Santé - Après le Viagra, les herbes et les suppléments nutritionnels L'art de tout tenter pour une meilleure performance sexuelle (photo)

Après le succès de Viagra, pilule contre l’impuissance créée par les laboratoires américains Pfizer, mis en vente au Liban en septembre 1998, d’autres produits ont fait leur apparition sur le marché libanais, notamment des suppléments nutritionnels et des herbes telles que la racine de la ferula hermonis ou comme l’indique l’inscription de ce produit vendu dans les pharmacies et les grandes surfaces : la racine du Zallouh, plante dit-on aphrodisiaque. Depuis la nuit des temps on raconte qu’elle a fait ses preuves chez les boucs et les chèvres. Reste à savoir quel effet elle donne sur les êtres humains… Selon le Dr Wassim Wazzan, urologue à l’hôpital de l’Université américaine de Beyrouth (AUH) «10 % des hommes dans le monde, âgés entre 30 et 70 ans, souffrent d’impuissance durant leur vie». Impuissance provisoire ou chronique due à des causes organiques ou psychologiques. Évidemment le pourcentage augmente avec l’âge, pour atteindre les 50 % à 70 ans. Le Dr Georges Assaf, urologue à l’hôpital Saint-Georges, indique pour sa part que «l’impuissance au Liban est difficile à quantifier, car il existe une très grande zone grise à ce sujet». Définissant cette incapacité masculine, il note que «la vraie impuissance c’est quand une personne ne peut pas avoir de pénétration (au cours des relations sexuelles) une fois sur deux au moins». Et d’ajouter qu’actuellement «on parle d’impuissance psychogène et organique, mais il existe toujours un facteur psychogène». Le Dr Assaf précise que «certains facteurs organiques (tabagisme, intervention chirurgicale, diabète…) peuvent provoquer une diminution de l’érection». Le problème peut être provisoire mais la personne concernée entre dans un cercle vicieux. Évoquant les causes psychogènes de l’impuissance, le Dr Wazzan met principalement en cause «l’anxiété d’avoir des relations sexuelles». Combien d’hommes souffrent-ils de ce mal au Liban ? La détermination du nombre est-elle devenue plus aisée avec l’apparition des comprimés de Viagra sur le marché ? Le Dr Wazzan souligne que «le médicament des laboratoires Pfizer a aidé beaucoup les personnes souffrant d’impuissance à sortir de leur silence». Quant au Dr Assaf, il note que «l’impuissance est relative pour chacun». Plante endémique au mont Hermon Dans toutes ses activités, l’être humain est ambitieux… Les performances sexuelles ne constituent pas, dans ce domaine, une exception. Depuis l’antiquité, les aphrodisiaques ont existé dans toutes les cultures. Actuellement, le Viagra a pavé la voie à plusieurs produits. Ce sont des publicités ou des dépêches d’agences de presse (pour la ferula hermonis) qui ont fait la notoriété de certains suppléments alimentaires. Ils se vendent comme de petits pains sans aucune ordonnance médicale. Sur les étalages des supermarchés, des boîtes de ferula hermonis (racine de Zallouh) sont disposées à côté d’autres infusions. Les droguistes, eux, vendent des quantités de la ferula hermonis à l’état pur. Le Dr Georges Tohmé, président du Conseil national pour la recherche scientifique (CNRS) et ancien doyen de l’Université libanaise (UL), indique que «la ferula hermonis (du mont Hermon) ou la ferula syriaca (férule syrienne) est une plante endémique au mont Hermon». Elle existe donc uniquement au mont Hermon et nulle part ailleurs. «Elle pousse en abondance en Syrie à proximité de Bloudane; au Liban, c’est dans une région située un peu plus haut que Rachaya qu’on peut la trouver», ajoute-t-il. Plusieurs herbes, utilisées notamment comme condiments, appartiennent à la famille des férules : les carottes, le persil, le fenouil, le cumin, l’anis. La ciguë, plante qui a tué Socrate, fait, elle aussi, partie de cette espèce. D’autres sortes de férules, tradition populaire aidant, sont considérées comme des aphrodisiaques. Le Dr Tohmé indique que «les bergers, qui vivent dans le mont Hermon, racontent par exemple que la racine de Zallouh mangée par la chèvre durant la période de rut accroît la fertilité de la femelle». Et de poursuivre que «huit sortes de férules, dont la ferula hermonis, poussent à l’état sauvage (comme la ferula cassii, l’azafetida et la sapagenum); seul un spécialiste peut les reconnaître». Trois d’entre elles sont connues depuis plusieurs centaines d’années. «C’est la racine de la ferula hermonis qui est connue pour ses valeurs aphrodisiaques par les montagnards», note le Dr Tohmé. Cependant, aucune preuve scientifique n’existe jusqu’à présent pour savoir si la racine de cette herbe aux fleurs jaunes ou blanches disposées en forme de parasol (plantes ombellifères), aide à guérir de l’impuissance. «À défaut d’être utile, elle ne peut être nocive», indique le président du CNRS. D’autres suppléments nutritionnels sont uniquement en vente dans les pharmacies. Eux aussi sans ordonnance médicale. Recherches en cours Utilisés comme traitement (une gélule trois fois par jour) ces suppléments nutritionnels, riches notamment en vitamine E, sont utilisés «pour un meilleur impact sexuel et une action spécifique et ciblée sur la libido» comme l’indique une inscription sur une boîte d’un supplément nutritionnel. On peut également en avaler trois comprimés trois heures avant la relation sexuelle. Sont-ils vraiment efficaces ? Le Dr Assaf note que «tant qu’un médicament n’a pas fait ses preuves au cours de recherches scientifiques, il ne peut être agréé comme efficace». Soulignant que l’impuissance est très mal vécue, il note que «s’il n’y a pas de mal à essayer certains suppléments nutritionnels pourquoi ne pas le faire». Et d’ajouter que «ces suppléments nutritionnels ne sont pas des placebos, ils peuvent être utilisés comme produits alternatifs qui peuvent favoriser l’érection dans certains cas d’impuissance», notamment l’impuissance psychogène. Le Dr Tohmé note, pour sa part, que «personne jusqu’à présent n’a étudié la ferula syriaca ou hermonis». Il précise cependant que «le CNRS, qui travaille en partenariat avec des chercheurs français depuis quatre ans, a ajouté aux plantes étudiées (après la médiatisation de la racine du Zallouh) la ferula hermonis». L’étude est à sa première étape. «Il faut dans un premier temps rechercher les substances qui constituent la plante et vérifier ensuite si elles ont un effet dans la guérison de certaines maladies», indique le président du CNRS. Un processus qui demande beaucoup de temps pour aboutir. En attendant, les hommes essaient les herbes et les suppléments nutritionnels, dits aphrodisiaques, disponibles sur le marché. Jusqu’à présent la vente de la racine de la ferula hermonis, en sachets ou à l’état pur, n’a pas baissé. Est-elle efficace ? Les consommateurs ne se sont pas encore plaints… Tout le monde le sait, après tout, ce genre d’affaire c’est dans la tête que ça se traite…