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Actualités - OPINION

Tribune Lettre ouverte au chef de l'Etat

Si j’ose me permettre de m’adresser à vous, monsieur le président, c’est parce que vous vous êtes déclaré, au lendemain de votre élection, prêt à écouter les doléances et les plaintes des citoyens. Et c’est de plainte, justement, qu’il s’agit. Monsieur le président, Le mercredi 13 janvier 1999, le conseil des ministres a, dans le cadre du programme de réforme annoncé, mis à la disposition du Premier ministre, quatre fonctionnaires de première catégorie, dont le président du Centre de recherche et de développement pédagogiques, Mounir Abou Assali, mon époux. Je suis encore sidérée. J’attendais, monsieur le président, que vous l’honoriez pour l’œuvre remarquable qu’il a accomplie au service de l’éducation au Liban, et voilà que j’apprends par la télévision, qu’il a été limogé comme un homme indigne qui s’est mal acquitté de sa tâche ou qui a soustrait l’argent du Trésor. Il méritait, monsieur le président, d’être entendu avant d’être condamné. Le témoignage d’une épouse est certes irrecevable au regard de la loi. Mais qui plus que moi peut parler de Mounir?. Voilà trente ans que je l’ai connu, nous étions alors étudiants à la faculté de pédagogie de l’Université libanaise, et tous deux candidats aux élections estudiantines. Mounir, toujours premier de promotion, se distinguait par sa volonté tenace et son sérieux exemplaire. Animé de la fougue de la jeunesse, mais aussi de l’ardeur des sentiments nobles, il s’était déjà voué à la cause de l’Université libanaise. Servir l’Université pour servir le Liban, telle était sa devise. Les circonstances lui ont permis, par la suite, de traduire cette profession de foi en actes. Successivement directeur de la Faculté des sciences (II) et doyen fondateur de la Faculté des sciences médicales qu’il a dirigée pendant dix ans, il a su assurer à ces deux institutions une réputation des plus solides et un rayonnement académique que tous les gens de bonne foi lui reconnaissent. Aussi, a-t-il été décoré par le gouvernement français à la fin de son mandat. C’est sa réussite dans ces deux postes qui lui a valu d’être nommé président du Centre de recherche et de développement pédagogiques. Dès les premiers jours, il a réalisé l’ampleur de la responsabilité. Mais, aussi déterminé que par le passé, il voulait, une nouvelle fois, relever le défi et prouver que le secteur public pouvait être efficace et productif pour peu qu’on veuille le dynamiser. Il fallait pour cela, consentir de grands sacrifices, d’autant plus grands que l’enjeu n’était autre que les élèves du Liban, tous les élèves du Liban, les plus démunis parmi eux et les plus nantis. Monsieur le Président, Travailler de 6h30 jusqu’à une heure avancée de la nuit n’est pas un phénomène très courant dans le secteur privé et encore moins dans le secteur public, au Liban et ailleurs. Mounir l’a fait pendant des années pour offrir aux Libanais les nouveaux programmes scolaires puis les nouveaux livres dont le Liban peut s’enorgueillir. Il a porté le projet de réforme éducative dans son cœur et a su impliquer les deux secteurs public et privé pour réussir, en un temps record, une réalisation des plus ambitieuses, que les experts internationaux avaient crue utopique. Monsieur le Président, S’il est tout à fait légitime que votre gouvernement procède, comme dans toutes les démocraties, à de nouvelles nominations aux postes clés, la mise à la disposition du Premier ministre de hauts fonctionnaires de l’État, qualifiée de mesure d’assainissement de l’Administration, laisse entendre qu’ils ont manqué de compétence ou été coupables de détournement de fonds. Or la compétence professionnelle de Mounir, j’ose le croire, ne peut être mise en question. Et il se tient à la disposition de tout organisme de contrôle pour fournir la preuve de son intégrité. Monsieur le Président, Tous les citoyens ont été touchés lorsque, le jour de votre élection, vous avez voulu rendre hommage à la mémoire de votre père en signe de reconnaissance pour tout ce qu’il vous a légué. Aussi, nous comprendrez-vous, si nous tenons à offrir à nos enfants, qui ont constamment souffert de l’absence de leur père toujours accaparé par son travail, les moyens d’être fiers, qu’à défaut de biens matériels, ils auront hérité d’une réputation irréprochable. C’est au nom de notre attachement à ce bien sacré que je m’adresse à vous, en votre qualité de garant de la liberté, de la justice et de la démocratie au Liban, en espérant que vous voudrez bien donner suite à ma requête et réparer l’erreur dont nous avons été victimes. Avec mon plus profond respect.
Si j’ose me permettre de m’adresser à vous, monsieur le président, c’est parce que vous vous êtes déclaré, au lendemain de votre élection, prêt à écouter les doléances et les plaintes des citoyens. Et c’est de plainte, justement, qu’il s’agit. Monsieur le président, Le mercredi 13 janvier 1999, le conseil des ministres a, dans le cadre du programme de réforme annoncé,...