine n’a pas vu sa mère qui avait quitté le domicile conjugal pour se rendre en Égypte, son pays d’origine. Hier, la direction de l’hôpital Saints-Pierre et Paul a décidé de rendre l’affaire publique. Afin de contribuer à dénoncer les crimes perpétrés contre l’enfance et dont certains demeurent impunis. Pour présenter le cas de Yasmine, une conférence de presse a été organisée à l’hôpital en présence du corps médical chargé de soigner la fillette violée, notamment les Drs Paul Gemayel, directeur de l’hôpital, Pierre Sarkis, chirurgien infantile, Ramzy Finan, gynécologue, et Isabelle Pharaon, pédiatre. Le Dr Joseph Soto, médecin légiste, M. Roland Gemayel, avocat de l’hôpital Saints-Pierre et Paul, et le Dr Fawzi Adaimy, président du syndicat des propriétaires des hôpitaux, étaient également présents. C’est à moitié évanouie et souffrant d’une hémorragie rectale que Yasmine était arrivée dans les bras de sa tante paternelle aux urgences de l’hôpital Saints-Pierre et Paul. «Elle est tombée du pot de chambre», avait déclaré sa tante pour toute explication. Une heure auparavant, la même parente avait accompagné la fillette chez le pédiatre de ses propres enfants. Elle était arrivée sans rendez-vous et elle prétendait vouloir faire vacciner l’enfant qui n’a pas arrêté de pousser des cris aigus depuis son entrée à la clinique. Yasmine a des bleus au visage. La tante explique : «Je ne vis pas avec eux, on m’a dit qu’une fourmi l’avait piquée à la joue». Le pédiatre ausculte la fillette et constate de graves contusions aux bras, aux coudes et aux jambes. Le périnée, le vagin et le rectum de Yasmine, âgée de deux ans et huit mois, sont déchirés. La plaie périnéale est en forme d’arc tandis que le rectum présente une déchirure de sept centimètres, l’anus est éclaté. À l’hôpital, le gynécologue et le chirurgien infantile refusent d’opérer la fillette avant d’alerter les forces de l’ordre et le médecin légiste. L’institution alerte donc le poste de police de Jdeidé. Il ne fallait pas détruire les preuves d’un viol. Après l’examen sous anesthésie pratiqué par le médecin légiste, le Dr Soto, l’intervention chirurgicale de reconstruction commence et dure quatre heures. Si la situation de Yasmine demeure stable, elle pourrait souffrir en grandissant de plusieurs complications, notamment gynécologiques. Au cours de la conférence de presse, le Dr Gemayel a déclaré que «la fillette a subi une intervention chirurgicale longue et critique ; bien que depuis 48 heures son état soit stable, le danger ne sera pas écarté avant au moins une semaine». Soulignant «la nécessité de protéger l’enfance car elle est de plus en plus victime de sévices sexuels», il a indiqué que «protéger les enfants est le devoir de tous». Le Dr Gemayel, qui a décidé de rendre l’affaire publique pour sensibiliser l’opinion publique, s’est rendu hier à Bkerké afin de mettre le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, au courant. Mme Nayla Mouawad, présidente de la sous-commission parlementaire des droits de l’enfant, a été également alertée. La guérison psychologique sera longue et difficile Le Dr Sarkis, qui a effectué avec le Dr Finan la chirurgie reconstructrice, a pour sa part noté «qu’il est impossible que les déchirures à l’anus et au sphincter soient le résultat d’une chute». Quant au Dr Finan, il a souligné que «nous ne voulons accuser personne, mais les preuves médicales indiquent que la fillette a été la victime de sévices sexuels». M. Roland Gemayel a indiqué que «l’hôpital n’est pas partie civile mais dans de tels cas, il est de son devoir de prévenir les autorités concernées, qui ont entamé une enquête». Le médecin légiste a pour sa part noté que «les muscles de la fillette présentaient des déchirures de sept centimètres». Le Dr Pharaon a déclaré que «le processus de guérison psychologique de la fille sera très long». Interrogé par L’Orient-Le Jour, M. Chukri Sader, procureur général du Mont-Liban, qui poursuit personnellement l’enquête, a déclaré qu’à «la limite, tout crime contre l’enfance est un crime contre l’humanité». «Il faut prouver avant tout qu’il y a eu viol», a-t-il indiqué en soulignant la différence entre un viol et des sévices sexuels. Et de déclarer : «Le coupable subira les sanctions les plus sévères». «Elles pourraient aller à plus de quinze ans de prison». Peut-on exiger la peine capitale dans de tels cas ? «Tant que le crime n’a pas provoqué la mort de la victime, le châtiment suprême ne peut être requis». L’enquête, effectuée par le responsable du poste de police de Jdeidé, se poursuit. Le père et la tante paternelle de Yasmine arrêtés mercredi soir ont été relâchés mais doivent rester à la disposition des enquêteurs. La ressortissante sri-lankaise est toujours arrêtée pour les besoins de l’enquête préliminaire, qui sera clôturée probablement aujourd’hui. Le personnel hospitalier, qui a rarement été témoin d’un tel acte criminel, raconte que Yasmine, au cours des premières 24 heures de son admission à l’hôpital, était dans un état de choc et refusait de voir tous les nouveaux visages venus lui rendre visite. Elle était très effrayée en voyant des hommes, médecins ou infirmiers. Hier, elle était plus calme. Les Drs Pharaon et Finan ont exigé d’examiner la sœur aînée âgée de quatre ans de la fillette et son frère benjamin qui a un an et deux mois. Yasmine, brune aux grands yeux noirs, a échappé à la mort. Sur son lit d’hôpital, on a posé deux poupées, une peluche et deux ballons. Sur la commode à côté du lit, un bouquet de roses jaunes a été déposé pour égayer la chambre. Dans une dizaine de jours la fillette sortira de l’hôpital. Va-t-elle retourner dans sa maison de Dora pour vivre dans une famille pouvant être classée comme cas social grave ? Tout dépendra des résultats de l’enquête.
Yasmine Tabet a deux ans et huit mois. Elle a été sauvagement agressée et violée dans l’après-midi de mercredi dernier. Avant d’être transportée aux urgences de l’hôpital Saints-Pierre et Paul à Jdeidé, où elle devra séjourner une semaine au moins, elle vivait dans une petite maison à Dora, non loin du dépotoir d’ordures, avec son père pêcheur de poissons, sa...