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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Colloque à l'ESA Le mécénat de la culture : tout un art ...(photos)

Sayyed Mohammed Hussein Fadlallah a mis en garde contre les intentions des Etats-Unis au Liban et a exprimé ses craintes au sujet de «certains rêves et promesses qu’ils essaient de raviver concernant le dossier libano-syrien» des négociations de paix. Lors de son prêche du vendredi, le dignitaire religieux chiite a déclaré: «Nous suivons avec inquiétude les démarches américaines concernant la résolution 425 et nous craignons une manœuvre qui viserait à miner la nouvelle réalité politique au Liban, notamment en ravivant les rêves et les promesses américains, alors que les Etats-Unis n’ont même pas les moyens d’accélérer le règlement sur le volet israélo-palestinien au profit de l’Etat hébreu». La première session, sur le thème des «enjeux du mécénat», était ouverte par le ministre Elias Hanna, représentant le ministre de la Culture et de l’Enseignement supérieur, M.Fawzi Hobeiche. «Entre le mécène et l’artiste, il s’agit d’un rapport d’interdépendance et de complémentarité, de partenariat et de complicité entre l’esprit et la matière, entre la puissance économique et l’élan créateur», a souligné le ministre. «Ceci nous mène à penser les enjeux du mécénat — aux prises avec les aléas de la vie politique, économique et sociale — comme étant les enjeux de l’art lui-même», a-t-il ajouté. Pour lui, «l’artiste moderne étant autonome, force est de le préserver du besoin. Les syndicats se limitent en effet à défendre les artistes en tant que sujets de droit ou corps social bien déterminés. Le rôle autonome du mécénat comme protecteur désintéressé de l’art et arbitre du goût ne peut que s’accentuer davantage et son intiative ne peut qu’être de plus en plus sollicitée». Après un mot de bienvenue du directeur de l’ESA, M.Roger Ourset, Mme Hraoui a souligné à son tour l’importance du mécénat culturel d’entreprise qui concerne «la société civile, de plus en plus consciente du fait que l’intérêt général n’est pas l’apanage exclusif de l’Etat» ainsi que «les acteurs culturels et de solidarité, à la recherche d’un langage neuf et d’une méthode moderne, capables d’assurer le financement d’une initiative ou de mener à son terme une action entreprise» et enfin «les entreprises convaincues de la nécessité de communiquer, non seulement sur leurs produits, mais aussi sur elles-mêmes, leur image, leur identité, et de passer de la mentalité de l’urgence et de l’assistance à une culture du développement». S’appuyant ensuite sur deux expériences vécues — le Téléthon du 29 mai 1993 — qui a permis de collecter les fonds nécessaires pour édifier le «Chronic Care Center» — et la réhabilitation du Musée national —, Mme Hraoui a affirmé que le mécénat au Liban «demeure marginal et ne s’est pas encore «professionnalisé». Il prend souvent la forme d’aides ponctuelles et ne s’inscrit pas dans le long terme», a-t-elle insisté. «Son statut juridique et fiscal n’est pas consolidé par des lois appropriées». Et de conclure: «Nous sommes ici pour nous interroger sur la situation actuelle du mécénat au Liban et pour tenter de rendre le mécénat de culture plus actif, plus inventif, plus ingénieux». Illustrant ses propos de nombreux exemples d’initiatives des secteurs public et privé, en temps de guerre, la présidente de la Commission parlementaire de l’Education et de la Culture, Mme Bahia Hariri, a souligné que «le mécénat culturel doit aujourd’hui faire partie de la politique de développement économique et sociale du Liban». «A l’aube de ce troisième millénaire, à la lumière d’une expérience de près de trente ans d’engagement, je pense que la culture est un enjeu majeur de nos sociétés; car elle est une des réponses qui permettront à ces sociétés de survivre, sans s’uniformiser, sans s’entredéchirer», a déclaré enfin M. Jacques Rigaud, président d’ADMICAL (Association pour le développement du mécénat industriel et commercial). Survolant ensuite les différents genres de mécénat, M.Rigaud s’est arrêté sur la mission d’ADMICAL, créée en 1979 et conçue «comme devant être un instrument de promotion du concept de mécénat culturel d’entreprise». Et de conclure: «On s’enrichit souvent des expériences des autres, mais il est également important de s’échanger les défaites; d’instruire les autres de nos erreurs afin qu’elles soient évitées». Les points sur les i M. Jean-Claude Boulos, PDG de Télé-Liban, d’Inter-Régies, vice-président mondial de l’IAA Afrique et Moyen-Orient, a plongé dans le vif du sujet sur le thème «Le mécénat: la publicité qui n’ose pas dire son nom». Comparant mécénat et sponsoring, il a souligné que «dans les deux cas, il s’agit d’une aide financière, un soutien accordé pour la réalisation d’un événement social, culturel ou autre. Mais le mécène est au départ une personne privée qui agit à partir de sa fortune personnelle, par amour des arts et des lettres et non pour tirer profit de ses actions. Cependant quand il s’est agi de mécénat d’entreprise, cela a débouché sur tout autre chose. On voudrait bien croire que le mécénat se sépare du sponsoring par la nature des événements et des actions soutenues. Que le mécénat qualifie les actions et événements culturels quand le sponsoring définit les actions sportives ou les événements d’aventures. Mais la vérité est tout autre», a-t-il dit. Démolissant gaillardement les diverses interprétations du mécénat, M. Boulos a indiqué que pour lui «mécénat d’entreprise, sponsoring, parrainage ou patronage définissent finalement une même action. Car la définition donnée du sponsoring comme étant une aide financière accordée à une opération étrangère à l’activité de l’entreprise pour en tirer un bénéfice indirect, ne diffère plus beaucoup du mécénat d’entreprise. L’action humanitaire, l’aide à la recherche scientifique, la promotion d’événements populaires peuvent relever aussi bien du sponsoring que du mécénat (...)». Poursuivant son discours, le PDG de Télé-Liban s’est interrogé: «une entreprise doit-elle investir dans le mécénat ? Et fait-elle vraiment la différence entre l’investissement purement publicitaire et l’investissement mécénal? (...) Patronner une exposition d’art, un concert de jazz, une pièce de théâtre , est-ce une action publicitaire? Oui dans le sens où finalement on veut quand même faire arriver son nom au public. Non, dans le sens où on ne fait pas un acte de vente, mais que l’on veut, derrière la citation du nom du produit ou de l’entreprise, créer un lien d’affection et de sympathie pour le produit et l’entreprise. Et justement, ce sentiment positif qui s’ancrera dans l’esprit du citoyen, ne sera-t-il pas l’élément moteur décisif quand le consommateur voudra choisir une boisson, une voiture, une banque (...) Vous comprendrez, dès lors, le titre de mon intervention (Le mécénat, ou la publicité qui n’ose pas dire son nom). Est-ce à dire que je réprouve la chose? Bien au contraire. Je vais même plus loin, vive le mécénat d’entreprise car il offre des occasions de communiquer autrement plus enrichissantes»... Fondation et fondements théoriques Un avis globalement sceptique que devait réfuter pour sa part, dans un échange intermédiaire d’idées, M. Ghassan Tuéni, PDG du Nahar et vice-président de la Fondation nationale du Patrimoine, qui a rappelé que «la différence entre sponsoring et mécénat est que l’un marchande alors que l’autre ne marchande pas»! — Témoignant de son expérience dans le domaine du mécénat culturel, M. Antoine Habib, directeur de la Fondation Issam Farès, a rappelé que «la Fondation Farès a fait de nombreuses donations aux universités, à Beyrouth comme au Nord, dans le but de promouvoir l’art et la culture (...). Nous avons également offert une grande partie de la bibliothèque de l’ambassadeur Camille Aboussouan, acquise lors d’une vente aux enchères chez Sotheby’s, à l’Université de Balamand. Sur le plan international, le cycle de conférences Issam Farès organisé chaque année à la Taft University de Boston contribue également à répandre la culture et l’art du Moyen-Orient dans le monde (...). Actuellement, la Fondation finance, en collaboration avec l’ambassade de Russie, la publication des archives du consulat de Russie à Beyrouth au XIXe siècle...». M. Habib a conclu son intervention en insistant sur la nécessité d’organiser et de planifier l’action du mécénat qu’il soit de fondation, d’entreprise ou de particulier. «Et cela pour se préparer à accueillir un troisième millénaire qui s’annonce riche en activités culturelles au Liban et dans la région». — «Existe-t-il un mécénat véritable sans politique culturelle?». Cette interrogation, qui porte en soi sa réponse, fonde la réflexion de Nadine Begdache, propriétaire de la galerie Janine Rubeiz. Pour elle, «l’œuvre culturelle se distingue en ce qu’elle véhicule l’inconscient collectif des hommes ainsi que leurs valeurs morales, esthétiques, politiques issues d’un héritage commun. Fondement conscient et inconscient d’une société, elle s’adresse autant à l’intelligence qu’à la sensibilité et arrive à changer l’homme et la collectivité ». Et de soutenir que «le rôle essentiel dans la structuration des fondements de base de l’éducation à la culture revient à l’Etat. Qui ne doit pas faire dépendre le budget du ministère de la Culture de celui du ministère de l’Education, sous peine de voir les fonds manquer en permanence de fonds (...) A partir de là, puisque l’Etat ne peut subvenir au besoin d’une bonne gérance d’un ministère de la Culture, le mécénat pourrait dans certains domaines transformer les projets en accomplissements. Comme cela a été le cas pour la reconstruction du Musée national grâce aux donations. Malheureusement au Liban, le mécénat est encore mal connu, peu répandu, mal utilisé et surtout, il est confondu trop souvent avec le parrainage. Cette méconnaissance du rôle du mécénat», poursuit Nadine Begdache, «est en grande partie due au manque de structures éducatives, culturelles, juridiques, fiscales...Le mécénat est un don gratuit sans contrepartie ou parfois indirecte, alors que le parrainage génère une contrepartie proportionnelle aux dépenses engagées pour financer des événements de culture. Le mécénat au Liban, ajoute encore Mme Begdache, se limite aux aides ponctuelles, souvent aléatoires, éclectiques, désordonnées et surtout personnelles: familiales, amicales et même confessionnelles. (...). Si l’on considère que le Liban renaît après 20 ans de guerre et doit refaire le chemin pour retrouver le niveau intellectuel et artistique des années 60-70, nous devons placer le mécénat dans le cadre de l’intérêt public». A cette fin, la conférencière a énuméré plusieurs domaines culturels et artistiques dans lesquels le mécène peut avoir un rôle. A savoir: la création de maisons de la culture dans les régions; la fondation d’écoles et de troupes de théâtre, de danse, de musique, de chant; la production de films non commerciaux, de courts-métrages, de documentaires; la création d’un orchestre symphonique et de plusieurs petites formations musicales, l’organisation d’exposition d’art dans le pays et à l’étranger... — MM. Maurice Sehnaoui et Raymond Audi ont ensuite fait part de leur expérience respective dans le mécénat d’entreprise. Parmi les intervenants étrangers, M. Andrew McIlroy a présenté une analyse sur l’interaction entre culture et «business», illustrant son exposé de slides. Enfin, Mme Mahassen Ajam a exposé la situation du mécénat au Liban tandis que Mme Virginie Seghers et M. Colin Tweedy parlaient du mécénat en France et en Angleterre. La séance de clôture, dirigée par M. Marwan Hamadé, a porté sur les moyens à mettre en œuvre pour moderniser la loi numéro 1909 relative aux associations et aux fondations au Liban. Sujet traité sous ses divers aspects techniques par le juriste Joe Issa el-Khoury.
Sayyed Mohammed Hussein Fadlallah a mis en garde contre les intentions des Etats-Unis au Liban et a exprimé ses craintes au sujet de «certains rêves et promesses qu’ils essaient de raviver concernant le dossier libano-syrien» des négociations de paix. Lors de son prêche du vendredi, le dignitaire religieux chiite a déclaré: «Nous suivons avec inquiétude les démarches...