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Actualités - CHRONOLOGIE

Elections dimanche prochain au Cambodge : pour le meilleur ou pour le pire

Pour la première fois depuis 30 ans, le Cambodge va organiser lui-même des élections générales dans un pays à peu près pacifié, à défaut d’être réconcilié, sous les yeux d’une communauté internationale qui en espère le meilleur mais craint le pire. S’il est trop tôt pour parler d’élections démocratiques, du moins les législatives de dimanche prochain seront pluralistes: un nombre record de parts (39) se disputent les 122 sièges de députés. 5,3 millions de Cambodgiens sont inscrits sur les listes, soit 98,3% de l’électorat. C’est la communauté internationale qui, sur la foi d’un contingent de 500 observateurs, décidera si le scrutin a été, selon ses vœux, «libre et équitable». En fin de compte, elle se prononcera sur le caractère «acceptable» — ou non — d’un résultat qui sera jugé à l’aune du contexte cambodgien. Jusqu’à présent, la campagne électorale a été relativement calme en dépit d’allégations répétées d’intimidation et de fraudes. 2,8 milliards de dollars de frais Pauvreté, corruption, violence: le Cambodge porte les stigmates de la guerre civile (1970-75), du génocide polpotiste (1975-79) et de l’occupation vietnamienne (1979-89), pour ne citer que les chapitres les plus traumatisants des trois dernières décennies. Même le patronage des Nations Unies, qui organisèrent à grands frais (2,8 milliards de dollars) les dernières élections multipartites en mai 1993, n’a pas suffi à ramener la paix et la stabilité politique. Longtemps après le départ des Casques bleus, les Khmers Rouges ont guerroyé contre l’armée gouvernementale dans leurs sanctuaires du nord-ouest, près de la frontière thaïlandaise, jusqu’à ce que les défections, les purges et la mort de Pol Pot, en avril dernier, ne portent un coup apparemment fatal à la guérilla. Quant à l’expérience de gouvernement bicéphale, issue des élections onusiennes, elle a pris fin dans la violence l’été dernier à Phnom Penh lorsque le second premier ministre Hun Sen a écarté du pouvoir son rival royaliste, le prince Norodom Ranariddh, après des mois de cohabitation acrimonieuse. Un an plus tard, si l’on en juge par la campagne électorale qui s’achève vendredi, le scrutin du 26 juillet n’est pas joué d’avance. Aspiration au changement Une seule certitude, trois partis seulement se partageront la majorité des voix: le Parti du peuple cambodgien (PPC) de Hun Sen, qui tient l’appareil d’Etat, et du côté de l’opposition, le FUNCINPEC du prince Ranariddh, vainqueur en 1993, et le parti de l’ex-ministre des Finances Sam Rainsy. Et, dans le cas d’un résultat serré (comme en 1993), ils seront bien forcés de s’entendre, d’une façon ou d’une autre, pour former une nouvelle coalition gouvernementale. Toutes les combinaisons sont possibles, même si les chefs de l’opposition assurent qu’ils ne veulent plus gouverner avec Hun Sen, et avec elles de nouveau les vieux démons de l’instabilité et de la division. Requinquée, l’opposition — qui se réclame de la tradition monarchiste, du libéralisme occidental mais aussi du nationalisme khmer — a mobilisé pacifiquement des dizaines de milliers de partisans à Phnom Penh et dans les provinces. Hun Sen quittera tranquillement Elle mise sur l’aspiration des Cambodgiens au changement, tangible dans les villes, après 20 ans d’un régime autocratique incarné aujourd’hui par Hun Sen. Ce dernier, qui a gardé un profil bas depuis le début de la campagne, répète à l’envi qu’il quittera le pouvoir «tranquillement» si son parti perd. Il a mis sa crédibilité en jeu, y compris au sein du PPC, en autorisant le prince Ranariddh à rentrer d’exil pour participer aux élections et en se portant garant de la liberté de vote et de l’équité du scrutin. L’«homme fort» du pays attend avant tout des élections la légitimité qui lui permettrait de redorer enfin son blason, terni par les violences de juillet dernier. A la clé, quel que soit le résultat, le Cambodge a tout à gagner de la stabilité politique et d’une respectabilité internationale retrouvée, et tout à perdre de querelles de politiciens. (AFP) *
Pour la première fois depuis 30 ans, le Cambodge va organiser lui-même des élections générales dans un pays à peu près pacifié, à défaut d’être réconcilié, sous les yeux d’une communauté internationale qui en espère le meilleur mais craint le pire. S’il est trop tôt pour parler d’élections démocratiques, du moins les législatives de dimanche prochain seront...