Jezzine - Première visite d'un dirigeant libanais depuis 1982 Hoss : l'Etat se mobilise pour évaluer les besoins de la région

Le chef du gouvernement Sélim Hoss a effectué hier la première visite d’un dirigeant libanais à Jezzine depuis 1982, au lendemain du retrait de l’Armée du Liban-Sud de cette ville. Cette visite constitue évidemment un événement historique en soi. Mais au-delà de la joie des retrouvailles entre Jezzine et le reste du Liban, de la liesse d’une population manifestée par autant de poignées de riz lancée sur M. Hoss, il y a une initiative officielle qui mérite d’être prise en compte. De fait, à voir les directives immédiates données en haut lieu en vue de réhabiliter l’infrastructure et les services dans la région, il semble bien que les autorités soient conscientes du fait que seule une relance de l’activité économique est susceptible de ramener effectivement Jezzine dans le giron de la légalité. Sur le plan sécuritaire toutefois, le chef du gouvernement n’envisage pas de mesures exceptionnelles. Il a ainsi indiqué, lors de sa tournée à Jezzine, que les Forces de sécurité intérieure seront «envoyées en fonction des besoins», rejetant donc implicitement les demandes des notables de la ville d’un déploiement de la troupe à Jezzine ou d’un renforcement significatif de la présence des gendarmes. Rappelons que jeudi déjà, le vice-président du Conseil Michel Murr avait affirmé que «les FSI ont des postes dans toute la région et ont l’ordre d’accomplir leur tâche sans recourir à une quelconque mesure exceptionnelle». Le déroulement de la visite En revanche, l’État s’est mobilisé «pour évaluer les besoins de la région», ainsi que l’a indiqué le chef du gouvernement lors de sa visite d’une heure à Jezzine contrôlée durant quatorze ans par l’ALS. Le ministre du Travail Michel Moussa et des responsables de divers organismes de développement (CDR, Haut-comité de secours et Conseil du Sud) ont ainsi entamé dès hier leurs activités. Le Premier ministre a quitté Beyrouth à 8h du matin sous forte escorte des services de sécurité. Première étape : Roum, où l’ont notamment accueilli le député Sleiman Kanaan, le métropolite de Saïda et de Tyr, Mgr Élias Kfoury, le mohafez Fayçal Sayegh et le secrétaire général du Haut-comité de secours, le brigadier Yahya Raad, ainsi qu’une foule d’habitants de la région. Sur la place de Jezzine, où il est arrivé à 9h30, M. Hoss a prononcé une allocution dans laquelle il s’est félicité du retour de la région à la légalité. Il a en outre indiqué que des représentants du CDR, du Haut-comité de secours et du Conseil du Sud l’accompagnaient, avec pour mission d’évaluer les besoins de Jezzine. Après un mot de bienvenue prononcé par l’ancien député Edmond Rizk, le chef du gouvernement s’est rendu au siège du caza de Jezzine où il a tenu une réunion à laquelle ont notamment participé M. Michel Moussa, les députés Ali el-Khalil et Sleimane Kanaan, le mohafez Fayçal Sayegh et le caïmacam de Jezzine p.i. Nabih Hammoud, ainsi que les représentants des organismes de développement. À M. Sayegh, qui a exposé à cette occasion les besoins de la région, le chef du gouvernement a répondu : «Jezzine fait désormais partie des régions libérées et sera donc traitée comme toutes les autres régions libanaises». Concrètement, M. Hoss a précisé que le mohafez coordonnera l’action de développement entre les différents services de l’État, avec l’aide du caïmacam. «Dans une première étape, ce sont essentiellement le Haut-comité de secours, le Conseil du Sud et le CDR qui seront impliqués dans le processus de développement de la région», a-t-il ajouté. Puis, le Premier ministre s’est rendu au siège du nouveau sérail de Jezzine en construction, situé sur la colline de Rouayssé face à la position de Kfarhouna demeurée sous contrôle de l’ALS. M. Hoss a quitté Jezzine à 10h30, téléphonant de sa voiture au président Émile Lahoud pour l’informer des résultats de sa tournée. Il a notamment indiqué au chef de l’État qu’il avait laissé à Jezzine le mohafez du Sud, le vice-président du CDR, le vice-président et le directeur du Conseil du Sud ainsi que le secrétaire général du Haut-comité de secours, avec pour mission d’évaluer en détail les besoins de la région. «Ceux-ci nécessitent des études et des crédits considérables», a précisé M. Hoss au président de la République.