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Actualités - REPORTAGES

Environnement - Greenpeace et les médias pris à témoin Le Koura manifeste contre un projet de décharge sanitaire

Au Koura, un projet de décharge sanitaire conçu par le Conseil de développement et de reconstruction (CDR) risque d’échouer, après avoir suscité la colère de la population. Hier, les présidents et membres des municipalités des villages concernés au Koura ont accompagné les journalistes et le porte-parole de Greenpeace au Liban, Fouad Hamdane, sur le site où devrait être installée la future décharge sanitaire. «Ce projet date de quatre ans, et nous venons tout juste d’en avoir connaissance», déclare Farès Nassif, président de la municipalité d’Amioun (caza du Koura). Selon M. Hamdane, «la protection de plastique prévue dans la décharge ne sera pas efficace pour empêcher la contamination du sol et des eaux souterraines». Selon les plans, cette décharge devrait être située dans une vallée, au-dessus d’un des cours d’eau majeurs du pays, celui de Jaradi, qui aurait un débit de 5 millions de mètres cubes d’eau par jour, selon M. Nassif. «Cette source alimente Enfé, Chekka et Koura», précise-t-il. «Les journalistes ont constaté aujourd’hui que l’endroit de la décharge est à peine à trois cents mètres des villages alors que l’étude précisait qu’il était à trois kilomètres!», dit M. Nassif. Une source de Libanconsult, auteur de l’étude, nie avoir donné des précisions sur les distances. Comment les associations civiles du Koura ont-elles appris l’installation de la décharge ? «C’est la Banque mondiale (BM) qui finance ces projets de décharges dans le pays», explique M. Nassif. «Or la BM a exigé que le CDR demande l’approbation des parties civiles de la région avant d’entamer cette décharge. Des représentants du CDR et de Libanconsult ont tenu une réunion avec nous depuis environ un mois et demi.» De 1 dollar à 10 dollars le mètre Il poursuit : «Après avoir entendu l’exposé, nous leur avons demandé de nous soumettre les études et les plans sous peine de ne pas donner notre accord. Ils l’ont fait. Nous avons alors présenté ces études à quantité d’experts dont des professeurs d’université. Ils ont tous désapprouvé vivement le projet. Cette étude n’est pas sérieuse, et nous allons finir par réceptionner sur notre terre la moitié des ordures du Liban». Que pensent de cela les auteurs de l’étude à Libanconsult ? Une source de ce bureau déclare que Libanconsult a déjà répondu aux interrogations dans L’Orient-Le Jour du 8 janvier passé, «mais certains profitent de nos réponses techniques pour avancer des arguments non techniques». Cette source poursuit : «Il faudrait que le ministère de l’Environnement, qui a le dossier actuellement, et le CDR organisent une réunion où toutes les parties intéressées seront présentes. Elles débattront des questions techniques et autres.» « Il y a aujourd’hui un dépotoir sauvage à 300 mètres de l’endroit de la décharge», poursuit cette même source, «Je ne vois pas comment la région peut continuer sans une décharge réalisée selon des normes qui ont satisfait même la BM. » Pour sa part, M. Nassif fait état d’abus qui n’ont rien à voir avec l’écologie : «La terre sur laquelle devrait être placée la décharge a une superficie de 200 mille mètres carrés. Refus des officiels ? Le mètre carré est en principe à un dollar. Dans le cadre de l’expropriation, il a été estimé à plus de 10 dollars le mètre. Le prix de la terre s’élève alors à plus de deux millions de dollars qui doivent être payés par les municipalités, alors que celles-ci manquent d’argent». Quelles sont les démarches suivantes qui seront entreprises par les municipalités ? M. Nassif répond : «Nous avons préparé un dossier d’une centaine de pages qui contient toutes les données, et l’avons envoyé au président de la République, au Premier ministre, aux ministres et aux députés». Il poursuit : «Nous avons eu des échos favorables concernant un refus de la décharge». Et si ces instances ne leur assuraient pas l’appui nécessaire? «Nous sommes certains que la BM ne donnera pas son accord tant que nous serons contre ce projet. Nous les contactons par Internet régulièrement. D’ailleurs, un tel projet n’a aucune chance de réussir dans un tel climat de colère populaire». Interrogé par L’Orient-Le Jour, Naji Chamié, consultant auprès de la BM dans le cadre des projets de décharges sanitaires au Liban, considère que «la décision d’interrompre le projet reviendrait au CDR ou au ministère, pas à la BM qui accorde le prêt». «Mais il est certain», poursuit-il, «qu’une décharge sanitaire ne va pas être imposée aux habitants contre leur gré. Une réunion doit alors se tenir avec les présidents de municipalités afin qu’ils avancent des propositions.» En ce qui concerne les alternatives proposées, M. Nassif déclare : «Nous avons décidé, à l’issue de la réunion d’aujourd’hui (hier), de créer un comité qui aura pour objectif de faire échouer le projet de décharge sanitaire. Par la suite, un autre comité plus vaste, englobant tous les présidents des municipalités de Koura, débattra des solutions alternatives à la décharge». Quant à M. Hamdane, il a proposé encore une fois «l’établissement d’un système de tri et de recyclage pour une solution radicale au problèmes des déchets ménagers».
Au Koura, un projet de décharge sanitaire conçu par le Conseil de développement et de reconstruction (CDR) risque d’échouer, après avoir suscité la colère de la population. Hier, les présidents et membres des municipalités des villages concernés au Koura ont accompagné les journalistes et le porte-parole de Greenpeace au Liban, Fouad Hamdane, sur le site où devrait être installée...