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Actualités - REPORTAGES

Le guide des métiers - Silence ! On tourne Dans l'audiovisuel place aux jeunes (photos)

De la scène au cinéma, de l’écriture d’un scénario à la réalisation d’un film, du montage à l’élaboration d’une bande son. De l’art à la publicité. Tout est inscrit dans le cursus des études universitaires des métiers de la scène et de l’audiovisuel (Voir «L’Orient-Le Jour» des 15, 17, 25, 27 et 31 mai et du 1er juin). Mais celles-ci sont encore jeunes et la promotion la plus ancienne n’a que 7 ans, qu’elle soit issue de l’Alba ou de l’USJ. La théorie et la pratique sont en effet enseignées à différentes doses selon les universités. Une faculté peut favoriser une branche donnée ou une direction bien déterminée, mais les études n’en restent pas moins générales, au niveau de toutes les universités au Liban. Les étudiants reçoivent donc un enseignement global et touchent à tout, mais sans toutefois avoir la possibilité de se spécialiser dans une branche précise, si ce n’est dans l’élaboration de leur projet de diplôme. Car il n’existe pas encore dans le pays de spécialisation relative aux études scéniques et audiovisuelles, à part une maîtrise délivrée par l’USJ qui forme les étudiants au travail sur pellicules de 16 mm et à laquelle prennent part les diplômés issus des différentes universités, après une formation sur Vidéo Betacam. Ce n’est donc que sur le marché du travail que l’étudiant aura la possibilité d’approfondir et d’exercer dans le créneau qui l’attire réellement. C’est à ce moment que les étudiants se rendent compte, souvent à leurs dépens, que la pratique leur manque. Ils ont certes survolé en faculté toutes les étapes ou facettes du métier, mais ce survol nécessite une application qui n’est jamais assez pratiquée à l’université, même si l’étudiant a préparé durant ses études maints projets de films, documentaires ou autres. Ainsi, Alain Sauma, jeune réalisateur free-lance issu de l’Alba, qui s’est déjà distingué dans la réalisation de films publicitaires, conseille-t-il à tous les étudiants de l’audiovisuel de compléter leurs études universitaires par des stages, et de pratiquer un maximum de petits boulots sur les plateaux de tournage afin de se familiariser avec les rouages du métier et d’avoir des chances d’évoluer. Des débouchés certains Quant au chômage, il n’y en a point, du moins pas pour le moment. «Le marché semble absorber tous nos étudiants», remarque Aimée Boulos, directrice de l’Iesav (Institut des études scéniques et audiovisuelles de l’USJ). Et les débouchés sont multiples car les métiers de l’audiovisuel sont polyvalents. En effet, les chaînes de télévision, les maisons de production, principalement dans la publicité ou dans la réalisation de documentaires, procurent du travail aux jeunes débutants. Ceux-ci démarrent donc sur les plateaux de tournage ou sur les planches de théâtre, dans l’un des multiples métiers possibles, dans l’éclairage, le son, le casting, l’assistance à la réalisation, et bien d’autres. Mais il est important de commencer par le bas de l’échelle et de toucher à tout, surtout si le but recherché est la réalisation. «Je suis agréablement surprise par les emplois que quelques-uns de mes étudiants ont trouvés, avoue Aimée Boulos. En effet, certains d’entre eux ont été embauchés par des firmes pour exécuter des films de présentation de produits industriels ou commerciaux, ainsi que des présentations de projets immobiliers.» Et les salaires, s’ils ne sont pas faramineux au début, comme tout salaire de débutants, n’en sont pas moins honorables, un assistant à la production pouvant atteindre un salaire de 500 à 600 dollars par mois, sans compter les extra qu’il reçoit les jours de tournage. Cependant, les métiers de la scène et de l’audiovisuel «ne sont pas de tout repos et comportent d’énormes contraintes», avertit Aimée Boulos. Des carrières exigeantes Le but d’un réalisateur est de divertir un public cultivé et averti, ou d’atteindre sa cible dans les messages publicitaires. «Mais c’est un métier où il est en évaluation constante, où il n’a pas droit à l’erreur, où un flop peut ruiner sa carrière, car le public est un juge impitoyable», ajoute-t-elle. De plus, ce métier nécessite une mobilité et une disponibilité effectives. Car un tournage ne connaît pas d’heures limites ni de week-ends. C’est pourquoi les jeunes débutants risquent de se faire exploiter au début de leur vie professionnelle car on leur demande souvent d’effectuer des tâches qui n’ont rien à voir avec leur profession. «J’ai dû balayer des plateaux au début de ma carrière, lance Alain Sauma, mais j’ai appris énormément de choses dans tous les petits boulots que j’ai effectués». Quant au free-lance, vu l’incertitude dans laquelle il se trouve constamment, il se doit d’être agressif pour parvenir à se lancer, à se faire connaître. «La nationalité libanaise est dure à assumer au Liban, regrette Alain Sauma, car ici on préfère faire appel à des réalisateurs étrangers, et peu d’agences de publicité ou de producteurs acceptent de donner sa chance à un jeune réalisateur libanais. En revanche, il nous arrive d’être sollicités de l’étranger, en tant que Libanais», ajoute-t-il. «Cependant, quand on aime ce métier, on en oublie les contraintes», avoue Alain Sauma. Et celui-ci devient gratifiant aussi bien au niveau de l’audiovisuel que du théâtre, spécialement lorsque le réalisateur crée une œuvre, l’achève et en est satisfait. «C’est un métier qui a un côté verni, qui flatte l’ego de celui qui l’exerce», ajoute Aimée Boulos. Métier qui ne connaît pas la monotonie d’un travail de bureau, car les gens du métier évoluent dans un milieu artistique et culturel où ils voyagent beaucoup et rencontrent des personnalités intéressantes. De plus, le travail y est créatif, amusant et ignore la routine. Et quand on a fait ses preuves, on monte vite et on est bien payé. Très bien payé même, puisque la journée d’un réalisateur convoité peut atteindre 4 000 dollars. Des conseils pour un bon départ Un métier comme la réalisation nécessite beaucoup de curiosité, tant pratique qu’intellectuelle. L’étudiant doit certes posséder un bagage culturel très large et avoir le désir constant d’apprendre, de lire, d’observer, mais cette culture générale ne suffit pas sans l’existence d’une imagination fertile, d’une émotion et d’un sens artistique très poussé. Le futur réalisateur devra savoir communiquer, car le côté relationnel est primordial dans le métier, tant au niveau de l’équipe de travail qu’au niveau des relations publiques. Métier qui exige aussi une grande discipline de vie, car il faut savoir gérer son temps. Si le pays a réellement besoin de cadres qualifiés dans les métiers de l’audiovisuel, tels que des directeurs de photo ou des scénaristes, c’est que la plupart des professionnels qui ont brillé dans leurs œuvres ont émigré car rien ne les protégeait au Liban, ni n’encourageait leurs créations. La législation protège aujourd’hui les droits d’auteur, mais cela ne suffit pas. Une politique de soutien à l’art est indispensable. Par son encouragement aux créations locales, elle donnerait du tonus aux artistes et techniciens des métiers de la scène et de l’audiovisuel, encouragerait leur fibre créatrice et les ancrerait certainement dans le pays. Ne sont-ils pas le patrimoine culturel du Liban?
De la scène au cinéma, de l’écriture d’un scénario à la réalisation d’un film, du montage à l’élaboration d’une bande son. De l’art à la publicité. Tout est inscrit dans le cursus des études universitaires des métiers de la scène et de l’audiovisuel (Voir «L’Orient-Le Jour» des 15, 17, 25, 27 et 31 mai et du 1er juin). Mais celles-ci sont encore jeunes et la...