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Actualités - REPORTAGE

L'action médico-sociale et de développement en milieu rural : une approche communautaire durable Les secteurs privé et public, en collaboration avec des organismes internationaux mobilisés pour une politique globale et équilibrée

L’action médico-sociale a connu plusieurs étapes, tout au long de son histoire. Les méthodes d’intervention varient en fonction des besoins et des pays. Au Liban, dès 1970, l’O.D.S. (Office de développement social), rattaché aujourd’hui à la Direction Générale du ministère des Affaires sociales, propose, en collaboration avec l’Association des assistants sociaux, un programme définissant les grandes lignes pour la création d’un centre de développement communautaire, dans les milieux urbains et ruraux. Le premier à avoir vu le jour et qui est le plus important au Liban est celui de Bourj-Brajneh dans une zone géographique de la banlieue sud évaluée à 350.000 habitants en 1993 (1). Le même type de programme, après des études faites en 1971-1972 en collaboration avec l’UNICEF, a été appliqué dans 52 régions du Liban. Celui du Bourj-Hammoud n’est pas négligeable... Ce travail régulier, patient, réfléchi et difficile suppose une véritable démocratie locale faisant participer la population aux décisions réelles du pouvoir. Garant du respect de l’équilibre entre l’économique et le social, il implique une transformation des modes de vie en fonction des besoins urgents dans le domaine de l’emploi, la santé, du logement, de l’éducation, la formation professionnelle à travers des micro-entreprises, l’animation pour handicapés et auprès des femmes... L’approche au niveau des collectivités n’est pas récente. Elle a démarré en 1960 lorsque l’O.D.S. avait envoyé des «animateurs ruraux» collaborer avec les populations locales pour améliorer l’infrastructure des régions: routes, canaux d’irrigation, centres sanitaires... suite à des enquêtes sur des zones géographiques choisies selon des «critères d’homogénéité socio-économiques» en vue d’un développement intégral et harmonisé (2). Le travail communautaire existe donc dans les milieux urbains, plus précisément dans des quartiers populaires «défavorisés», «à risque» ou «ceinturant» des villes. Mais les milieux ruraux, de plus en plus à la recherche de solutions efficaces et durables font l’objet d’une attention particulière de la part d’organismes locaux publics et privés parmi lesquels les O.N.G. et les instances internationales. Un calendrier précis, assez fourni dans certaines régions, très limité dans d’autres, à cause d’un manque multidisciplinaire dans le domaine technique et dans celui du personnel, permet d’établir un programme prenant en considération toutes les composantes pour un développement harmonieux communautaire et de ce fait, établissant des liens étroits de collaboration avec les groupes de pression, les municipalités, les makhatirs, les directeurs d’écoles, les chefs spirituels, les leaders de groupe, les clubs socio-culturels ou sportifs... l’activité touche donc l’individu, à travers sa famille, dans sa communauté. Le développement rural: inertie du milieu Depuis de longues années, les besoins en matière de développement rural se sont de plus en plus accrus. C’est pourquoi, par la force des choses et pour suivre le courant du développement dans le monde, et afin de mieux mettre en valeur l’économie des régions amenées à se développer, dans des conditions qui frisent souvent la catastrophe, il était devenu indispensable de répondre aux besoins sociaux. Mais sans l’«adhésion» des citoyens, qui suppose la compréhension des problèmes vécus du dedans plutôt qu’un tour d’horizon global superficiel vu du dehors, tout effort reste vain. En un mot, il fallait intervenir directement au niveau de la population et des comportements faisant prévaloir un rôle efficace au niveau de l’intervention sociale en faisant de ces citoyens des membres actifs agissant en tant que sujets conscients de leurs réalités, de leurs possibilités et de leurs limites, avec la conviction de participer efficacement au développement de leur région. Le efforts des organismes spécialisés nationaux et internationaux, devraient leur permettre de «renforcer leurs capacités d’accéder à un développement humain durable, un développement centré sur l’être humain». De Baalbeck-Hermel à Tyr La région de Baalbeck-Hermel a longtemps été délaissée et souvent marginalisée. La mission I.R.F.E.D. l’avait mise en tête de liste de celles considérées «défavorisées» malgré les cultures «illicites». Ces dernières se sont avérées de plus en plus rentables à partir de 1975 (début de la guerre) dans des secteurs «privilégiés» dont bénéficiait une classe monopolisante jusqu’en 1992, date à laquelle l’éradication avait été envisagée par l’Etat en collaboration avec les organismes internationaux compétents dans le P.N.U.D. et le P.N.U.C.I.D. Un certain nombre de mesures avait été mis en place pour suppléer à cette éradication proposant des solutions de «rechange». Mais le résultat escompté n’était pas proportionnel aux besoins de la région. Sans oublier toute une infrastructure chronique défaillante liée à la sécurité et aux données politiques. Au siège de la P.N.U.D., à Bir Hassan, Mme Zeina Ali Ahmad, responsable du programme des régions rurales et Mlle Randa Aboul Hosn, responsable de la section «Développement Social» ont établi les grandes lignes d’un projet élaboré en plusieurs phases qui cernent les besoins et synthétisent leur diversification. Un programme en deux phases avait été élaboré en 1993-1994 pour la région Baalbeck-Hermel. La première phase s’est terminée en février 1997 et la seconde a démarré en mars 1997. Le programme a été estimé à 7 millions de dollars (3 millions assurés par l’O.N.U. et 4 par le C.D.R.). Un second projet en deux étapes pour le Sud a été mis au point. Le budget qui lui est alloué est de l’ordre de 1 million 300 mille dollars. La première étape est préparatoire. La seconde porte sur de petits projets (écoles réaménagées, formation d’aides infirmières..) de 50.000 dollars chacun. L’ensemble des projets porte sur la réfection des hôpitaux gouvernementaux, le réseau d’irrigation, la formation des cadres infirmiers. Le P.N.U.D. confie à une vingtaine d’O.N.G. environ l’exécution, après avoir étudié le plan d’action. Il finance 80% du projet. Les critères «milieux défavorisés», «régularité du travail», «conception acquise» pour un «développement global durable» sont des facteurs à retenir. Les besoins sont énormes. Les difficultés aussi. Et pourtant, un projet de développement rural global durable doit démarrer en 1998. Rappelons que l’ensemble des projets porte sur: — la réfection des hôpitaux gouvernementaux; — le réseau d’irrigation; — la formation des femmes pour une entreprise productive; — l’assistance à 2000 agriculteurs; — les centres médico-sociaux. Éradication et substitution Envisager des projets agricoles paraît évident surtout après l’éradication, début 92, des cultures illicites. Cette éradication devait être accompagnée d’un développement de la région par une politique de culture de substitution promise par le gouvernement et des pays donateurs. Des crédits avaient été alloués pour les cultivateurs qui devaient bénéficier de 1200 dollars chacun. Les donations sont toutefois largement insuffisantes par rapport aux besoins qui s’amplifient sans cesse. Aujourd’hui ces crédits sont bloqués. En vue de répondre aux besoins et d’engager une politique d’assistance pour une prise en charge plus efficace par les bénéficiers accompagnée d’un programme à long terme, le P.N.U.D. a donc établi le programme des 7 millions de dollars. Le travail s’effectue en collaboration avec les municipalités, les coopératives et les organismes d’aide socio-médicale et bien sûr, les ministères concernés. Il est évident que le budget est largement insuffisant . A la conférence de Paris des pays «donateurs», 53 millions de dollars avaient été sollicités et 110 autres millions réclamés à la conférence des «Amis du Liban», en 1996, à Washington. Les habitants des régions concernées restent donc dans l’expectative ne pouvant se satisfaire de cette politique d’accompagnement d’où le malaise qui augmente. Les projets qui s’élaborent à travers le P.N.U.D. portent en fait sur 4 volets: — un développement rural; — une recherche poussée sur l’état de la pauvreté en vue d’une action efficace pour un développement durable; — un développement des ressources humaines qui suppose l’éducation au niveau de la base et une étude approfondie du marché du travail, de l’offre et de la demande d’où la collaboration avec le ministère du Travail. Une formation technique est également envisagée pour les adultes en collaboration avec le Bureau International du Travail; — un projet pour la formation de la femme amenée à contribuer au développement de la région, en collaboration avec le ministère des Affaires sociales. Ce travail s’accompagne d’une prise de conscience des buts à atteindre aussi bien au niveau des jeunes que des adultes. La conception même de l’approche suppose une réforme au niveau de la base, sur le plan éducationnel, socio-économique et politique et une action conscientisante pour que l’assistance devienne durable et efficace. Des études, des sessions, des stages, des séminaires sont régulièrement organisés en collaboration avec des ambassades, des ministères, des O.N.G. dont des fondations, des organismes de formation sociale... pour que l’action prioritaire porte ses fruits là où les besoins sont les plus explicites. Développement rural durable: 1997-2000 La YMCA au Liban, en collaboration avec la YMCA USA travaille sur un programme étalé sur 3 ans pour une stratégie portée à 5 années. Les responsables du programme se sont rendus compte qu’«il ne fallait pas adopter des modèles de développement copiés de l’extérieur mais adaptés aux besoins locaux». Et il faudrait «se soucier de consolider un partenariat avec les habitants des milieux ruraux d’autant plus que l’après-guerre n’a pas facilité les choses tant sur le plan de l’infrastructure qu’au niveau des responsables ou leaders de ces milieux». Le financement de ce projet est assuré par l’agence américaine pour le développement international ou la «U.S.A.I.D.». Le montant est évalué à «20 millions de dollars pour le Liban». Quelques O.N.G. ont bénéficié de ce projet. Celui de la YMCA est de «2 millions de dollars environ». Le travail repose sur plusieurs secteurs: - l’agriculture; - l’infrastructure de base (l’eau, l’irrigation, routes agricoles, le reboisement, l’hygiène, la pollution); - la santé, l’éducation, l’action sociale, l’environnement. Une phase de préparation de 6 mois est indispensable pour identifier les besoins. Ce travail a démarré en Janvier 1997. Plusieurs villages ont été sélectionnés selon leur critère géographique, et leur appartenance religieuse, selon la formule dite «Cluster» (ensemble de villages aux mêmes spécificités). 30% du coût du projet est financé par les habitants. La femme a un grand rôle à jouer, d’où la nécessité de procéder à une conscientisation systématique afin non seulement de valoriser l’efficacité de son travail mais aussi son droit au développement. La conscientisation touche de toute évidence la population concernée qui réalise ses «droits et devoirs». Le programme spécifique qui s’adresse aux femmes rurales consiste à leur faire apprendre des approches pour la «survie de la famille», donc avoir accès à un «pouvoir économique» important dans un foyer. On leur apprend aussi à réfléchir la production, par exemple savoir «transformer des produits négligés pour éviter le gaspillage», préparer sa «mouné» et faire face au coût compétitif du marché. (1): Bourj El-Brajneh: un véritable état-major... P.55-56, Service social et Développement communautaire — Dossier VI — «Regard» — Jean-Claude Gabriel —1993-1997. (2): l’Animation sociale en milieu rural au Liban remonte à 1961-1962 au moment où la mission I.R.F.E.D. avait entamé son rapport et proposait des solutions. C’est du côté de Deir El-Ahmar que des groupes d’animateurs relevant de l’ODS avaient conçu un circuit à travers le Liban pour permettre aux jeunes de se familiariser à ce travail dans les milieux ruraux.
L’action médico-sociale a connu plusieurs étapes, tout au long de son histoire. Les méthodes d’intervention varient en fonction des besoins et des pays. Au Liban, dès 1970, l’O.D.S. (Office de développement social), rattaché aujourd’hui à la Direction Générale du ministère des Affaires sociales, propose, en collaboration avec l’Association des assistants sociaux, un...