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Actualités - ANALYSE

Les opposants face aux présidentielles : une improbable unité de rangs ...

Où se situent donc les différents courants opposants par rapport aux présidentielles et parviendront-ils à y jouer un rôle actif? Pourront-ils avoir leur candidat ou, à défaut, faire prévaloir une table de critères bien précis pour la présélection? S’entendront-ils sur les moyens à mettre en œuvre pour promouvoir les constantes nationales, la lutte pour l’intégrité territoriale, la souveraineté, l’indépendance et l’autonomie de décision? Très improbable a priori. En effet même à l’intérieur du seul camp de l’Est (car on sait qu’il existe également des contestataires à l’Ouest) l’opposition n’a fait front uni qu’une seule et unique fois, pour boycotter les élections législatives de 1992. Puis le bloc provisoire s’est désintégré et quatre ans plus tard, en 1996, la division a été consacrée avec éclat par un ralliement consistant de forces politiques - surtout de l’intérieur - à l’opération électorale. Et pour les récentes municipales chacun est allé de son côté, les alliances avec les loyalistes n’étant pas rares, même ou surtout chez les plus radicaux… A cette occasion, la position officielle du Bloc national que dirige M. Raymond Eddé était que le parti en tant que tel ne devait pas intervenir, pour ne pas mêler la politique à une affaire de gestion très localisée, marquée essentiellement par un caractère familial. Les candidats du trio Gemayel-Aoun-Chamoun se sont pour leur part fréquemment retrouvés sur des listes opposées. Dans certaines régions ils ont conclu séparément des accords avec le pouvoir et dans d’autres ils l’ont combattu, toujours en ordre dispersé. Il faut donc tirer ce constat: les municipales ont prouvé que la solidarité est du côté de l’opposition un vain mot et sa cohésion ne résiste pas à l’épreuve des échéances. A tel point qu’au lieu de jeter un voile pudique sur leurs divergences, les membres du «Rassemblement national» ou de la «Rencontre de Paris» se sont lancé dans d’interminables polémiques médiatisées, échangeant à gogo accusations et reproches au sujet principalement des tactiques adoptées pour les municipales. Critiqués pour ce comportement de gladiateurs, ils se sont un peu repris juste au sortir des élections, en déclarant que leurs désaccords portaient sur des points secondaires, qu’ils restaient alliés pour le fond, pour la défense des principes nationaux et qu’ils allaient reprendre leurs réunions. Crédibilité Mais le mal était fait, dans ce sens qu’il devient difficile de croire qu’ils peuvent vraiment défendre un programme commun, à l’occasion des présidentielles par exemple. Du reste jusqu’à présent, la promesse de retrouvailles reste virtuelle et il n’y a eu à Paris ou au siège du PNL à Beyrouth - où les commissions communes sont censées se réunir régulièrement - aucune nouvelle concertation des trois courants qui forment le «Rassemblement». On note également ce propos sans doute désabusé du général Michel Aoun: interrogé sur le devenir du «Rassemblement», il a répondu en substance: «Laissons les choses se développer et chacun semer ce qu’il a récolté…». En fait les différents courants de l’opposition se préparent actuellement d’une façon tout à fait séparée pour aborder les présidentielles et pour voir comment ils vont traiter avec le prochain régime. Le Bloc national a décidé, comme on sait, de laisser tout bonnement tomber le boycott et de participer aux législatives de l’an 2000. Le congrès de l’émigration Kataëb, auquel a assisté le président Gemayel, n’a pris aucune résolution concernant ces législatives et l’ancien chef de l’Etat a indiqué que tout dépendra des circonstances. Cependant ce congrès a insisté implicitement pour un changement du système en place en notant que «la vraie volonté nationale doit se substituer à ce que l’on appelle l’accord». Le Parti national libéral de son côté ne s’est pas prononcé, se contentant de faire le point de la situation après les municipales et d’étudier diverses options, dont celle de nouvelles alliances. Même attitude d’analyse sans décision définitive de la part des aounistes dont plusieurs cadres ont été réunis à cet effet à Paris par le général, qui a confirmé que pour les prochaines législatives rien n’est encore décidé. Pour les présidentielles non plus rien n’est arrêté, si l’on excepte que le Bloc national répète qu’il vaut mieux proroger encore une fois le mandat de M. Elias Hraoui. Les divisions de l’extérieur se multiplient naturellement par dix sur le plan intérieur. On compte des opposants au sein même de la troïka (!) et du gouvernement. Des opposants à titre individuel ou saisonnier un peu partout dans la constellation qui gravite autour de Damas. A l’Ouest, on trouve des opposants «constructifs» comme les modérés de la «Rencontre nationale» et des «démolisseurs» comme le trio Wakim-Saad-Khatib. A l’Est des opposants fermes qui s’inspirent un peu de Bkerké; d’autres un peu plus flottants comme les F.L. ou les Kataëb qui se heurtent à leurs propres opposants! Bref, une vraie kermesse qu’il serait très étonnant de voir s’organiser et s’unir. Pour les présidentielles ou pour après…
Où se situent donc les différents courants opposants par rapport aux présidentielles et parviendront-ils à y jouer un rôle actif? Pourront-ils avoir leur candidat ou, à défaut, faire prévaloir une table de critères bien précis pour la présélection? S’entendront-ils sur les moyens à mettre en œuvre pour promouvoir les constantes nationales, la lutte pour l’intégrité...