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Actualités - OPINION

Hommage à Brigitte Schéhadé

De passage à Beyrouth, Mme Danielle Baglione rend ici hommage à Brigitte Schéhadé, sa tante, récemment décédée à Paris: Brigitte-Alice Schéhadé s’est éteinte le 14 mai dernier au terme d’une longue maladie. Consciente de la gravité de son état, elle avait exprimé le vœu de mourir à Paris, afin de reposer auprès de Georges, son époux, au cimetière Montparnasse. Ses dernières semaines, nulle allusion, nulle plainte qui puisse peser sur les siens, troubler ses visiteurs — mais une dignité légère, une sérénité souriante qui lui faisaient dire: «J’ai eu une belle vie». Belle vie, en effet, que celle de cette jeune femme que le goût de l’ailleurs conduisit au Liban dès 1946. C’est au cours de ce premier voyage sur un bateau bien nommé — le «Providence» — qu’elle rencontra celui qu’elle épousera à Paris, à Montparnasse justement, veillée par deux figures amies, Andrée Chedid et Gaetan Picon. Par ce mariage avec la poésie, dont elle me disait qu’il avait éclairé toute sa vie, se sont nouées les amitiés — Gabriel Bounoure, Henri Seyrig, Octavio Paz, André Breton et tant d’autres, écrivains, artistes, dont les rencontres jalonnèrent la vie beyrouthine et la carrière littéraire internationale de Georges Schéhadé, son époux. De ces rencontres naîtra, fin 1970, le premier Centre d’art, ouvert dans un Aïn-Mreissé aujourd’hui presque disparu. S’y succédèrent et alternèrent avec éclat les expositions d’amis prestigieux tels Max Ernst, Miro, André Masson, Mathieu… et de nombreux artistes libanais, Chafik Abboud, Halim Jurdak, Juliana Séraphim, entres autres. Les exigences de la guerre commanderont l’ouverture d’un troisième Centre d’art, à Paris, la Galerie de la rue des Tournelles, qui vit défiler au cours de multiples et brillants vernissages, amis connus et inconnus devenus fidèles, fidèles acteurs de ces fêtes chaleureuses où régnait quelque chose de l’esprit d’accueil propre à la terre libanaise, comme un parfum volatil dont la nostalgie nous hantait. Seules, la mort de Georges, les années difficiles qui suivirent, ont pu désemparer cette minuscule et rayonnante enclave que sa force et son courage avaient su créer. Pour Alice qui m’a ouvert ce pays des merveilles, Brigitte qui, selon Paul Eluard, aurait dû se nommer «Pensée», refermons doucement le jardin jamais clos de la mémoire sur ce vers de Schéhadé: «Pour nous la mort est une fleur de la pensée».
De passage à Beyrouth, Mme Danielle Baglione rend ici hommage à Brigitte Schéhadé, sa tante, récemment décédée à Paris: Brigitte-Alice Schéhadé s’est éteinte le 14 mai dernier au terme d’une longue maladie. Consciente de la gravité de son état, elle avait exprimé le vœu de mourir à Paris, afin de reposer auprès de Georges, son époux, au cimetière Montparnasse....