Deux ambassadeurs qui reviennent de loin

En marge de la conférence, rencontre avec deux rescapés du Lycée de Columbine, à Littleton aux États-Unis. Ils étaient dans la salle même où, le 20 avril dernier, deux adolescents ont abattu quinze personnes. Aujourd’hui, ils sont «ambassadeurs de la paix». – Peter Forsbert, 17 ans, raconte : «Deux étudiants vêtus de pardessus noirs entrent dans une salle du Lycée de Columbine où j’étudie, et essaient de tuer le plus de gens possible. Dieu merci, j’étais hors du champ de tir. Quatorze de mes camarades et un professeur sont morts. Après la fusillade, les deux lycéens se sont suicidés. En quelques secondes, toute notre vie a été bouleversée. «À cause de cette horrible tragédie, nous, survivants, avons réalisé qu’il fallait faire quelque chose au niveau local et aussi international. Pour cela, certains camarades et moi-même avons décidé de créer le mouvement des ambassadeurs de la paix. C’est un grand mouvement où chacun, à sa façon, œuvre pour la paix. Son siège est à Littleton aux États-Unis. Nous faisons cela en mémoire de nos amis morts pour avoir juste été au mauvais endroit, au mauvais moment». – McCay Hall, 17 ans, a été touché par les balles des deux adolescents. Il relate : «Ils sont entrés. Ils ont commencé à tirer. Je me suis caché sous une table. Ils ont regardé sous le meuble. Ils m’ont tiré dessus en souriant (...). J’ai reçu quatorze balles à la jambe gauche et un éclat dans le cou. J’ai passé quatre jours à l’hôpital. Aujourd’hui, je vais mieux. Mes proches et mes amis m’ont donné la force de surmonter cette expérience. J’ai décidé de dédier ma vie et mon énergie à la lutte contre la violence. Quelle qu’en soit la forme. Nous parlons tous le langage de la paix. Je crois que de chaque mauvaise chose, émane quelque chose de bon. Je pense que c’est extraordinaire que d’être ambassadeur de la paix et de partager mon expérience avec les autres. «Parfois la nuit, je me lève en sursaut. Je les vois (les deux adolescents) dans mes cauchemars : ils nous tirent dessus en souriant. Quel sourire !» – Pourrez-vous leur pardonner un jour ? – Je leur ai déjà pardonné.