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Actualités - REPORTAGES

Correspondance Au Japon, les paniers en bambou se font sculptures pour le rituel du thé (photo)

En art, la matière la plus simple et la plus humble peut atteindre la grandeur et la noblesse des créations classées chefs-d’œuvre. Il en est ainsi du bambou que les Japonais travaillent avec immensément de talent et d’inspiration. Ils en ont fait des paniers qui sont considérés comme des objets d’art vu leur grande beauté et leur sophistication. On a pu admirer cette production lors d’une exposition qui se tient actuellement à New York, à la Asia Society, et qui s’intitule «Les paniers japonais de la collection Llyod Cotsen». Llyod Cotsen, ancien PDG de la firme de cosmétique Neutrogena, a eu, durant quarante ans, une histoire d’amour avec les paniers japonais. Il en a acquis un millier. De cette collection, la plus importante du genre, on a sélectionné cent modèles (datés du 19e siècle jusqu’à nos jours), représentatifs de ce savoir-faire de par leur portée historique et la finesse du travail. Traditionnellement, les Japonais n’ont pas tracé de ligne distincte entre l’art et l’artisanat, et ces paniers, à la fois fonctionnels et plein d’attraits, brouillent la distinction entre récipient et sculpture. La plupart des paniers exposés étaient originellement conçus pour les arrangements de fleurs destinés à la cérémonie du thé. À noter que les arrangement floraux et la cérémonie du thé sont tous deux porteurs d’un symbolique esthétique et philosophique dans la culture japonaise. Dans les années 50, les artisans du bambou ont commencé à privilégier l’expression de leur talent, pensant davantage à l’aspect formel de l’objet qu’à son utilité. Llyod Costen considère les paniers en bambou comme de «réelles sculptures et comme le créneau d’une longue tradition culturelle qui réalise un équilibre harmonieux entre le visuel et le viscéral». Il explique sa fascination pour ces accessoires «par l’équilibre des forces qu’ils dégagent :cohésion et chaos, structuration et spontanéité et, somme toute , simplicité et complexité». Sa sélection comprend notamment un panier sphérique d’une délicatesse à couper le souffle, datant du 19e siècle. Finement tressé, il rappelle une lanterne japonaise. Un autre est fait d’un seul morceau de bambou savamment enroulé. Ailleurs, ce sont des entrelacs, des tissages, des tressages et moult autres textures. Une technique qui exploite à fond la flexibilité du bambou, au point de faire oublier qu’on a affaire à ce matériau. Pour arriver à ces résultats spectaculaires, les artisans utilisent plusieurs techniques qui ont donné ainsi naissance à plusieurs styles. La ligne Hayakawa (du nom de son créateur) est la plus appréciée. Elle consiste à polir la surface des bandes de bambou avec un couteau aiguisé puis à les enduire d’une teinture extraite du bois des pruniers. Cette méthode permet d’obtenir des surfaces égalisées et subtilement lustrées. Une longue période de formation est nécessaire (dix ans, selon un proverbe japonais), pour arriver à maîtriser les différentes phases de l’exécution : la préparation préliminaire du bambou, son laminage, son découpage, son polissage et son tissage. Des procédés qui demandent autant de patience que de dextérité. Traditionnellement, ce métier subtil était l’apanage des hommes. Aujourd’hui, les femmes sont en train de s’engager dans cette voie. Les artisans contemporains, conscients du changement conceptuel de leur spécialité, se lancent à corps perdu dans une expérimentation hors des sentiers conventionnels. Leur nouveau vocabulaire formel coexiste harmonieusement avec la tradition, la chaleur et la flexibilité originelles de la matière et le désir de continuer à enrichir esthétiquement leur environnement.
En art, la matière la plus simple et la plus humble peut atteindre la grandeur et la noblesse des créations classées chefs-d’œuvre. Il en est ainsi du bambou que les Japonais travaillent avec immensément de talent et d’inspiration. Ils en ont fait des paniers qui sont considérés comme des objets d’art vu leur grande beauté et leur sophistication. On a pu admirer cette...