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Actualités - REPORTAGE

Salaires de retraite : Siniora donnera, demain, sa réponse aux propositions des parlementaires

Le ministre d’Etat aux Finances, M. Fouad Siniora, a traversé presque en courant le hall du Parlement pour éviter d’être encore une fois harcelé par les journalistes qu’il s’est contenté de saluer d’un grand geste de la main avant de dévaler les escaliers en marbre. Entre lui et la majorité des députés membres des commissions parlementaires mixtes, l’épreuve de force se poursuit au sujet des salaires des fonctionnaires à la retraite que les parlementaires souhaitent uniformiser dans la mesure du possible, au grand dam du ministre qui craint pour les finances de l’Etat. Deux heures durant hier, les députés membres des commissions parlementaires des Finances et du Budget, de l’Administration et de la Justice, de l’Education et de la Culture, de la Défense, de l’Intérieur et de la Sécurité ont plaidé en faveur de la réduction des écarts entre les traitements de trois catégories de fonctionnaires qui ont pris leur retraite avant 1991, entre 1991 et 1996 et depuis 1996. Le problème est loin d’être réglé et si des propositions de solution ont été présentées, elles se sont toutes heurtées à l’intransigeance du ministre, qui a patiemment développé la même idée, en réponse aux diverses interventions: l’Etat réalise qu’il faut traiter tous les fonctionnaires sur un pied d’égalité, sauf qu’il n’en a pas les moyens. Selon lui, les fonctionnaires à la retraite coûtent à l’Etat près de 400 milliards de livres par an. Ce chiffre sera de 650 l’an prochain, estime-t-il. La nouvelle échelle des salaires va coûter chaque année à l’Etat 415 milliards et son effet rétroactif (à compter du 1er janvier 1996) presque autant. Selon diverses sources parlementaires, le ministre a noyé les députés dans les chiffres pour démontrer que l’Etat s’évertue à réunir les fonds nécessaires au paiement de la nouvelle échelle des salaires, ne sait toujours pas par quels moyens il pourra verser l’effet rétroactif aux fonctionnaires et ne pourra sûrement pas se permettre de majorer les traitements de retraite. Les chiffres du ministère Le débat aurait été facilité s’il était basé sur des documents écrits. A la demande des parlementaires, le ministère des Finances s’était engagé la semaine dernière à soumettre aux commissions un tableau détaillé du nombre et des traitements des fonctionnaires à la retraite. Ce tableau n’a pas été présenté et c’est le ministre qui s’est chargé de donner quelques chiffres aux députés: les fonctionnaires qui ont pris leur retraite avant 1996 sont au nombre de 26.000 dont 6.000 civils et 20.000 militaires. C’est la catégorie la plus lésée. Entre 1991 et 1996, 9.200 fonctionnaires ont pris leur retraite dont 4.700 civils et 5.200 militaires. Depuis 1996, 5.800 autres ont cessé de travailler dont 1.100 civils et 4.700 militaires. L’égalisation des salaires de ces trois catégories constituera un poids que l’Etat ne peut pas supporter, selon M. Siniora. Autre argument présenté par le ministre: une majoration des salaires des retraités pourra «ouvrir l’appétit d’autres fonctionnaires», et déclencher un phénomène de boule de neige, pour reprendre les termes du député Zaher Khatib. Il n’en demeure pas moins que le ministre aura à fournir, demain jeudi, une étude détaillée concernant le coût de la concrétisation des propositions avancées par les parlementaires en vue d’une réduction des écarts entre les salaires des trois catégories de fonctionnaires à la retraite. Loin de se laisser décourager par le raisonnement de M. Siniora, de nombreux députés, dont ceux de l’opposition, ont estimé que les fonds peuvent être réunis grâce à une rationalisation des dépenses, à une réforme sérieuse de l’administration et à une révision de la politique fiscale en vigueur. Une proposition de règlement a été particulièrement retenue par les commissions. C’est celle que M. Zaher Khatib a présentée et qui se fonde sur un rapport du Conseil de la fonction publique. A «L’Orient-Le Jour», M. Khatib a expliqué qu’en 1994, lorsqu’une majoration des salaires a été réclamée pour le secteur public, le gouvernement avait demandé l’avis du Conseil de la fonction publique concernant, entre autres, les salaires des fonctionnaires qui ont pris leur retraite avant 1991. Le Conseil de la fonction publique avait alors jugé que cette augmentation des traitements était possible et avait estimé qu’elle pouvait être de 70% pour les fonctionnaires de première catégorie, de 50% pour ceux de la deuxième et de la troisième catégorie et de 30% pour ceux de la quatrième et de la cinquième catégorie. M. Khatib qui a montré à ses collègues une copie de cet avis nous a précisé que la commission parlementaire de modernisation des lois avait aussi agréé les pourcentages retenus par le Conseil de la fonction publique. M. Khatib a aussi proposé au ministre d’accorder aux autres catégories de fonctionnaires à la retraite, et sur une période de quatre ans seulement, une augmentation de 30%. Cette mesure s’appliquera notamment aux fonctionnaires qui ont pris leur retraite entre 1991 et 1996. «De la sorte les traitements de ces gens se rapprocheront de ceux des fonctionnaires qui bénéficieront des dispositions de la nouvelle échelle des salaires. De plus, l’Etat aura le temps nécessaire pour réunir les fonds dont il aura besoin pour payer cette augmentation», a-t-il dit. Reste à savoir si le gouvernement acceptera une idée à laquelle son représentant aux réunions des commissions s’est opposé.
Le ministre d’Etat aux Finances, M. Fouad Siniora, a traversé presque en courant le hall du Parlement pour éviter d’être encore une fois harcelé par les journalistes qu’il s’est contenté de saluer d’un grand geste de la main avant de dévaler les escaliers en marbre. Entre lui et la majorité des députés membres des commissions parlementaires mixtes, l’épreuve de force se...