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Actualités - CHRONOLOGIE

Pas de garanties de sécurité sans paix globale, réaffirme Hariri à New York Le chef du gouvernement annonce la venue au Proche-Orient d'un émissaire US dans les prochaines semaines

Contrairement aux apparences, les entretiens du chef du gouvernement Rafic Hariri à Washington et New York n’ont pas revêtu un caractère purement routinier ou médiatique. Au Palais de Verre, ils ont été axés sur les moyens de préserver, voire de renforcer, le rôle de la FINUL, à la lumière, notamment, de la décision de la Norvège de réduire de deux tiers ses effectifs de «Casques bleus» en poste au Liban-Sud. Dans la capitale fédérale, ils ont porté, selon des sources gouvernementales, sur la possibilité d’une réactivation des deux volets libanais et syrien du processus de paix. M. Hariri a d’ailleurs indiqué qu’un émissaire US se rendra à cet effet dans les prochaines semaines en Israël, au Liban et en Syrie. La réunion que M. Hariri a tenue hier soir, peu avant 20 heures (heure de Beyrouth) avec le secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, a revêtu une importance particulière non pas tant parce que le mandat de la FINUL expire à la fin de juin, mais plutôt parce que la reconduction du mandat de la force onusienne intervient cette fois-ci dans un contexte régional crucial. L’entrevue, qui a duré deux heures et qui a été entrecoupée d’un déjeuner, a eu lieu en présence du ministre d’Etat chargé des Affaires financières, M. Fouad Siniora, et de l’ambassadeur du Liban aux Nations Unies, M. Samir Moubarak. L’ambassadeur du Liban à Washington Mohammed Chatah a assisté à une partie de la réunion. De source officielle libanaise, on indique que MM. Hariri et Annan ont discuté de la proposition israélienne de retrait conditionnel du Sud. Le secrétaire général de l’ONU a exposé, notamment, au premier ministre les tenants et les aboutissants de l’initiative israélienne, conformément à la position qui lui a été transmise à ce propos par le premier ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu. Réitérant l’attitude officielle du Liban sur ce plan, M. Hariri a expliqué succinctement au secrétaire général de l’ONU pourquoi le gouvernement libanais ne pouvait donner une suite favorable à l’initiative israélienne. Il reste que l’entretien d’hier a porté vraisemblablement sur le rôle incontournable que le secrétaire général de l’ONU devra jouer en tant que médiateur entre le Liban et l’Etat hébreu afin de fixer les modalités d’application de la 425. Au sujet du problème de la reconduction du mandat de la FINUL, MM. Hariri et Annan ont mis l’accent sur l’importance du renforcement de la mission des «Casques bleus» dans la perspective des développements susceptibles de se produire sur la scène régionale dans un proche avenir. En cas de retrait israélien du Sud, la FINUL sera, à l’évidence, appelée à jouer un rôle primordial pour paver la voie à un déploiement de l’armée libanaise. D’où la nécessité d’envisager dès à présent ce cas de figure et d’examiner les moyens de préserver ou d’accroître l’efficacité du rôle des «Casques bleus». Dans l’immédiat, il s’agit de trouver un substitut au contingent norvégien dont les effectifs seront réduits de 600 à 200 hommes (en raison du fait que la Norvège est impliquée dans plus d’une mission de paix dans le monde et que les unités qu’elle engage dans ce genre de missions sont limitées). C’est donc dans un climat marqué par un optimisme prudent que se sont déroulés les entretiens de M. Hariri à Washington et New York. Au cours d’une conférence de presse tenue à l’issue de son entretien avec M. Annan, le chef du gouvernement s’est d’ailleurs déclaré satisfait du bilan de sa visite aux USA. Des sources gouvernementales libanaises ont indiqué, hier soir, qu’en réalité, M. Hariri était porteur d’un message des dirigeants syriens à l’Administration américaine concernant le processus de paix. Dans le cadre de sa coordination étroite avec le président Hafez el-Assad à ce propos, M. Hariri aurait été chargé d’exposer à Washington le dernier point de la position conjointe libano-syrienne. Lors de sa conférence de presse, hier soir, M. Hariri a d’ailleurs confirmé les indications fournies à ce sujet, à Beyrouth, par les sources gouvernementales. «Notre visite a abouti aux résultats escomptés, à savoir exposer la position libanaise et syrienne, a notamment déclaré le chef du gouvernement. Nous avons réaffirmé à plusieurs reprises que le Liban et la Syrie sont prêts à conclure un accord de paix (avec Israël) dans un délai de trois mois. Nous avons affirmé que nous sommes entièrement disposés à faciliter les choses, à condition de préserver nos droits et de respecter les fondements du processus de paix». M. Hariri a été encore plus loin en soulignant que «si Israël désire réellement vivre en paix dans la région, cet objectif est réalisable et à portée de main». «Mais si Israël cherche à dominer la région, a poursuivi le chef du gouvernement, la paix sera alors difficilement réalisable». Le parallèle avec la France et l’Allemagne Evoquant les perspectives de paix entre le Liban et Israël, M. Hariri a établi un parallèle entre la situation qui prévaut entre le Liban et Israël, d’une part, et celle qui marque les rapports entre la France et l’Allemagne actuellement, d’autre part. «Il y a cinquante ans, a notamment déclaré le premier ministre à ce sujet, nul ne pouvait prédire la nature des relations qui existent aujourd’hui entre la France et l’Allemagne. Nous désirons que la même situation se produise entre nous et Israël. Nous désirons voir le peuple libanais vivre en paix avec le peuple israélien. Mais le problème se situe au niveau d’Israël». Le premier ministre a, par ailleurs, réitéré devant les correspondants de presse la position officielle de son gouvernement concernant la 425, soulignant que le Liban exclut toute négociation sur un retrait israélien du Sud en l’absence d’un accord de paix régional. «Nous nous trouvons face à l’alternative suivante, a souligné M. Hariri. Soit Israël se retire de notre territoire en appliquant la 425, auquel cas c’est l’Etat hébreu qui devrait assumer la responsabilité de la sécurité à sa frontière; soit Israël s’engage sur la voie de la paix régionale. Si les Israéliens désirent réellement aboutir à des relations avec la Syrie et le Liban différentes de celles qui existent actuellement, ils devraient dans ce cas reprendre les négociations pour aboutir à un accord qui établisse la paix dans la région». «Les Israéliens, a déclaré M. Hariri, veulent que nous garantissions la sécurité d’Israël en l’absence d’un accord de paix entre le Liban et Israël. C’est impossible. Les Israéliens devraient d’abord reprendre les négociations pour parvenir à un accord de paix régional. Alors, ils se retireront de notre territoire et du territoire syrien». En réponse à une question, M. Hariri s’est, d’autre part, prononcé en faveur d’un rôle accru de la Russie au Proche-Orient. Interrogé sur la teneur de ses entretiens avec le secrétaire général de l’ONU, M. Hariri a indiqué qu’il était convenu avec M. Annan de la nécessité de remplacer l’unité norvégienne qui se retirera du Sud à la fin de l’année 1998. «Nous assurerons le même nombre de Casques bleus, au moins», a-t-il précisé, avant de souligner que la reconduction du mandat de la FINUL se fera «normalement, conformément aux conditions actuelles». Concernant la proposition israélienne de retrait conditionnel du Sud, M. Hariri a souligné que le secrétaire général de l’ONU n’avait «pas besoin de jouer un rôle de médiateur entre le Liban et Israël en vue de l’application de la 425». Lors de sa conférence de presse, M. Hariri n’a pas évoqué, comme il l’avait fait à Washington, l’initiative américaine qui serait entreprise «dans les prochaines semaines» en vue de réactiver les deux volets libanais et syrien. Mais lors de son voyage de Washington à New York, le chef du gouvernement a indiqué aux journalistes, qui l’accompagnaient à bord de l’avion, qu’un émissaire américain se rendra d’ici quelques semaines au Liban, en Syrie et en Israël afin de relancer les efforts de paix entre ces trois pays.
Contrairement aux apparences, les entretiens du chef du gouvernement Rafic Hariri à Washington et New York n’ont pas revêtu un caractère purement routinier ou médiatique. Au Palais de Verre, ils ont été axés sur les moyens de préserver, voire de renforcer, le rôle de la FINUL, à la lumière, notamment, de la décision de la Norvège de réduire de deux tiers ses effectifs...