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Actualités - CHRONOLOGIE

Cérémonie de remise de diplômes, samedi au campus des Sciences Humaines de l'USJ, sous le patronage de Solange Béchir Gemayel Abou : on ne peut étouffer indéfiniment la mémoire d'un peuple (photos)

La troisième et dernière cérémonie de remise de diplômes à l’Université Saint Joseph a eu lieu samedi soir au campus des Sciences Humaines, sous le patronage de Mme Solange Gemayel, en sa qualité d’épouse du président-martyr Béchir Gemayel. Evoquant à cette occasion le souvenir du président-martyr, le recteur de l’USJ, le père Selim Abou, a souligné que Béchir Gemayel a été assassiné à la veille de son accession effective à la Première Magistrature «parce qu’il était l’homme de l’indépendance et le rassembleur du peuple». «On ne peut étouffer indéfiniment la mémoire d’un peuple, ni travestir impunément son histoire», a également affirmé le recteur de l’USJ qui a ajouté que la présence de Mme Gemayel à la cérémonie constituait «un message d’espoir». Le père Abou a, par ailleurs, déclaré que l’USJ «demeure fidèle à l’idéal de l’humanisme critique (...) qui implique deux activités complémentaires: d’une part, la promotion des valeurs universelles issues des valeurs particulières propres à une société et une culture déterminées; et, d’autre part, la critique de tout élément qui, dans la société, va à l’encontre des droits de l’Homme et du respect des différences». Prenant à son tour la parole, Mme Gemayel a déclaré que «le pluralisme auquel nous sommes attachés a pour fondement le respect de nos croyances et celles des autres, de nos cultures et de celles des autres». Et Mme Gemayel d’ajouter que «le Liban, pays de liberté, ne risque guère de constituer une menace pour quiconque». «Bien au contraire, a-t-elle poursuivi, les dangers qui planent aujourd’hui de part et d’autre de nos frontières sont le fait de l’occupation du Liban par des forces étrangères qui trouvent commode et moins coûteux pour leur propre pays de faire de notre territoire un champ de manœuvre». Au terme des discours prononcés par le père Abou et Mme Gemayel, les étudiants des différentes institutions du campus des Sciences Humaines ont reçu leurs diplômes. Le nombre de diplômés par faculté et institut pour l’année universitaire qui s’est écoulée s’établit comme suit: Faculté de Droit et des Sciences Politiques, 66; Faculté de Sciences économiques, 65; Faculté de Gestion et de Management, 131; Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, 55; Institut des Lettres Orientales, 14; Ecole Libanaise de Formation Sociale, 34; Institut Libanais d’Educateurs (ILE), 20; Institut de Langues et de Traduction, 30; Institut d’Etudes Scéniques et Audiovisuelles (IESA), 20; Institut Supérieur de Sciences Religieuses, 13. Au total, 448 étudiants relevant du campus des Sciences Humaines ont obtenu leurs diplômes. Nous reproduisons ci-dessous de larges extraits des discours prononcés par le recteur de l’USJ et par Mme Gemayel. Le discours du R.P. Abou S’adressant directement à Mme Gemayel, le père Abou a d’abord évoqué la motivation qui a poussé le Rectorat à décider du triple patronage hors du commun qui a caractérisé cette année les cérémonies de remise de diplômes à l’USJ. Le père Abou a déclaré sur ce plan: «Trois cérémonies de remise des diplômes clôturent l’année universitaire: l’une au campus des sciences médicales, la deuxième au campus des sciences et technologies, la troisième — celle-ci — au campus des sciences humaines. Cette année, nous avons voulu que les trois fussent présidées par des femmes, pour manifester symboliquement la nécessité d’en finir avec le statut discriminatoire dont la femme est victime dans notre société et affirmer son droit à participer, sur pied d’égalité avec les hommes, à la vie politique et à la décision démocratique. D’autres sociétés, économiquement et culturellement moins avancées que la nôtre ont su se défaire de cet archaïsme politique que nous continuons à entretenir au mépris des droits de l’homme et de l’honneur de la nation». «Au campus des sciences médicales, la cérémonie de remise des diplômes a été présidée par la Première Dame. Au campus des sciences et technologies, elle l’a été par une femme (Mme Nayla Moawad) qui, par suite d’une tragédie analogue à celle que vous avez vécue, n’a porté ce titre de Première Dame que l’espace de quelques jours. Son époux été éliminé parce qu’il était l’homme de la réconciliation nationale; le vôtre a été tué à la veille de son accession effective à la première magistrature, parce qu’il était l’homme de l’indépendance et le rassembleur du peuple». «Vous êtes mieux placée que quiconque pour savoir avec quel acharnement on tente d’interdire toute manifestation qui ravive le souvenir de Béchir Gemayel et de dissoudre insidieusement son épopée nationale dans l’évocation des «milices». Mais vous êtes aussi mieux placée que quiconque pour savoir qu’on ne peut étouffer indéfiniment la mémoire d’un peuple, ni travestir impunément son histoire. La création de la Fondation Béchir Gemayel, dont l’objectif est d’aider les étudiants, rappelle à ces derniers l’idéal national de celui dont elle porte le nom. Ce même idéal, vous en témoignez personnellement par votre refus obstiné de toute compromission et de tout compromis». «Vous avez été invitée à présider la cérémonie du campus des sciences humaines, parce que votre époux était un ancien de la Faculté de Droit et des Sciences politiques et que, le 6 décembre 1996, la promotion 71 de cette Faculté s’est solennellement donné le nom de «Promotion Béchir Gemayel». Madame, il me plaît de terminer cet hommage qui vous est dû par ce message que votre époux un jour avait envoyé à un de ses amis: «Je compte sur toi et sur vous tous. L’esprit doit être très pur, très propre, très fort et très droit. On continue». Madame, votre présence parmi nous ce soir est un message d’espoir». L’esprit critique Et la père Abou de poursuivre: «Il arrive aux grands hommes, voire aux génies de se tromper. «J’ai vu en mon temps, déclarait Montaigne, cent artisans, cent laboureurs plus sages et plus heureux que des recteurs de l’Université et lesquels j’aimerais mieux ressembler». Si Montaigne entendait conférer à cette déclaration une portée universelle, il se trompait. Un Recteur d’Université peut être aussi heureux qu’un artisan ou un laboureur s’il est convaincu que l’institution dont il assume la haute charge, forme des hommes et des femmes susceptibles de devenir le levain de leur société. Pour ma part, je suis persuadé que l’Université Saint-Joseph s’efforce de réaliser cet objectif, dans la mesure où elle présente un niveau d’excellence internationalement reconnu, dans la mesure aussi où elle demeure fidèle à l’idéal de l’humanisme critique inscrit dans sa tradition intellectuelle, culturelle et spirituelle». «L’humanisme critique dont il est question implique deux activités complémentaires: d’une part la promotion des valeurs universelles issues de l’humanité de l’homme et des valeurs particulières propres à une société et une culture déterminées; d’autre part la critique de tout élément qui, dans la société, va à l’encontre des droits de l’homme et du respect des différences» (...). «C’est donc avec un esprit critique constructif que vous êtes appelés à promouvoir la convivialité démocratique dans une société où elle est à la fois déficiente et menacée (...). Quelle que soit votre profession, il vous revient, dans le milieu où vous l’exercerez, de développer le sens des responsabilités, de favoriser la créativité, de soutenir la diversité». «Dans le monde d’aujourd’hui, chacun de nous est devenu responsable de ses actes à plusieurs titres: en tant qu’individus privés, «nous sommes responsables de la recherche de nos intérêts propres en harmonie avec les intérêts et le bien-être de tous et non pas aux dépens des leurs»; en tant que citoyens de notre pays, nous avons la responsabilité d’exiger que nos dirigeants «n’abusent pas de leur pouvoir pour manipuler la population et l’environnement à des fins égoïstes et sans discernement», mais qu’ils veillent scrupuleusement au bien commun; en tant que partenaires sociaux, il est de notre responsabilité de faire en sorte que les objectifs de notre entreprise ou de notre profession ne soient pas seulement centrés sur le profit, mais répondent aux besoins et aux exigences de nos concitoyens; en tant que membres de la communauté humaine, «il est de notre responsabilité d’adopter une culture de non-violence, de solidarité et d’égalité économique, politique et sociale, de promouvoir la compréhension et le respect mutuel» entre les nations et les peuples. Maintenir la diversité «Développer le sens des responsabilités demeure sans effet si l’on ne favorise pas en même temps la créativité. C’est ce que nous donne à entendre l’auteur d’un ouvrage intitulé Les défis du troisième millénaire. «La créativité, écrit-il, n’est pas un don transmis par les gènes, c’est un bien culturel donné en partage aux humains (...). Le milieu économique, social et technologique actuel est notre propre création, et seule la créativité de notre intelligence — notre culture, notre esprit et notre conscience — peut nous permettre d’y faire face. La véritable créativité ne reste pas paralysée devant les problèmes inhabituels et inattendus, mais les affronte ouvertement, sans préjugés. Cultiver notre imagination créatrice est un préalable à la découverte de notre chemin vers une société interconnectée à l’échelle globale, au sein de laquelle les individus, les entreprises, les Etats (...) pourront vivre ensemble dans la paix et la coopération». «Soutenir la diversité est le troisième impératif démocratique face à l’expansion rampante de la pensée, unique, véhiculée par la mondialisation des échanges. Le monde globalisé ne sera humainement viable que si les éléments fondamentaux de la diversité qui a marqué historiquement les communautés humaines y sont maintenus; que si la variété des religions, des idées, des manières de vivre y est affirmée, que si se multiplient, dans l’harmonie et le respect des différences, les contacts internationaux et interculturels». En conclusion, le recteur de l’USJ a remercié les professeurs, le personnel administratif et tous les responsables académiques qui ont accompagné les étudiants au cours de leurs études, notamment, le professeur Richard Chémaly, doyen de la Faculté de droit et des sciences politiques; le professeur Alexandre Chaïban, doyen de la Faculté des sciences économiques; le professeur Georges Aoun, doyen de la Faculté de gestion et de management; le P. René Chamussy, doyen de la Faculté des lettres et des sciences humaines; le P. John Donohue, directeur du Centre d’études pour le monde arabe moderne; le professeur Ahyaf Sinno, directeur de l’Institut de lettres orientales; Mme Hyam Kahi, directrice de l’Ecole libanaise de formation sociale: Mme Leyla Dirani, directrice de l’Institut libanais d’éducateurs; M. Henri Awaïss, directeur de l’institut de langues et de traduction; Mme Aimée Boulos, directrice de l’Institut d’études scéniques et audiovisuelles, Mlle Marie-Claude Roques, directrice de l’Institut supérieur de sciences religieuses; et M. Edwin Vitale, administrateur du Campus des sciences humaines. Le discours de Mme Gemayel De son côté, Mme Gemayel a notamment déclaré: «Je m’adresse à vous, non seulement en tant que femme d’un président de la République, mais surtout en tant qu’épouse de Béchir Gemayel, l’homme, l’avocat, le défenseur de la cause libanaise, le militant qui a su se donner sans réserve pour que survive un Liban libre et indépendant, fier de son passé certain de son avenir». «Pour lui, et pour beaucoup de ses camarades et amis tombés au champ d’honneur, garder le Liban indépendant était une question de droit. Et ce soir, au cours de cette cérémonie, je le répète: le pluralisme auquel nous sommes attachés a pour fondement le respect de nos croyances et de celles des autres, de nos cultures et de celles des autres. A condition que nous soutenions tous sans ambiguïté, un Liban souverain, libre et indépendant, le Liban des 10.452 km2, un Liban qui donne à ses citoyens, tous ses citoyens, la liberté d’éducation, de croyance et d’expression». «Et, si les Libanais, tous les Libanais, veulent que ce pays reste un havre de paix et de liberté, il faut qu’ils sachent que l’exercice de cette liberté est périlleux, car elle est un idéal auquel aspirent les peuples qui en sont privés! Pays de liberté, le Liban ne risque guère de constituer une menace pour quiconque. Bien au contraire, les dangers qui planent aujourd’hui de part et d’autre de nos frontières, sont le fait de l’occupation du Liban par des forces étrangères qui trouvent commode et moins coûteux pour leur propre pays et pour ses habitants de faire de notre territoire un champ de manœuvre». Et de poursuivre: «Dans son allocution prononcée le 19 mars 1997, lors de la fête patronale de l’université, le recteur a estimé que le Liban semblait «condamné à attendre une conjoncture favorable pour lever l’hypothèque qui pèse sur son indépendance et sa souveraineté». Certains l’ont bien compris, d’autres l’ont pris à partie. A ces derniers, nous disons: «L’Etat a succombé à la guerre, mais la Nation y a résisté! Cette Nation qui émerge des cendres de la guerre, donnera dans un avenir prochain, j’en suis sûre, l’image d’un Liban fort, un Liban libre fondé sur un nouveau consensus national et social». «Dans cette université, et plus précisément à la Faculté de droit, beaucoup d’hommes politiques ont été formés, entre autres des présidents de la République, des premiers ministres, des ministres, des députés, des ambassadeurs et de grands législateurs. Grâce à votre formation intellectuelle rigoureuse il vous sera possible d’assurer la continuité, de sauvegarder l’identité et le patrimoine du Liban, terre de rencontre entre l’Orient et l’Occident». Et Mme Gemayel de conclure: «Dans les facultés de sciences humaines, vous avez acquis non seulement des connaissances, mais des méthodes de travail et une vaste culture. Ces acquisitions ont de tout temps distingué le Liban des pays avoisinants; votre rôle sera de conserver cette caractéristique distinctive du pays».
La troisième et dernière cérémonie de remise de diplômes à l’Université Saint Joseph a eu lieu samedi soir au campus des Sciences Humaines, sous le patronage de Mme Solange Gemayel, en sa qualité d’épouse du président-martyr Béchir Gemayel. Evoquant à cette occasion le souvenir du président-martyr, le recteur de l’USJ, le père Selim Abou, a souligné que Béchir...