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Actualités - REPORTAGES

Le théâtre selon Simon Abkarian : tout un art de vivre(photo)

Né à Paris de parents arméniens, Simon Abkarian passe son enfance à Beyrouth qu’il quitte en 1977 pour se réinstaller en France. En 1993, il revient pour la première fois au Liban, «alors que le centre-ville avait encore son décor lunaire». Aujourd’hui, il est à Beyrouth pour présenter Une bête sur la lune. «Cela me fait du bien de revenir au Liban», affirme-t-il. «Il y a une proximité entre les gens, une chaleur, que je n’ai trouvées nulle part ailleurs». Et il ajoute : «Dans la “faouda” il y a des bribes d’humanité qu’il faut conserver. J’aimerais collaborer avec des artistes ici. On peut beaucoup s’enrichir». Simon Abkarian estime que le théâtre est un engagement. «Pas politique, précise-t-il, c’est le lieu où on met en exergue les qualités et les médiocrités humaines». Pour lui, l’histoire n’est pas une perpétuelle répétition, «mais une ligne continue, droite. Pour qu’une chose recommence il faudrait qu’elle s’arrête. Et les événements tragiques n’ont jamais cessé à travers le monde et les âges». Une bête sur la lune est, de ce point de vue là, d’actualité. «Ce qui m’a séduit en elle c’est la simplicité, la justesse des mots, l’authenticité du texte. Pas de mélo ou de lourdeur». Et de constater : «On déguise le mensonge en complexité». Pour Simon Abkarian, «le théâtre est, à l’instar d’un repas de fête, le seul endroit où on peut encore communiquer». Il dit faire du théâtre pour divertir le public et non pas dans une perspective carriériste. De son vrai métier, chausseur Le théâtre c’est tout un art de vivre, dit l’acteur. «C’est mon bonus, ma villa», affirme-t-il. «Je suis prêt à arrêter tous les jours». Refusant toute concession, il dit avoir «trop de respect» pour lui-même pour accepter de faire n’importe quoi. «On m’a appris à faire les choses avec une certaine tenue intérieure». Et il lance mi-provocateur, mi-sérieux : «Mon vrai métier c’est chausseur. Comme tous les Arméniens». Avant d’ajouter : «On peut tout faire pourvu qu’on ait les dispositions. Le talent sans travail est une très mauvaise habitude». Puis il précise que «le talent n’était dans l’Antiquité qu’une monnaie d’échange, une somme d’argent». Simon Abkarian campe un monsieur Tomassian criant de vérité. Sous un machisme à la limite de la goujaterie, il cache une pudeur émouvante. «Je fais d’abord un important travail sur moi-même. Pas dans le but de commander une réaction chez le public qui doit avoir le choix de pleurer, de rire, de penser…mais pour essayer de chercher toutes les nuances du rôle. Et c’est souvent un travail que je mène avec les autres acteurs». Le Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine Après une expérience à Los Angeles sous la direction de Gerald Papazian, Simon Abkarian entre au Théâtre du Soleil dirigé par Ariane Mnouchkine. Huit années au cours desquelles il apprend «à gérer la vie en communauté et le travail d’acteur». En tout cinq pièces, «des tragédies grecques» et un film, La nuit miraculeuse. Puis il travaille avec Paul Golub pour Le songe d’une nuit d’été. Il s’intéresse également à la mise en scène avec une adaptation de Peine d’amour perdue, de Shakespeare, à la Cartoucherie de Vincennes à Paris. «J’ai choisi une pièce qui parle des hommes et des femmes, des rapports qu’ils entretiennent. J’ai monté un théâtre que j’ai envie de voir», souligne-t-il. Simon Abkarian estime que le théâtre lui a permis de reconnaître «l’artisan qui travaille avec autre chose que simplement ses doigts. Ce n’est pas du talent. C’est une grâce qu’on ne peut rencontrer tout le temps, mais qu’on recherche toujours».
Né à Paris de parents arméniens, Simon Abkarian passe son enfance à Beyrouth qu’il quitte en 1977 pour se réinstaller en France. En 1993, il revient pour la première fois au Liban, «alors que le centre-ville avait encore son décor lunaire». Aujourd’hui, il est à Beyrouth pour présenter Une bête sur la lune. «Cela me fait du bien de revenir au Liban», affirme-t-il. «Il y a une...