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Actualités - CHRONOLOGIE

Assad disposé à s'associer à de nouvelles initiatives pour relancer les négociations Paris s'emploie à arrimer la Syrie aux sauveurs de la paix Jospin viendrait à Beyrouth en février(photo)

Au deuxième jour de la visite officielle de Hafez el-Assad, la France s’est employée à arrimer la Syrie aux pays désireux de sauver le processus de paix au Proche-Orient. Ainsi, Jacques Chirac et son hôte sont-ils convenus d’étudier la proposition franco-égyptienne de «conférence des pays sauveurs de la paix» lancée en mai à Paris avec Hosni Moubarak. Paris et Damas ont donc rapproché leurs positions sur les moyens de sortir la crise proche-orientale de l’ornière et le président français a affirmé vendredi la volonté de la France et de la Syrie «d’associer leurs efforts» pour atteindre l’objectif «d’un Moyen-Orient pacifié». La Syrie est disposée à s’associer à «de nouvelles initiatives» pour la paix au Proche-Orient, a affirmé M. Assad à l’issue d’un nouvel entretien vendredi avec le chef de l’Elysée. «S’il y a de nouvelles initiatives qui méritent que nous nous en occupions, nous le ferons mais à condition que cela soit en accord avec nos demandes fondamentales. Nous tenons à nos principes», a-t-il ajouté. M. Assad a ainsi entrouvert la porte au projet franco-égyptien de conférence internationale «des pays résolus à sauver la paix». Interrogé sur cette initiative, il a estimé que «jusqu’à maintenant il n’y avait rien de concret» dans ce projet. Il n’a cependant pas exclu de s’y associer «quand les circonstances appropriées existeront». «Il y a eu une bonne compréhension syrienne de notre position», a indiqué une source diplomatique française, tout en indiquant qu’il restait «une réelle distance» entre la Syrie et Israël sur la question des pourparlers entre les deux pays, en panne depuis février 1996. «Les explications que nous avons fournies au président syrien ont amélioré sa compréhension» de cette initiative qui ne «remet pas en cause le principe» de la paix en échange de la terre, cher à Damas, a-t-on précisé de source française. M. Chirac a réaffirmé que le principe de «l’échange de la terre contre la paix», à l’origine du processus de paix, «fondait depuis toujours la position de la France». Selon lui, «il n’y aura pas de paix dans la région sans la participation active de la Syrie». Ce principe avait été clairement énoncé lors de la conférence de Madrid en 1991 qui avait lancé le processus de paix israélo-arabe. Ce processus est aujourd’hui moribond, et l’initiative lancée en mai à Paris par M. Chirac et le président égyptien Hosni Moubarak vise à lui donner un nouveau souffle. Avec Jospin au Quai d’Orsay Cette initiative est rejetée pour l’heure par Israël et accueillie tièdement par les Etats-Unis qui attendent une réponse d’Israël à leurs propositions prévoyant un retrait de 13,1% de la Cisjordanie Après les fastes de l’Elysée, le président syrien a retrouvé l’éclat du Quai d’Orsay où le premier ministre français Lionel Jospin avait choisi de le rencontrer. Sous les lambris du temple de la diplomatie française, le chef de l’Etat syrien a entendu de la bouche de M. Jospin la deuxième voix de la France qui se voulait concordante, comme pour confirmer qu’à l’égard du Proche-Orient la France de la cohabitation tient le même langage. Le premier ministre français a ainsi jugé indiscutable la souveraineté syrienne sur le plateau du Golan occupé par Israël, estimant que les négociations ne devaient porter que «sur les voies et les moyens d’obtenir sa restauration». S’exprimant au cours d’un déjeuner offert en l’honneur de son hôte, M. Jospin a déclaré: «Comme l’ensemble de la communauté internationale, la France reconnaît le droit de la Syrie de voir restaurée sa souveraineté pleine et entière sur le Golan. La négociation nécessaire avec Israël ne doit donc pas porter sur le principe même de cette souveraineté, mais sur les voies et les moyens d’obtenir sa restauration». Il a ajouté que, pour la France, «les aspirations d’Israël à la sécurité sont légitimes et doivent être satisfaites. Il en va non seulement de l’intérêt du peuple israélien, qui est comme le peuple syrien un peuple ami de la France, mais de l’intérêt et de la stabilité de toute la région», a-t-il dit. Mais sur le thème du Liban, on n’a pas manqué de remarquer, à la lecture des deux allocutions, que le président syrien a parlé du «Liban si cher à la France et que nous souhaitons uni, libre et souverain sur tout son territoire» et que la France «soutient dans la voie de la réconciliation, de la reconstruction, de la démocratie et de la liberté», alors que le premier ministre français n’a fait que souligner «l’intérêt particulier que Paris continue de porter à l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale du Liban». Leçon de morale Des sources proches de Matignon estiment toutefois que cette nuance de langage a été largement compensée par la «petite phrase», véritable leçon de morale politique et économique, lancée par Lionel Jospin à propos de l’ouverture récente des négociations sur un accord d’association entre la Syrie et l’Union européenne. Se félicitant de la nouvelle politique d’ouverture syrienne, il a souligné qu’il s’agissait là «d’un choix exigeant». «L’Europe est fondée sur le développement économique, mais aussi sur la démocratie et les droits de l’homme (...). En faisant le choix de l’Europe, votre pays doit s’ouvrir naturellement à cette perspective», a souligné M. Jospin à l’adresse du président Assad. En choisissant d’insister sur l’importance du respect des droits de l’homme, le premier ministre français semblait ainsi se démarquer du style gaullien qu’a voulu adopter le chef de l’Elysée. Des parlementaires socialistes n’ont pas manqué de dire qu’en tout état de cause, un rappel au respect de la démocratie en présence de responsables syriens ne pouvait que servir la cause du Liban. Et un député proche de Matignon de confirmer le projet de visite de M. Jospin au Liban, ajoutant cependant que l’on n’en est pas encore aux dates et au programme. Mais un diplomate en poste à Paris a laissé entendre que, bien au contraire, la date de la visite a été fixée à février prochain. L’objectif du voyage de Beyrouth serait de donner plus de poids au soutien de la France et de concrétiser un certain nombre de projets de coopération ébauchés lors des précédentes visites du président Chirac. Les relations bilatérales Les entretiens officiels du président Assad à Paris ont effectivement pris fin hier avec son entretien avec M. Jospin. Tout au long de cette visite, M. Assad est apparu au mieux de sa forme, n’hésitant pas à répondre aux journalistes qui l’interrogeaient, à l’étonnement de ses proches, comme il l’a fait vendredi après ses entretiens à l’Elysée. Au plan bilatéral, le vice-ministre syrien pour les Affaires économiques Salim Yassine a signé avec le ministre français de l’Economie Dominique Strauss-Kahn un accord de non-double imposition. Dans la matinée, il s’est rendu, en compagnie d’autres ministres et de représentants du secteur privé syrien au siège du patronat français. Une délégation du Conseil national du patronat français (CNPF) devrait se rendre au début de l’année prochaine en Syrie, a-t-on indiqué auprès du patronat. Dans la soirée, le président syrien a visité la mairie de Paris où il a été accueilli par M. Jean Tibéri, puis l’Institut du Monde Arabe. M. Assad doit regagner Damas aujourd’hui.
Au deuxième jour de la visite officielle de Hafez el-Assad, la France s’est employée à arrimer la Syrie aux pays désireux de sauver le processus de paix au Proche-Orient. Ainsi, Jacques Chirac et son hôte sont-ils convenus d’étudier la proposition franco-égyptienne de «conférence des pays sauveurs de la paix» lancée en mai à Paris avec Hosni Moubarak. Paris et Damas...