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Actualités - OPINION

Carnet de route Suicide sur ordonnance

Suicide sur ordonnance Avant-hier, j’ai sérieusement envisagé le suicide. Tout allait mal, ma chatte avait de nouveau attrapé des puces, ma salle de bains laissait filtrer de l’eau pour la troisième fois après réparation, je ne m’étais pas remise de la défaite du Brésil, quant à mes finances, quelque position d’autruche que je prisse, je savais bien qu’elles ne couvriraient pas le mois. Alors, pour me changer les idées, j’ai allumé le poste de télévision. Ce fut le coup de grâce: je m’entendis cautionner dans mon existence de citoyenne libanaise libre et indépendante par le chef de la puissance qui me maintient sous tutelle, avec les miens, et nomme ceux-là mêmes que j’aurais dû élire. Le suicide, au Liban, rien n’est plus facile. La mort s’achète en pharmacie. En vente libre. Que l’on ait décidé de franchir le grand pas, ou, encore hésitant, de se droguer avec un cocktail de pilules diverses (et l’on sait qu’il y a une grande quantité de drogués «par médicaments» au Liban), on est accueilli à bras ouverts par les apothicaires. Il y a quelques pharmaciens sérieux? Il suffit de faire 200 mètres pour en trouver un vénal ou cynique. Le laxisme, dira-t-on, est un état naturel dans le Liban d’aujourd’hui, mais quand il frappe le domaine de la santé, le danger revêt une connotation vitale. Le fait que Marwan Hamadé, l’ancien ministre de la Santé, ait été exhaussé, par l’opinion publique, au rang de héros, suffirait à lui seul à prouver que la plupart des Libanais étaient conscients et alarmés face à la situation générale de la médecine et de la pharmacie. Il n’a pas pu s’attaquer à tout, en particulier à la pharmacie (beaucoup de médecins d’ailleurs ne sont pas en reste au niveau de la déontologie). Qu’en est-il de M. Sleiman Frangié, ministre actuel de la Santé. On dit qu’il s’est bien entouré. La question récente concernant le Bureau des médicaments n’est pas claire, pas plus que l’attitude du ministère face à cette sempiternelle liste de médicaments à interdire que ressort de temps en temps un député que l’on finit par croire obsessionnel. Il faut changer les mentalités plutôt que les lois, c’est ce que déclarait, en substance, il y a un mois, Fouad Boutros à la radio. Il est sûr que les lois qui régissent le système de santé au Liban sont excellentes sur le papier. Mais nous avons vécu un long tremblement de terre dont les failles encore béantes ont ouvert la voie, pendant 17 ans, au «tout est permis et n’importe comment». Un seul exemple: la conférence de presse de M. Murr (13 juillet dernier) sur la sécurité dans le Metn-Nord, devant, entre autres, des cadres des FSI, qui était un chef-d’œuvre d’ignorance, de ridicule, et d’une certaine bassesse par rapport à sa fonction. On nous dira que le ministre de l’Intérieur n’est pas un parangon de finesse. Et qu’il est de ceux que le ridicule ne tue pas. Pour atténuer un peu son irresponsabilité, ajoutons qu’il n’est pas le seul dans son cas parmi ses pairs. Essayez donc d’empêcher M. Hariri de bétonner le pays à tous crins jusqu’à l’herbe. Rien à faire: c’est son côté mussolinien... Et ainsi de suite, et l’un après l’autre. Faut-il se suicider pour autant en entrant dans une officine à la mentalité de marchande de soupe? Que chacun en décide, mais il y a des mesures moins définitives: s’abstenir d’envoyer ses enfants à l’Université d’Etat, revêtue du joli nom d’«Université libanaise», bringuebalante s’il en fut, et qui vient de voir un recteur au mandat expiré depuis dimanche dernier chargé d’assurer la présidence de l’établissement, faute, pour la troïka, d’être tombée d’accord sur la nomination d’un nouveau personnage à la tête de l’UL. Oh! que nous aurions souhaité les trois Marx Brothers pour nous gouverner! Astuce, sens préventif de l’absurde, humour et efficacité. Du rire dans les allées du pouvoir au lieu de cette lourdeur, de ces plaisanteries grasses, et de cette descente vers la fin sinistre du Liban... P.S. Pour des raisons non élucidées par la presse, des intellectuels juifs arabes, invités dans le cadre du mois de la «Nakba» au théâtre de Beyrouth, se sont vu interdire l’entrée du territoire libanais. Alors que tout était prêt pour les y accueillir. Un seul écho des organisateurs: «On avait peur pour leur sécurité». Nous dépendons de tant d’instances autochtones ou étrangères anti-hébraïques qu’il vaut mieux ne pas le savoir. Ceci dit, la situation des juifs de Syrie pèsera sur l’emploi du temps de notre allié syrien lors de sa visite à Paris. Ce qui ne serait jamais le cas pour le roi Hassan II qui couve les siens, comme le fit son père. Pour une fois qu’on peut glorifier le roi du Maroc...
Suicide sur ordonnance Avant-hier, j’ai sérieusement envisagé le suicide. Tout allait mal, ma chatte avait de nouveau attrapé des puces, ma salle de bains laissait filtrer de l’eau pour la troisième fois après réparation, je ne m’étais pas remise de la défaite du Brésil, quant à mes finances, quelque position d’autruche que je prisse, je savais bien qu’elles ne...