Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Une controverse très peu diplomatique...

Un ancien ministre regrette que «l’on ait soulevé une controverse de pure forme sur la visite aux Etats-Unis du président Rafic Hariri, alors que le débat aurait dû porter sur le fond, à savoir sur les résultats effectifs de cette démarche en regard de la défense des intérêts du pays…». Critiquant donc implicitement le mouvement d’agacement du ministre des Affaires étrangères, ce mentor écouté souligne qu’en tout «il faut savoir aller à l’essentiel: une visite de dirigeant à l’étranger ne se mesure qu’à l’aune de son utilité pour le Liban et peu importe dès lors qui l’accomplit. Le traitement des relations internationales pour servir le pays n’est ni un privilège, ni une chasse gardée mais au contraire un devoir collectif. Il n’existe aucun Etat dans le monde, quel que soit le système ou le régime, où la diplomatie active soit le monopole exclusif d’un département. Il n’existe aucun dirigeant d’Exécutif, président de République ou chef de gouvernement suivant les cas, qui ne joue un rôle primordial dans ce domaine. Et dans un Etat guerrier comme Israël on voit même le ministre de la Défense participer de très près à de telles activités. Autre illustration évidente de ce postulat qui veut que tout le monde assume sa part de diplomatie: ce n’est pas autre chose que fait un ministre du Commerce qui se rend à l’étranger pour y signer des accords ou tenter de décrocher des contrats…». Pour cette personnalité, «dans le cas d’un pays en difficulté comme le nôtre, le président du Conseil commettrait une faute très grave s’il restait sur la touche en matière de politique étrangère. Le Liban — tout comme, à la limite, la Syrie même — a besoin de l’entregent international de M. Hariri. On l’a bien vu en 1993 puis en 1996 lors des agressions israéliennes que ses tournées urgentes en Occident et dans les pays arabes ont permis de juguler d’abord, d’en effacer ensuite les séquelles socio-économiques par des secours appropriés. Quand un baigneur se noie, le maître-nageur n’attend pas pour le sauver une permission écrite de l’administration de la plage…». Après cette image de saison, un peu approximative il faut le reconnaître car M. Boueiz n’est tout de même pas le supérieur hiérarchique de M. Hariri, cet ancien responsable enfonce encore plus le clou en se demandant sur un ton faussement naïf: «La démarche du chef du gouvernement était-elle vraiment nécessaire, était-il réellement le seul à pouvoir non seulement parler avec les Américains ou avec Kofi Annan mais encore à s’en faire entendre, ce qui est bien plus important… C’est ainsi que doit se poser la question, c’est sous cet angle qu’il faut examiner les choses. Le point de savoir s’il aurait dû ou non se faire accompagner d’un ministre, qui se glorifie d’ailleurs de refuser de telles invitations, est tout à fait secondaire. Conflit de compétence ou pas, l’intérêt extérieur de l’Etat commande qu’on laisse de côté les considérations de politique intérieure et encore plus les ressentiments d’ordre personnel. Il aurait fallu attendre d’entendre M. Hariri exposer les buts recherchés et les objectifs atteints en Conseil des ministres avant de porter un jugement sur ses actes». Retenue «Et surtout, souligne cette personnalité, tout responsable doit éviter de se répandre en diatribes dans les médias contre un autre membre du gouvernement, à plus forte raison contre son chef. Si on veut se situer au plan des formes, si on prétend vouloir les imposer, il faut commencer par en respecter la plus élémentaire: l’obligation de réserve. Comme l’avait clamé en France M. Jean-Pierre Chevènement, en rendant en 91 son tablier de ministre de la Défense: un ministre se soumet ou se démet. Auparavant, un ministre qui a compris ce qu’est la démocratie demande des comptes ou s’explique entre quatre murs, au sein de ce Conseil des ministres qui est, entre autres, fait pour cela. Ce n’est pas à la presse qu’il réserve ses confidences sur les affaires d’Etat». Il reste que, pour le fond, qu’il défend tant, cet ancien souligne que, «de toute évidence, il ne suffit pas que M. Hariri croie avoir réussi pour que cela soit vrai. Surtout que ses interlocuteurs américains ne contrôlent pratiquement plus le jeu, Netanyahu n’en faisant qu’à sa tête. Il faut donc attendre pour voir s’il va y avoir des développements positifs, comme M. Hariri le pense, du côté de la 425, dans les prochaines semaines. Il en va de même pour le renouvellement qu’on souhaite sans accroc du mandat de la FINUL ou pour la relance du processus de négociations concernant le double volet syro-israélien et israélo-libanais, indépendamment du blocage des accords d’Oslo. On ne veut pas jouer les oiseaux de mauvais augure, conclut cet ancien ministre, mais généralement les tournées de M. Hariri sont plus réussies sur le plan médiatique que sur le terrain…». Cela reste à voir en effet. Mais pour le moment le succès de M. Hariri a été attesté aussi bien par le vice-président de la République syrienne M. Abdel-Halim Khaddam que par l’ambassadeur U.S. à Beyrouth M. Richard Jones. A cette nuance près que ces deux personnalités ont souligné que le chef du gouvernement libanais était parvenu à bien faire comprendre aux Etats-Unis le point de vue du Liban comme de la Syrie en ce qui concerne la 425. Ce qui ne signifie peut-être pas que ce point de vue, Washington va l’adopter…
Un ancien ministre regrette que «l’on ait soulevé une controverse de pure forme sur la visite aux Etats-Unis du président Rafic Hariri, alors que le débat aurait dû porter sur le fond, à savoir sur les résultats effectifs de cette démarche en regard de la défense des intérêts du pays…». Critiquant donc implicitement le mouvement d’agacement du ministre des Affaires...