Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

Santé - Journée mondiale de lutte contre le tabagisme Au Liban, un gros effort reste à faire

Aux États-Unis, des procès sont intentés à des fabriquants de tabac et de cigarettes, et il est interdit de fumer dans tous les lieux publics. La journée mondiale antitabac, célébrée aujourd’hui, lundi 31 mai, devrait atteindre un vaste public au Liban, notamment les adolescents. Une campagne d’éveil a d’ailleurs déjà été lancée. Il faut bien préciser que rien ne prédispose, au niveau somatique, à éprouver le besoin de la victoire. Il reste que la cigarette est la drogue la plus utilisée mondialement. Une lutte antitabac sérieuse devrait être mise en place pour protéger la santé publique. Cette lutte doit promouvoir des moyens simples et efficaces et impliquer la collaboration de professionnels, d’enseignants, de médecins et enfin de l’État. Une équipe germano-américaine a mis récemment en évidence des substances cancérigènes trouvées dans les premières urines de 24 bébés nés de mères fumeuses. Ces médecins ignorent encore l’incidence à long terme de ces substances cancérigènes chez les enfants. Toutefois, il est confirmé que les femmes qui fument en période de grossesse retardent la croissance de leurs bébés, lesquels, dans la plupart des cas, naissent fragiles. Le Dr Mirna Waked Sbeih, pneumologue à l’hôpital St-Georges de Beyrouth, a confié à L’Orient-Le Jour que si un tabagique consent d’arrêter de fumer, il lui faut 12 à 13 ans d’arrêt pour rejoindre le seuil des risques de cancers bronchopulmonaires chez les non-fumeurs. Et d’ajouter : «Plus on commence tôt, plus les risques augmentent». Le fumeur, donc, est souvent en assez mauvais état pulmonaire. Une autre pathologie assez grave, et dont les complications sont très sérieuses, est la bronchite chronique obstructive. «Cette maladie, complètement liée à la cigarette et qui est la cinquième cause de mortalité en France, est redoutable», explique le Dr Mirna Sbeih. «Cette bronchite aiguë, précise-t-elle, conduit en quelques années à la dyspnée ou, en d’autres termes, à une insuffisance respiratoire. Ce manque d’oxygène transforme la vie d’un malade en calvaire et à terme, empêche toute activité physique. C’est être handicapé sans vraiment l’être», souligne le Dr Sbeih. Et de conclure : «Le cancer bronchopulmonaire, associé directement au tabac, va devenir un problème de santé majeur dans les pays en voie de développement, surtout chez les fumeuses qui sont en augmentation constante par rapport à la proportion de fumeurs qui décroît chez les hommes». En outre, sur le plan de la nocivité du tabac, il convient de tenir compte de trois facteurs cancérigènes présents dans la cigarette : la nicotine, qui crée l’accoutumance ; le goudron (le papier qui enveloppe la cigarette) ; et la chaleur (émise par l’effet du contact avec les lèvres). Les spécialistes déclarent qu’au niveau buccal, et sous l’effet de la chaleur de la cigarette, la muqueuse des lèvres s’endurcit. Jour après jour, elle se transforme en leucoplasie qui, secondée par les effets toxiques de la nicotine et du goudron, dégénère en cancer. Arrivée au larynx, la nicotine transforme la muqueuse ciliée et sécrétoire de l’appareil respiratoire en une muqueuse métaplasique cutanée. Avec le temps, cette métaplasie peut entraîner une dyskératose (dérèglement des cellules), qui, à son tour, se transforme en leucoplasie, pour aboutir enfin aux lésions précancéreuses. Il est nécessaire de signaler que 50 % des fumeurs, à un moment donné de leur vie, rencontrent une leucoplasie, qui peut se situer au niveau des gencives, de la langue, du système respiratoire, en particulier des cordes vocales. La genèse d’autres cancers est également favorisée par le tabac : cancer de la vessie, cancer de la langue (ses victimes sont le plus souvent les fumeurs de pipe ou de cigare), cancer des reins, du col de l’utérus et du pancréas. D’autres pathologies encore plus graves La nocivité du tabac ne s’inscrit pas seulement dans le cadre des maladies cancéreuses. Elle joue un rôle important et prédominant dans l’apparition d’accidents vasculaires, causés par un arrêt de la circulation sanguine et qui touche plusieurs endroits de l’organisme. Le plus connu de ces accidents est l’infarctus du myocarde, qui est quatre fois plus fréquent chez les fumeurs. Et pour cause : le tabac fait baisser le bon cholestérol. Le mauvais cholestérol, présent dans le sang, est responsable du dépôt, à l’intérieur des artères, d’une espèce de tartre, l’athérome, qui diminue le diamètre interne de l’artère et ralentit ainsi le courant sanguin. D’autre part, il y a épaississement et induration de la paroi artérielle. Ce double processus, qu’on nomme artériosclérose, a pour résultat de perturber la circulation sanguine. Et quand cet athérome, emporté par un torrent circulatoire, bouche une artère de petit ou de moyen calibre, c’est le fameux infarctus du myocarde. L’opinion publique comme les autorités prennent de plus en plus conscience des risques du tabac. Pour cesser de fumer, plusieurs critères doivent être pris en considération : l’âge de la personne, son sexe, son état de santé et le degré de son intoxication au tabac. Aussi, mieux vaut se faire aider sur le plan médical, diététique et psychologique. Il faut recourir aux aides des médecins qui doivent savoir adapter chaque méthode de sevrage tabagique aux besoins psychosomatiques du fumeur (patch cutané, chewing-gum, spray nasal, changement des horaires de prise de cigarettes). Quant aux hôpitaux, ils doivent garantir des services de sevrage, seconder et suivre le malade dans sa cure de désintoxication. De son côté, l’activité physique a des effets bénéfiques sur l’abandon du tabagisme. Dès qu’on se dépense physiquement, la consommation de tabac diminue. Le sport présente aussi un avantage supplémentaire : il permet de limiter la prise de poids qui accompagne souvent l’arrêt du tabac. Une régression de la prévalence tabagique ne peut donc être réalisée que si chaque fumeur écoute son corps et trouve les raisons qui le poussaient à ce «suicide involontaire». Un fumeur doit finir par adopter une qualité de vie qui lui convient personnellement et trouver la force d’arrêter de fumer sans risque de rechute. Le risque de cancer, en période de réhabilitation, ne diminue pas automatiquement. Par contre, les risques des autres pathologies graves, comme l’infarctus, le manque d’oxygénation et l’artériosclérose, peuvent rejoindre en quelques années le risque enregistré sur ce plan chez les non-fumeurs.
Aux États-Unis, des procès sont intentés à des fabriquants de tabac et de cigarettes, et il est interdit de fumer dans tous les lieux publics. La journée mondiale antitabac, célébrée aujourd’hui, lundi 31 mai, devrait atteindre un vaste public au Liban, notamment les adolescents. Une campagne d’éveil a d’ailleurs déjà été lancée. Il faut bien préciser que rien ne...