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Actualités - CHRONOLOGIE

Turquie - Le Premier Ministre nommé envisage une coalition tripartite Ecevit face à la crise du foulard islamique

Le Premier ministre sortant Bulent Ecevit, fervent partisan de l’État laïc et nationaliste de gauche, a été chargé lundi de former le nouveau gouvernement turc, en pleine crise sur le port du foulard islamique au Parlement. Bulent Ecevit, 74 ans, vainqueur des législatives du 18 avril, a indiqué devant la presse après sa nomination par le président Suleyman Demirel qu’il comptait former une coalition de trois partis, sans préciser lesquels. Il entamera ses consultations avec le chef de la formation ayant obtenu le plus de sièges au Parlement après la sienne, le parti d’extrême droite MHP. Le parti de la Gauche démocratique (DSP) de M. Ecevit a remporté 136 sièges sur 550 aux législatives, suivi par le MHP, le parti des l’Action nationaliste de Devlet Bahceli, qui a fait un retour surprise triomphal au Parlement en remportant 129 sièges. Selon le scénario le plus fréquemment évoqué par les analystes, M. Ecevit pourrait former une coalition regroupant son parti, le MHP, et le parti de la Mère patrie (ANAP, droite) de l’ex-Premier ministre Mesut Yilmaz (86 sièges). Mais la question de la composition de la future coalition était éclipsée lundi par la crise du foulard, provoquée par une députée du parti islamiste de la Vertu (Fazilet), Merve Kavakci, qui s’est présentée à la session inaugurale du Parlement dimanche en portant le foulard islamique. Porté par de nombreuses Turques, le foulard est cependant strictement interdit dans les écoles, les universités et la fonction publique. Car les milieux prolaïcs et l’armée y voient le symbole d’un islam politique qui menace le fondement laïc de l’État créé par Mustafa Kemal Ataturk. M. Ecevit a évoqué la crise sitôt désigné Premier ministre pour souligner : «Je crois que nous arriverons à surmonter ce problème grâce à notre compréhension de la laïcité qui respecte la croyance des gens». Il a prévenu que lors des négociations de coalition, «nous ne ferons pas de concessions sur les principes qui forment les caractères de base de l’État, en premier lieu le caractère laïc et démocratique de la République». La veille, le Premier ministre était sorti de ses gonds pour lancer en pleine Assemblée à l’adresse de Mme Kavakci que «le Parlement n’est pas le lieu pour défier les règles de l’État». Le président Demirel avait enchaîné en accusant la députée de «provocation». Il n’existe pas de règle explicite sur l’interdiction du port du foulard au Parlement, une brèche dans laquelle s’est engouffré le Fazilet. Mais lundi, la Cour de sûreté de l’État d’Ankara a ouvert une enquête contre Mme Kavakci pour «incitation à la haine raciale et religieuse», en vertu de l’article de loi N°312. Cet article a déjà été utilisé pour des poursuites contre l’ex-Premier ministre islamiste Necmettin Erbakan, chassé du pouvoir en juin 1997 sous la pression de l’armée et interdit de politique pendant cinq ans, et contre le maire islamiste d’Istanbul Recep Tayyip Erdogan, condamné à dix mois de prison. Premier parti en siège dans le Parlement sortant, le Fazilet a été relégué à la troisième place à l’issue des législatives, avec 111 sièges. Face à la tempête déclenchée par son foulard au Parlement parmi les députés du DSP, Merve Kavakci avait quitté les lieux dimanche sans prêter serment, ce qui l’empêche d’assurer son mandat, selon la Constitution turque. L’affaire n’est donc pas réglée, et Mme Kavakci doit en principe prêter serment lors d’une séance ultérieure, maintenant le suspense sur l’attitude qu’elle adoptera dans son bras de fer.
Le Premier ministre sortant Bulent Ecevit, fervent partisan de l’État laïc et nationaliste de gauche, a été chargé lundi de former le nouveau gouvernement turc, en pleine crise sur le port du foulard islamique au Parlement. Bulent Ecevit, 74 ans, vainqueur des législatives du 18 avril, a indiqué devant la presse après sa nomination par le président Suleyman Demirel qu’il comptait...