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Actualités - CHRONOLOGIE

Des dossiers disparus ont été retrouvés chez le procureur financier Hammoud accuse et Addoum contre-attaque

Alors que les déclarations officielles promettant de renforcer l’indépendance de la magistrature se multiplient, une curieuse affaire a secoué hier le palais de justice, laissant éclater au grand jour les dissensions internes au sein de la magistrature. Au cœur du «drame», l’avocat général financier Khaled Hammoud en charge des principaux dossiers de corruption et dilapidation de fonds publics et qui s’est vu brusquement dessaisi de ces dossiers depuis la nomination du nouveau procureur financier Khalil Rahal. Contesté par certains juges qui critiquent sa tendance à médiatiser la moindre de ses initiatives, Hammoud s’est plaint mardi de la disparition de certains dossiers. Selon lui, des inconnus seraient entrés dans son bureau par effraction et auraient pris le dossier sur le ministère de la Santé… qui aurait été retrouvé, toujours selon lui, au bureau du procureur financier, Khalil Rahal. La nouvelle ayant été publiée par certains quotidiens, mercredi, le parquet a aussitôt entrepris de mener une enquête. Le service d’anthropométrie ainsi que le procureur de Beyrouth Abdallah Bitar se sont rendus tôt dans la matinée d’hier au bureau de Hammoud et ont pris des empreintes et des photos pour vérifier s’il y a bien eu effraction. Bitar a ensuite recueilli la déposition de Hammoud, en présence des avocats généraux Jamal Hélou et Samir Hammoud. L’avocat général financier a réitéré l’accusation d’effraction, alors qu’après s’être entretenu avec les enquêteurs, le procureur général Adnane Addoum a catégoriquement nié l’existence d’un tel crime, ajoutant qu’aucun dossier n’avait disparu et que, de toute façon, les investigations se poursuivent. Elles montreront, selon lui, que les allégations faisant état d’effraction au bureau de Hammoud sont mensongères. Comment, dans ce cas, le dossier du ministère de la Santé a-t-il pu se retrouver chez le procureur Rahal ? Addoum précise que les dossiers sont en général gardés au greffe et, selon lui, le procureur financier a demandé au greffier de lui remettre celui du ministère de la Santé et du bureau du médicament. Interrogé, le greffier a déclaré qu’il a effectivement remis le dossier à M. Rahal, après avoir informé Hammoud de cette démarche. Mais l’avocat général financier n’en démord pas. Il dénonce les méthodes utilisées par M. Rahal, précisant qu’il pouvait simplement lui demander de lui remettre le dossier au lieu de s’en emparer par des moyens détournés. Pourtant, certaines sources judiciaires affirment que la première décision du juge Rahal lorsqu’il a pris ses nouvelles fonctions, vendredi dernier, a été de reprendre tous les dossiers en cours, afin de procéder à leur redistribution. Il aurait été pourtant surpris par la décision de Khaled Hammoud d’arrêter le président du bureau du médicament, Kassem Hamadé, au bout d’un interrogatoire de 90 minutes, comme si l’avocat général financier voulait placer son supérieur devant le fait accompli. Depuis, toujours selon ces sources, Hammoud refusait de se dessaisir du dossier. En attendant l’issue de l’enquête, l’atmosphère était survoltée hier au palais de justice. Certes, les conflits entre magistrats sont chose courante, mais qu’ils éclatent au grand jour, de cette façon, au point qu’un juge accuse un autre d’utiliser des procédés illégaux, cela ne peut que choquer l’ensemble de la magistrature et ternir son image, alors que le peuple attend d’elle qu’elle fasse régner l’État de droit. C’est dans ce climat de malaise que le procureur Addoum s’est rendu hier au palais de Baabda pour un entretien avec le chef de l’État, Émile Lahoud. Pendant ce temps, Khaled Hammoud s’est plaint devant le président du Conseil supérieur de la magistrature Mounir Honein des pressions qu’exercerait sur lui le président de l’Inspection judiciaire Walid Ghomra qui enquête depuis quelques jours sur la divulgation d’informations sur les dossiers en cours à la presse. Il a déjà convoqué à plusieurs reprises Hammoud dans ce but. Ce dernier a affirmé à M. Honein que ces convocations ne visaient qu’à entraver son action et il aurait fait état de menaces qui lui auraient été adressées depuis l’ouverture de l’enquête sur les résidus pétroliers. Il a aussi présenté une copie de sa plainte au ministre de la Justice, Joseph Chaoul… Cette triste affaire risque donc de connaître de nouveaux rebondissements, mais ce qui est sûr, c’est qu’elle est bien plus choquante que les dossiers sur lesquels planche ou planchait M. Hammoud.
Alors que les déclarations officielles promettant de renforcer l’indépendance de la magistrature se multiplient, une curieuse affaire a secoué hier le palais de justice, laissant éclater au grand jour les dissensions internes au sein de la magistrature. Au cœur du «drame», l’avocat général financier Khaled Hammoud en charge des principaux dossiers de corruption et...