Liban-sud - Pas de retrait unilatéral, décide Israël Netanyahu menace d'attaquer les infrastructures économiques

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a menacé vendredi le Liban de sévères représailles si des roquettes étaient à nouveau tirées sur Israël à partir du territoire libanais. «Nous ne tolérerons pas des tirs de roquettes Katioucha et nous riposterons par des attaques contre des objectifs à l’intérieur du Liban», a déclaré M. Netanyahu à la radio militaire israélienne. Il a laissé entendre que l’aviation israélienne s’attaquerait à des infrastructures économiques au Liban. M. Netanyahu a fait ces déclarations au lendemain d’une réunion du cabinet israélien de sécurité jeudi soir, consacrée aux ripostes possibles aux tirs de roquettes à partir du Liban sur le nord d’Israël par le Hezbollah. Celui-ci n’a recours à ce procédé qu’en signe de riposte aux agressions israéliennes contre les civils. Le cabinet de sécurité israélien avait publié un communiqué menaçant le Liban de représailles et rendant le gouvernement «directement responsable de tout ce qui se passe à l’intérieur du Liban». De telles menaces avaient déjà été proférées — de façon plus vague — après des attaques à la roquette du Hezbollah qui avaient fait 13 blessés dans le nord de la Galilée le 23 décembre. Le Hezbollah avait tiré sur Israël après un bombardement israélien à Janta près de Baalbeck, qui avait tué une femme et six de ses enfants. Après le massacre, l’armée israélienne s’était excusée et avait invoqué une erreur humaine. À l’issue des tirs de roquettes sur le nord d’Israël, le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Avigdor Kahalani, avait demandé publiquement que l’État hébreu réagisse en «bombardant les centrales électriques qui alimentent Beyrouth». Le ministre des Affaires étrangères Ariel Sharon avait proposé pour sa part qu’Israël «frappe un grand coup» avant de commencer à retirer ses forces unilatéralement du Liban-Sud, selon le quotidien israélien Yediot Aharonot. En fin de compte, aucune de ces propositions n’a été retenue de crainte d’une dangereuse escalade. M. Netanyahu a pour sa part écarté vendredi un retrait unilatéral du Liban-Sud proposé par plusieurs responsables politiques de la coalition comme de l’opposition israélienne. «Il ne pourra y avoir de retrait avant la conclusion d’un accord de sécurité avec Beyrouth qui empêchera des attaques contre Israël à partir du Liban», a-t-il dit. Le Liban refuse de donner pareille garantie et exige un retrait inconditionnel israélien du sud de son territoire conformément à la résolution 425 du Conseil de sécurité de l’Onu. De plus Beyrouth lie tout arrangement avec Israël à un accord de paix israélo-syrien, impliquant nécessairement un retrait israélien du plateau du Golan occupé depuis 1967. «Une grave faute», selon Pérès Les différents partis politiques en Israël sont divisés sur l’opportunité d’un retrait unilatéral du Liban. À droite, le ministre israélien de la Défense Yitzhak Mordehaï, appuyé par l’état-major, a rejeté la proposition de M. Sharon d’un retrait unilatéral par étapes de la zone de sécurité occupée. Le chef de l’opposition travailliste, M. Ehud Barak, s’est prononcé contre un retrait sans accord avec Damas, alors qu’un des dirigeants du parti, M. Yossi Beilin, mène campagne en sa faveur. L’ancien Premier ministre travailliste M. Shimon Pérès a qualifié de «faute grave» les menaces de représailles contre le Liban proférées par M. Netanyahu. «La décision du gouvernement constitue une faute grave car elle risque d’entraîner Israël dans un type de conflit qui n’est pas à son avantage», a déclaré M. Pérès à la radio publique. Selon Shimon Pérès, «l’impact en Israël des roquettes est beaucoup plus douloureux» en terme de pertes civiles que la «destruction d’une centrale électrique» libanaise.