Droits de l'homme - Conférence de Mohammed Faëk au Bristol Le prix de la Fondation Moghaizel pour la paix civile à l'Université Notre-Dame de Louaizé(photo)

L’Université Notre-Dame de Louaïzé (NDU, Zouk Mosbeh) a obtenu hier le prix de la Fondation Joseph et Laure Moghaïzel pour la paix civile et les Droits de l’homme. Ce prix a été remis au président de la NDU, le père François Eid, au cours d’une cérémonie organisée hier soir à l’hôtel Bristol par la Fondation Moghaïzel en présence d’une foule de personnalités. Le secrétaire général de l’Association arabe des droits de l’homme, M. Mohammed Faëk, a donné à cette occasion une conférence sur le thème «les droits de l’homme et le développement». Le prix pour la paix civile et les droits de l’homme, octroyé par la Fondation Moghaïzel en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), a été décerné à la NDU en reconnaissance pour une série de 18 séminaires et de congrès organisés entre 1996 et 1998 par l’université. Ces séminaires ont porté sur différents thèmes en rapport avec la chose publique. Ils ont été axés, notamment, sur la famille libanaise, la décentralisation et la participation populaire, le travail et les professions, l’université et le travail, l’information et la liberté, les ressources hydrauliques au Liban, l’université et la santé, l’exhortation apostolique, la municipalité et le pouvoir local etc … Etaient présents, notamment, à la cérémonie organisée pour la remise de ce prix Mgr Khalil Abinader, représentant le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, M. Rouhi Baalbacki, représentant le chef du gouvernement Selim Hoss, le ministre du Travail et des Affaires sociales, M. Michel Moussa, et plusieurs autres personnalités politiques et diplomatiques. Au début de la cérémonie, le président de la Fondation Joseph et Laure Moghaïzel, M. Fady Moghaïzel, a prononcé une courte allocution dans laquelle il a rappelé que la Fondation œuvre pour promouvoir et consolider une culture des droits de l’homme au Liban, en collaboration avec d’autres associations de la société civile. M. Moghaïzel a, d’autre part, indiqué qu’au cours des trois dernières années, l’action de la Fondation s’est basée sur cinq initiatives : la conférence annuelle (donnée par des personnalités arabes de premier plan, tels que MM. Ghassan Tuéni, Boutros Boutros-Ghali et Lakhdar Ibrahimi) ; le programme de l’Observatoire de la démocratie au Liban (exécuté grâce à une aide de l’Union européenne) ; le programme télévisé «votre droit guide votre chemin» ; l’élaboration d’une étude juridique sur «les crimes d’honneur»; la publication d’un livre ayant pour titre «Laure Moghaïzel, un demi-siècle de lutte pour la défense des droits de la femme au Liban». Après avoir souligné la nécessité d’introduire les droits de l’homme «dans notre culture nationale», M. Moghaïzel a appelé à un engagement ferme et total pour la sauvegarde des droits de l’homme. En conclusion, M. Moghaïzel a introduit le secrétaire général de l’Association arabe des droits de l’homme, M. Mohammed Faëk, rappelant la longue lutte menée par M. Faëk aux côtés des mouvements de libération dans la plupart des pays africains. Faëk : Le droit au développement La conférence de M. Faëk (ancien ministre et député en Égypte) a été essentiellement axée sur la situation des libertés publiques et des droits de l’homme dans les pays en voie de développement, notamment dans les pays arabes. M. Faëk a, d’entrée de jeu, déploré la situation des droits de l’homme dans les pays du tiers-monde, soulignant qu’après avoir acquis leur indépendance, ces pays ont maintenu «les lois répressives héritées du colonialisme, sous prétexte de faire face aux défis extérieurs et aux complots visant les régimes en place». «De nombreux pays ayant fraîchement acquis leur indépendance ont même imposé l’état d’urgence, des lois d’exception et le système de parti unique», a déclaré M. Faëk. Mettant l’accent sur le développement rapide des moyens de communication et sur les retombées de la révolution informatique, notamment avec l’avènement d’Internet, M. Faëk a affirmé qu’il n’était plus possible de maintenir inchangée la situation actuelle des droits de l’homme dans les pays en voie de développement. Le responsable arabe a ensuite évoqué les trois phases qui ont marqué le développement de la notion des droits de l’homme. La première phase se rapporte aux droits politiques et civils des citoyens. La deuxième phase est celle des droits économiques, sociaux et culturels. Quant à la troisième phase, qui nécessite un effort commun de la part de tous les peuples et gouvernements du monde, elle porte sur le droit à la paix, le droit à la solidarité, le droit à un environnement sain … Le droit au développement, a précisé M. Faëk, figure parmi cette troisième génération des droits de l’homme. M. Faëk a évoqué sur ce plan la proclamation du Droit au développement, en 1986. Cette proclamation, a-t-il précisé, définit la notion de développement, en tant que processus socio-économique, culturel et politique visant à assurer le bien-être des peuples et leur «participation effective et libre» à la vie publique. Pour M. l’orateur, il existe un lien étroit et indéfectible entre le développement et les droits de l’homme. «Le développement qui se fait sans respect des droits de l’homme est un développement tronqué qui ne saurait aboutir aux résultats escomptés», a-t-il déclaré. Après avoir appelé au respect total des droits de l’homme dans les pays en développement, M. Faëk a évoqué, en conclusion, les principaux facteurs qui entravent le développement dans les pays arabes, à savoir : la pauvreté ; l’occupation ; l’absence de démocratie ; la marginalisation du rôle de la femme ; et le bas niveau d’éducation et de culture dans les pays en question.