Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Gouvernement - Critiques feutrées au palais La prudence de certains ministres serait excessive

L’ambassadeur américain David Satterfield multiplie ces derniers temps les déclarations en flèche. Après avoir annoncé «la paix pour bien plus tôt qu’on ne le pense», voici qu’il se penche sur la situation économique du Liban. Il soutient à ce propos que le pays n’a nul besoin d’un plan Marshall. Mais d’un afflux d’investisseurs, d’une mobilisation du potentiel libanais entraînant dans son sillage des capitaux étrangers, notamment américains. Les organismes économiques conviennent de la pertinence de ce conseil en forme d’“aide-toi, le ciel t’aidera” et se félicitent de la promesse de soutien US en matière d’investissement. Ils notent cependant que le manque d’expérience du Cabinet constitue une entrave sérieuse au redressement. Et laissent entendre que Baabda n’est pas satisfait des prestations de certains ministres. Il leur serait reproché, selon ces sources, une lenteur d’exécution préjudiciable, due à une mentalité de rond-de-cuir. Ces ministres, qui viennent de la fonction publique ou de l’université, ralentiraient excessivement des formalités et des projets nécessitant célérité, sous prétexte qu’ils ne peuvent prendre aucune initiative sans avoir approfondi l’étude du sujet qui leur est soumis. Toujours selon les mêmes témoignages, le chef de l’État accorderait quand même des circonstances atténuantes à ces ministres. Il estimerait en effet que leur prudence un peu trop poussée s’explique en grande partie par le climat que suscite l’ouverture des dossiers des anciens gouvernants. Les responsables actuels auraient ainsi trop peur d’un quelconque faux pas et tiennent un peu trop à couvrir leurs arrières avant que de rien faire. Pour le président de la République, ajoutent les sources en question, il est certes bon qu’un responsable ait le sens de sa responsabilité, mais pas au point de s’en trouver paralysé. Surtout dans le domaine socio-économique, essentiel pour les gens. Et surtout quand il s’agit de faire face à la reprise en charge de la région de Jezzine où l’État doit se hâter d’aider la population par divers projets ou services. Un membre politique du Cabinet va plus loin et répète en privé qu’on a eu tort de se fier à d’anciens fonctionnaires et à des technocrates qui ne voient devant eux que le papier quadrillé qu’il faut parapher en bas de page, et ne sont pas habitués à se frotter aux réalités du quotidien pour prendre vite des décisions. Ce ministre s’en prend surtout à ses collègues du domaine socio-économique dont il trouve certains assez timorés. Précisant sa pensée, il indique qu’on aurait dû sans hésiter adopter complètement le plan initial plutôt révolutionnaire mis au point par le ministre des Finances, sans l’édulcorer comme on l’a fait à l’occasion de l’élaboration du budget 1999. La même personnalité s’étonne que le gouvernement n’ait pas assez bien répondu à l’orientation de changement voulue par le régime. Toujours est-il qu’un diplomate estime pour sa part qu’à terme la politique d’épuration suivie par le pouvoir devra porter ses fruits sur le plan de l’assainissement des finances publiques et du redressement économique. Car, d’après lui, en faisant ainsi le ménage chez lui, le Liban regagne vite la confiance de l’étranger. Et pour peu que la situation s’arrange au Sud, les investisseurs débarqueraient en force. Quoi qu’il en soit, on apprend que le ministre de l’Intérieur M. Michel Murr avance une proposition : un plan détaillé de privatisations diverses, notamment en électricité et en télécommunications, qui, selon lui, prodiguerait au Trésor 10 milliards de dollars en cinq ans.
L’ambassadeur américain David Satterfield multiplie ces derniers temps les déclarations en flèche. Après avoir annoncé «la paix pour bien plus tôt qu’on ne le pense», voici qu’il se penche sur la situation économique du Liban. Il soutient à ce propos que le pays n’a nul besoin d’un plan Marshall. Mais d’un afflux d’investisseurs, d’une mobilisation du potentiel libanais...