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Actualités - ANALYSE

Le vrai test se passera sur le terrain Les arguments du pouvoir à l'épreuve de l'expérience

Et quoi maintenant ? Jezzine un problème qui finit, ou qui commence ? Pendant des années, l’on s’est demandé quand le retrait allait avoir lieu. Tout le monde a eu le temps nécessaire pour se préparer. Du côté de l’État libanais, les solutions auraient dû être fin prêtes pour la suite. Mais à l’heure H, c’est à l’improvisation que l’on recourt. Si gouverner c’est prévoir, alors on n’est pas gouverné. Tentant de justifier tant bien que mal le refus d’une mainmise incontestée sur la région libérée, un officiel en rejette naturellement la faute sur Israël. À l’en croire, «l’ennemi parie sur des troubles pour prouver que l’instabilité n’était pas due à l’occupation mais à l’incurie des autorités locales. Du même coup des incidents dans une région libérée démontreraient qu’Israël a bien raison d’exiger des dispositions de sécurité avant de se retirer complètement du Sud et de la Békaa-Ouest. S’il quitte Jezzine sans réclamer les mêmes conditions, c’est parce qu’elle n’est pas incluse dans la bande frontalière ni soumise à la 425 ayant été envahie en 1982 et non en 1978. Israël veut que l’armée se déploie dans la région qu’il laisse pour créer un précédent et obtenir la même prise en charge à chaque retrait partiel ultérieur. Ce qui reviendrait à forcer nos troupes à s’enclaver ou à cohabiter dans certaines zones avec l’occupant. Du même coup, il étranglerait progressivement la résistance active. Nous refusons un tel piège et c’est pourquoi nous ne voulons pas envoyer l’armée à Jezzine». Les Israéliens et leurs auxiliaires ne risquent-ils pas alors de provoquer à Jezzine des incidents dépassant les capacités d’absorption des FSI pour forcer la main au pouvoir libanais et l’obliger à utiliser l’armée ? «Nous avons pris, répond cet officiel, toutes nos précautions. Toutes les parties sont convenues de veiller à ce que le calme règne après le retrait. Les services qualifiés surveilleront la situation de près, en coordination avec la population et avec le Hezbollah. Nous sommes convaincus que l’entente et la paix civile prévaudront, particulièrement grâce à la coopération du Hezbollah». L’aveu donc que ce parti détient tous les atouts. Il a donné des assurances à la population, qui les attendait en fait de l’État. Et il a donné des garanties au pouvoir, du moins si l’on en croit l’officiel cité. C’est donc en principe du Hezbollah que dépendra la suite. Ainsi le pouvoir local mise sur la bonne volonté de la formation intégriste, à laquelle il concède manifestement la primauté, plutôt que sur le règne de la loi par le biais d’un instrument capable de l’imposer. Nouvelle justification de la même source : «Il serait inutile de tenter de contrôler une région où éclateraient des conflits confessionnels et partisans. Même l’armée n’y parviendrait sans doute pas car quand la haine explose, elle devient irrépressible. C’est pourquoi il vaut mieux miser sur la bonne volonté, les bonnes dispositions de tous et sur l’entente». Une logique «propre évidemment aux conditions particulières qui règnent à Jezzine», se hâte de préciser le responsable, par peur qu’on lui fasse valoir que l’existence de forces de sécurité deviendrait alors parfaitement inutile. Donc, à Jezzine, l’État parie en quelque sorte sur le gandhisme des Libanais. Espérons pour ces derniers et pour l’aura du Mahatma qu’il n’y a pas erreur de scénario.
Et quoi maintenant ? Jezzine un problème qui finit, ou qui commence ? Pendant des années, l’on s’est demandé quand le retrait allait avoir lieu. Tout le monde a eu le temps nécessaire pour se préparer. Du côté de l’État libanais, les solutions auraient dû être fin prêtes pour la suite. Mais à l’heure H, c’est à l’improvisation que l’on recourt. Si gouverner c’est...