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Actualités - REPORTAGE

Dispositifs d'alarme, caméras invisibles, gardiens et autres gardes du corps La sécurité privée, un service qui se paie cher

«Les citoyens ainsi que les sociétés devraient se doter de systèmes de surveillance privés contre les vols et autres cambriolages». Cette petite phrase du ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, aurait pu n’être qu’une simple boutade si elle n’était intervenue au moment où le Metn vit dans l’angoisse. En suggérant aux particuliers d’installer chez eux des caméras et autres dispositifs d’alarme, le vice-président du Conseil alimente d’ailleurs la psychose des vols, comme si désormais, les services de l’ordre étaient incapables d’assurer la sécurité des gens et des maisons, sans se faire aider par des auxiliaires privés... Hélas, il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir prendre le ministre au mot. Une rapide enquête auprès de certaines sociétés de sécurité privée montre que le gardiennage est plutôt coûteux et n’est donc pas à la portée de tous. Une de ces sociétés a d’ailleurs confié qu’un groupe d’habitants de Naccache aurait récemment sollicité ses services avant d’y renoncer à cause de leur coût. La sécurité privée, cela se paye donc cher et si certains ont les moyens de se l’offrir, les plus nombreux, eux, préfèrent encore s’en remettre aux services de l’ordre, tout en multipliant les actions de grâce et les prières, dans l’espoir que la crise passe. Car, au Metn, la plupart des habitants restent convaincus que cette vague de vols (qui se terminent parfois par des assassinats) aura un jour une fin. Et s’ils pensent en être la principale cible, plutôt que les responsables, ils espèrent que les gangs seront rapidement arrêtés. Le groupe d’habitants de Naccache qui a sollicité les services de la société de gardiennage privé souhaitait d’ailleurs conclure un contrat pour une période de trois mois, mais la société a refusé, car ses contrats sont d’un an au minimum. C’est dire qu’au fond, les habitants continuent de croire qu’il s’agit d’une vague momentanée... Mais en attendant, les affaires des sociétés qui vendent des équipements de protection s’améliorent. Selon SCAP, la première société de gardiennage privé fondée en 1985, il existe deux sortes de protection: la première est assurée par des gardiens et la seconde par des équipements. Souvent, les deux sont combinés, car les citoyens — qui en ont les moyens — se sentent plus en sécurité lorsqu’ils voient un gardien faire le guet devant leur porte. SCAP a commencé par assurer le transport des fonds des banques, d’une succursale à l’autre, à l’époque où la guerre avec son cortège d’insécurité faisait encore rage. Ses activités se sont peu à peu étendues au gardiennage des banques, des hôpitaux et des sociétés. C’est récemment qu’elle a commencé à avoir des particuliers pour clients. Chaque gardien coûte 650 dollars par mois et par six heures de travail. Comme généralement, SCAP place deux gardiens la nuit, cela revient au particulier à quelque 3000 dollars par mois. Les gardiens ne sont généralement pas armés. Mais ils sont en contact avec le siège de la société et donnent l’alerte en cas de cambriolage. Il est ainsi arrivé que des gardiens en poste aperçoivent le voleur et alertent les FSI par le biais du bureau central. La patrouille des forces de l’ordre a pu ainsi cueillir le cambrioleur. «Nous sommes ainsi les auxiliaires de l’Etat. Mais nous évitons les lieux publics, précise un responsable de la société, car nous pensons que c’est le travail des gardiens municipaux et nous ne voulons pas empiéter sur leurs fonctions». Les gardiens subissent une formation spéciale de 10 jours, mais la compagnie ne fournit pas des gardes du corps, d’abord parce que, souvent, ils se transforment en hommes à tout faire et ensuite parce que l’Etat fournit des gardes aux diverses personnalités. Alarme super- sophistiquée Depuis SCAP, d’autres sociétés de gardiennage ont été créées (Sécuritas et d’autres). Elles fournissent toutes le même genre de services, pour pratiquement les mêmes prix. La nouveauté réside toutefois dans la multiplication des sociétés qui vendent des équipements de surveillance ou de protection. Avec la nouvelle mode de l’électronique, les particuliers qui en ont les moyens s’en donnent à cœur joie. «Future Security», «Security Engeneering», «Zod Security Group» et d’autres fournissent un équipement très perfectionné. Le plus coûteux est le «kidnapping tracker» qui vaut quelque 50.000 dollars et qui permet de détecter le lieu où a été cachée une personne en cas d’enlèvement. Il n’y en a pratiquement pas au Liban. Par contre, ce qui est plus courant, c’est l’installation d’un dispositif d’alarme. S’il est installé pour une seule chambre, il coûte dans les 500 dollars. Mais pour une maison entière, c’est au moins 2.000 dollars. Ce système ressemble à l’alarme des voitures et il est basé sur le principe que le cambrioleur est lâche. Dès qu’il entend la sonnerie d’alarme, il s’enfuit. Plus sophistiqué, ce dispositif peut être relié à un système de cassette dotée d’un message enregistré. Au moment où la sonnerie se déclenche, ce système appelle un numéro préalablement enregistré, qui est le plus souvent celui du commissariat le plus proche. Reste à savoir si les FSI sont en mesure d’envoyer aussitôt une patrouille sur le lieu indiqué dans le message enregistré. La mémoire de l’appareil peut contenir 8 numéros de téléphone. En général, outre celui des FSI, il y a celui du résident qui est ainsi informé du cambriolage de sa maison, alors qu’il assiste à une soirée...Pour ce système, il faut compter un millier de dollars en plus. Mais si quelqu’un souhaite un dispositif encore plus perfectionné, pour 2000 dollars de plus, ce système peut être relié à une caméra et une vidéo, dont la cassette peut enregistrer 960 heures de surveillance. Placées dans les endroits stratégiques, les caméras peuvent ainsi filmer le cambrioleur s’il se présente dans leur champ. Le dispositif complet est surtout installé dans les ambassades et dans les magasins de luxe. Les domiciles se contentent plutôt de l’alarme simple. Les boutiques moins riches utilisent un dispositif d’alarme installé le plus souvent dans la caisse et qui se déclenche à son ouverture, ou sous la table, ou encore, comme dans certains films, sous le siège du caissier. Le plus élémentaire consiste en une sonnerie et le plus moderne ressemble à un «remote control» qui envoie un message automatique au commissariat, à l’insu du cambrioleur. La protection personnelle est à la fois plus facile et plus complexe. Le plus courant est un spray sensé immobiliser l’agresseur. Il coûte dans les 100 dollars, mais il se vide rapidement, surtout que l’agressé presse nerveusement sur le bouton, sans penser à la consommation. Il existe aussi un pistolet qui lance une décharge électrique qui paralyse l’agresseur pendant trois secondes, le temps de permettre à l’agressé de s’enfuir. Il coûte aussi 100 dollars et se recharge avec deux batteries de 9 volts. Mais pour être efficace, le pistolet doit toucher l’agresseur. A «Zod Security Group», on vend aussi des portes blindées qui coûtent entre 1000 et 3000 dollars, des barbelés installés autour d’un jardin (électrifiés, ils ne sont vendus qu’aux ambassades, l’Etat interdisant leur usage par les particuliers pour ne pas provoquer des accidents avec des enfants qui jouent etc.) et des systèmes d’alarme pour les voitures, qui vont de 75 à 400 dollars. Voilà, en gros, les services de sécurité privés disponibles au Liban. Sans attendre le conseil du ministre de l’Intérieur, certaines personnes en ont installé chez elles pour le simple plaisir, afin d’être à la pointe des nouveautés en matière électronique. D’autres y songent sérieusement achetant ainsi leur tranquillité d’esprit. Quant aux autres, les plus nombreux, ils doivent se contenter des bons vieux couteaux de cuisine, qui n’ont pas vraiment fait leurs preuves... C’est qu’au Liban, la sécurité, comme le reste, est réservée aux riches.
«Les citoyens ainsi que les sociétés devraient se doter de systèmes de surveillance privés contre les vols et autres cambriolages». Cette petite phrase du ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, aurait pu n’être qu’une simple boutade si elle n’était intervenue au moment où le Metn vit dans l’angoisse. En suggérant aux particuliers d’installer chez eux des...