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Actualités - CHRONOLOGIE

Colombie - La séquestration constitue la septième industrie du pays La population à la merci du kidnapping et des menaces de mort

L’individu en Colombie, homme, femme ou enfant, reste soumis à l’implacable réalité de 87 morts violentes par jour, que même le processus de paix entamé avec la guérilla de gauche ne vient contredire. Jamais, en fait, les clameurs et menaces de mort n’ont été aussi fortes que ces derniers jours. «On va séquestrer les politiciens qu’il faut pour obtenir un échange avec nos prisonniers», s’est permis de menacer, face aux télévisions du pays, l’un des principaux chefs militaires des «Forces armées révolutionnaires de Colombie» (FARC, marxistes), Jorge Briceno. Au même moment, le président conservateur Andres Pastrana, qui a eu le courage de lancer ce processus de paix avec la guérilla, tentait pourtant d’affirmer que les priorités dans son agenda avec la guérilla étaient un «cessez-le-feu et l’arrêt des kidnappings». Autant dire de proposer aux Farc de s’ouvrir les veines: la séquestration pour rançon reste l’une des principales sources de rentrées avec, selon des estimations officielles, plus de 130 millions de dollars par an, probablement 4 fois plus selon des estimations. «On n’a pas d’otage, rien que des retenus économiques», a tenté d’expliquer la même guérilla. En fait, il n’y a pas une famille en Colombie, riche ou pauvre, qui n’ait connu, en son sein, un drame de la séquestration: 1 500 enlevés officiels, dont la moitié par la guérilla, soit encore, la «7e industrie du pays si c’était légal». Les paramilitaires d’extrême-droite prennent pour otage même des morts. Régulièrement dénoncés auprès des organisations des droits de l’homme pour leurs massacres de civils, ils avaient fait «disparaître» les corps de plus de 20 de leurs victimes dans une tuerie près de Barancabermeja, au nord de Bogota, à l’automne dernier. La population en avait été réduite à enterrer, symboliquement, 20 cercueils vides. Sabotages et tueries Au cours des 48 heures qu’ont duré les cérémonies de «lancement de la paix» le week-end dernier à San Vicente, les paramilitaires ont tué 120 civils de plus, accusés de «sympathie envers la guérilla». Enfin, quand le 2e mouvement de guérilla, l’«Armée de libération nationale» (ELN, guévariste) provoquait son 500e sabotage d’un oléoduc, en octobre dernier, ce sont 70 civils, dont 35 enfants, qui ont brûlé vifs. «Un accident de parcours», avait finalement reconnu l’ELN. Dans un terrain vague proche de Pereira, la capitale du café, 35 corps en décomposition d’enfants de 8 à 12 ans, portant des traces de tortures et de mutilations, étaient découverts en novembre dernier. «Des victimes de quelque secte, taré sexuel ou autre vendeur d’organe», résumait la presse. La veille de Noël, des pompiers pêchaient dans le petit canal, face au stade prestigieux du Campin de Bogota, 3 cadavres ligotés, apparemment des sans-abri. Un gigantesque embouteillage en avait résulté de par la curiosité d’automobilistes qui voulaient se faire photographier devant les corps. «Il faut vraiment qu’on mette fin aux trois Colombie», a résumé un sénateur: «Celle qui tue, celle qui est tuée et celle qui n’ose même plus lever la tête».
L’individu en Colombie, homme, femme ou enfant, reste soumis à l’implacable réalité de 87 morts violentes par jour, que même le processus de paix entamé avec la guérilla de gauche ne vient contredire. Jamais, en fait, les clameurs et menaces de mort n’ont été aussi fortes que ces derniers jours. «On va séquestrer les politiciens qu’il faut pour obtenir un échange...