Assad dans trois jours à Paris La Syrie veut établir un partenariat stratégique avec la France

Le ministre syrien des Affaires étrangères Farouk el-Chareh a souhaité dimanche que les relations de son pays avec la France soient «des relations de partenariat stratégique», dans une déclaration faite à quelques jours de la visite du président Hafez el-Assad à Paris (VOIR AUSSI P. 8). «La promotion des relations bilatérales jusqu’au niveau du partenariat stratégique et le rôle de la France et de l’Union européenne dans le processus de paix» au Proche-Orient seront au centre des entretiens entre M. Assad et le président français Jacques Chirac, a indiqué M. Chareh. Selon M. Chareh, qui s’exprimait à Damas devant la 16e conférence parlementaire euro-arabe, MM. Assad et Chirac examineront «la manière de coopérer entre Syriens et Français pour sauver le processus de paix et établir des relations solides dans les domaines économique, culturel, scientifique et technique». M. Chirac et son homologue syrien, qui doit effectuer une visite à Paris du 16 au 18 juillet, échangeront les points de vue concernant «des sujets régionaux liés aux pays arabes sous embargo (comme l’Irak et la Libye), à la politique déséquilibrée suivie dans l’application des résolutions de l’ONU et aux relations entre la Syrie et la Turquie», selon M. Chareh. La visite à Paris de M. Assad sera la première depuis 22 ans. Le chef de la diplomatie syrienne a, d’autre part, souligné «avec force» l’importance d’un rôle européen au Proche-Orient alors que «le processus de paix est bloqué à cause de la politique hostile à la paix du gouvernement israélien». «Une coopération euro-arabe est plus que jamais souhaitée et elle n’est pas en contradiction avec les efforts des co-parrains américain et russe du processus de paix», a-t-il indiqué. Les Européens «sont plus conscients que les Américains des dangers de l’effondrement du processus de paix et de ses conséquences sur les intérêts communs et sur la sécurité et la stabilité des régions voisines européenne et arabe», a expliqué M. Chareh. «La Syrie a toujours appelé à des relations euro-arabes solides et à un rôle européen plus efficace dans la réalisation d’une paix juste et globale au Proche-Orient», a-t-il ajouté en affirmant que l’Union européenne, avec une attitude «ferme», «peut faire beaucoup pour sauver le processus de paix». Le ministre syrien a en outre estimé que le processus de paix entre Arabes et Israéliens avait cessé d’exister depuis l’arrivée au pouvoir en Israël de Benjamin Netanyahu. «Les négociations sur le volet palestinien n’ont pas porté sur des questions essentielles depuis deux ans. Netanyahu faisait semblant de négocier avec l’Autorité palestinienne et lui posait des conditions rédhibitoires», a indiqué M. Chareh. «Il n’y a plus de processus de paix» entre Arabes et Israéliens depuis que M. Netanyahu est arrivé au pouvoir en mai 1996, a-t-il ajouté. Le ministre syrien a estimé que M. Netanyahu «dénaturait la vérité» et «disait des mensonges» en prétendant que la Syrie empêchait le Liban d’accepter la proposition israélienne sur l’application de la résolution 425 du Conseil de Sécurité de l’ONU stipulant un retrait israélien «sans délai» du sud du Liban. «Cette résolution doit être appliquée sans conditions», a-t-il souligné. Selon lui, l’envoyé spécial européen pour le Proche-Orient, Miguel Angel Moratinos n’avait pas réussi jusqu’à présent dans sa mission de relancer le processus de paix «à cause du refus du gouvernement israélien de coopérer avec lui». «La politique intransigeante du gouvernement israélien est le principal obstacle empêchant la réussite de la mission de M. Moratinos», a affirmé M. Chareh. Le ministre syrien a enfin dénoncé l’alliance «militaire» entre l’Etat hébreu et la Turquie qui «vise à porter atteinte au processus de paix et l’empêcher d’aboutir».