Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Présidentielle : ce n'est pas encore l'heure du choix du candidat

Le climat de liberté et de démocratie qui a marqué les dernières élections municipales marquera-t-il également la prochaine échéance présidentielle ou s’agit-il là d’un vœu pieux utopique et irréalisable dans notre pays où le choix du président a toujours été l’apanage des grands électeurs du moment? Telle est la question que se posent actuellement les Libanais convaincus dans leur majorité que les élections municipales sont une chose et les présidentielles une autre... L’échéance présidentielle a été au centre d’une réunion qui a groupé dernièrement nombre de politiciens, de députés et de hauts fonctionnaires diplomatiques étrangers. Tous les participants ont reconnu qu’au Liban la situation diffère selon les circonstances du moment. A chaque étape, son «grand électeur» qui impose «son président» dont il fait approuver le nom par les autres «électeurs» et dont il assure l’élection à travers une majorité parlementaire qu’il parvient à rassembler. C’est ainsi que les Etats-Unis ont «imposé» en 1976 l’élection du président Elias Sarkis dont le choix avait été approuvé par Damas. Le président Sarkis avait été choisi pour être «le président de la paix» à un moment où tout portait à croire que le début de son mandat coïnciderait avec la fin de la guerre libanaise. Il n’en a toutefois pas été ainsi et le président élu allait d’ailleurs se contenter de gérer la crise refusant de prendre une quelconque décision qui ne serait pas dans l’intérêt du Liban et s’opposant notamment au désarmement des milices locales tant que les armes demeureraient aux mains des combattants palestiniens. Le président Sarkis allait vivre des moments très difficiles réussissant toutefois à préserver l’entité et l’existence du Liban. Après lui, Israël, militairement présent dans la capitale libanaise et devenu donc de facto le grand électeur du moment, allait réussir à faire élire Béchir Gemayel à la présidence avec l’aval des Etats-Unis. En Béchir Gemayel, Israël voyait l’homme opportun qui concluerait avec lui un accord de paix. C’était sans tenir compte du fait que le président élu ne pouvait ignorer la situation libanaise interne ni le fait que le Liban, le plus petit Etat arabe, ne pouvait s’offrir le luxe de devenir après l’Egypte le deuxième pays arabe à signer un traité de paix avec Israël. L’accord du 17 mai Après l’assassinat, une vingtaine de jours après son élection, de Béchir Gemayel, Israël, toujours solidement présent à Beyrouth, «imposa» son frère Amine dans l’espoir que ce dernier parviendrait peut-être à réaliser ce que son frère n’avait pas eu «le temps» de faire. Mais l’échec cuisant de la tentative de conclure «l’accord du 17 mai» fit perdre à Gemayel l’appui d’Israël sans pour autant lui faire gagner celui de la Syrie. Une fois signé l’accord de Taëf, les Etats-Unis estimèrent que l’homme de l’étape ne pouvait être que René Moawad qu’ils choisirent alors pour être le nouveau président et cela avec l’accord de l’Arabie Séoudite et de la Syrie. Mais cette élection ne plut pas à toutes les parties... Après l’assassinat de Moawad, la Syrie proposa l’élection d’Elias Hraoui. Hraoui fut l’homme de l’étape qui s’ouvrait alors. Il mit fin manu militari à la «rébellion» du général Michel Aoun, fit taire les canons, permit aux Libanais de quitter les abris et assura l’exécution d’une grande partie des clauses de l’accord de Taëf en instaurant une stabilité sécuritaire en totale coopération entre les forces armées libanaises et l’armée syrienne. La question qui se pose aujourd’hui est celle de savoir qui sera, l’échéance venue, le grand électeur de l’étape et sur qui se portera son choix. Pour certains, il est encore trop tôt pour définir les caractéristiques du prochain président. Pour eux, il faudrait d’abord savoir à quoi va ressembler l’étape à venir. Sera-t-elle l’étape de la paix globale ou va-t-elle tout simplement s’inscrire en prolongement de l’étape actuelle? Car si l’étape actuelle est appelée à se prolonger, il pourrait alors être question d’une nouvelle prolongation du mandat du président en exercice ou de l’élection d’un président qui constituerait de par lui-même un prolongement du mandat actuel. Mais si l’étape à venir est celle de la paix et de la récupération par le Liban de sa souveraienté et de son intégrité territoriale, les choses seront tout autres. Et la gageure sera alors de trouver l’homme du moment capable d’être à la hauteur de cette nouvelle page de l’histoire...
Le climat de liberté et de démocratie qui a marqué les dernières élections municipales marquera-t-il également la prochaine échéance présidentielle ou s’agit-il là d’un vœu pieux utopique et irréalisable dans notre pays où le choix du président a toujours été l’apanage des grands électeurs du moment? Telle est la question que se posent actuellement les Libanais...