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Actualités - ANALYSE

Un été qui peu à peu se teinte de sinistrose ...

Le démantèlement d’un réseau subversif d’anciens F.L. télécommandé d’Australie par Internet (comme quoi la machine judiciaire, quand elle s’y met, peut arrêter même le progrès!) fait beaucoup de bruit dans les cercles diplomatiques étrangers comme dans les milieux politiques locaux. Ajoutée à la guerre qui flambe au Sud, aux menaces de Sharon et aux défaillances de l’électricité, cette information replonge le pays dans ce climat damné qui a été son lot pendant un nombre excessif d’années. Le timing choisi pour annoncer la nouvelle a dès lors produit l’effet dramatique recherché. On aurait pu en effet faire ces révélations il y a belle lurette car les incidents en cause comme les interpellations qui ont suivi l’explosion de Dora datent de trois bonnes semaines. Et l’enquête globale remonte à la fusillade de Tabarja perpétrée en 1996! On a sans doute attendu que cela commence à se compliquer sur divers autres fronts et que les effets positifs des municipales comme de l’échange morts-prisonniers soient un peu retombés. Pour commencer la contre-attaque psychologique, pour ainsi dire. On se souvient en effet, pour aborder l’un des aspects de la question, que le courant F.L. a tenté de s’abstenir de tout triomphalisme après son raz-de-marée à Bécharré et sa réapparition à Beyrouth, en notant avec pertinence qu’une jubilation trop manifeste pourrait lui valoir de nouvelles persécutions. Et il s’était tout de suite lavé les mains de l’affaire de Dora, en soulignant qu’il n’avait rien à voir avec les éléments tués, qui échappaient naturellement à tout contrôle depuis la dissolution du parti. Malgré la prudence des F.L., leur victoire du Nord semble effectivement provoquer à leur encontre des contre-réactions désagréables. Mais il y a sans doute un volet plus important , qui fait directement écho à l’escalade au Sud. S’il se confirmait que le Mossad a mis au point un vaste plan de terrorisme visant à déstabiliser le Liban, cela pourrait avoir une double signification. D’abord, que le retrait israélien du Sud se rapproche vraiment; et il s’agirait dès lors de plonger auparavant ce pays dans l’anarchie intérieure, facilitant ainsi des accrochages armée-Amal-Hezbollah au Sud pour alléger la pression potentielle sur la Galilée. Ensuite, que les Israéliens s’apprêteraient à reprendre langue avec les Syriens au Maryland et exerceraient sur ces derniers un chantage préparatoire à travers la carte libanaise. Mais il y a bien sûr un point de vue tout à fait opposé, qui estime que les montages de scénarios ne proviennent pas forcément de la source que l’on suspecte et désigne tout de suite du doigt à chaque occasion… Quoi qu’il en soit, même du côté officiel on reconnaît que «l’ensemble des développements actuels montre que l’on a de plus en plus tendance à l’extérieur à redonner à la scène libanaise sa vocation antérieure de lice d’affrontement pour des règlements de comptes régionaux». On ajoute cependant qu’un «sujet de satisfaction, sinon de quiétude, est que nous parvenons de mieux en mieux à contrer les visées des Israéliens. Militairement, nous leur avons infligé la dure leçon d’Ansarieh. Et aujourd’hui nous les neutralisons du côté guerre de l’ombre. Le démantèlement du réseau qu’ils dirigeaient, l’arrestation de onze de ses membres, est un succès qui se compare à celui des services suisses qui il y a quelque temps ont démasqué un faisceau d’espionnage sioniste chez eux». Il reste à espérer que la comparaison ne s’arrête pas là pour que l’on puisse vraiment redire un jour que le Liban est bien la Suisse du Moyen-Orient. On en est encore assez loin. D’abord parce que de toute évidence la qualité de la prévention n’égale pas encore celle de la répression, au niveau de la sécurité. Et ensuite parce que dans nombre de régions, sans que l’on en fasse spectaculairement état, la stabilité laisse à désirer en raison surtout d’une criminalité galopante de droit commun. Le tout amenant à se demander si le but recherché n’est pas de démontrer que malgré leurs succès épisodiques, les services locaux ne sont pas encore capables de contrôler seuls le pays. Ainsi avant de s’en aller, l’ambassadeur des USA, M. Richard Jones, avait souligné, presque en souriant, que les roquettes tirées en direction de l’ambassade à Awkar, deux jours après l’explosion de Dora, étaient bien plus «un message politique que sécuritaire». Et c’est presque tout dire… .
Le démantèlement d’un réseau subversif d’anciens F.L. télécommandé d’Australie par Internet (comme quoi la machine judiciaire, quand elle s’y met, peut arrêter même le progrès!) fait beaucoup de bruit dans les cercles diplomatiques étrangers comme dans les milieux politiques locaux. Ajoutée à la guerre qui flambe au Sud, aux menaces de Sharon et aux défaillances de...