Kosovo : Washington entend maintenir la pression sur Milosévic (photo)

Les Etats-Unis entendent maintenir la pression sur Slobodan Milosevic à propos du Kosovo, tout en admettant avec prudence quelques timides avancées après la rencontre de Boris Eltsine, mardi à Moscou, avec le président yougoslave. Les différentes administrations américaines ont décliné tout au long de la journée des nuances différentes dans leur analyse de cet entretien au Kremlin où Slobodan Milosevic, selon le communiqué commun russo-yougoslave, s’est engagé notamment à reprendre les discussions avec les représentants de la communauté albanaise au Kosovo. L’accent était mis tour à tour à Washington sur la déception, une satisfaction mesurée ou encore la fermeté. Ce dernier rôle est revenu au secrétaire à la Défense, William Cohen, lors de son retour vers les Etats-Unis, après une tournée en Europe. «Si les tueries se poursuivent, je pense qu’une tendance très affirmée se fera jour pour parvenir rapidement à un accord (sur une intervention) plutôt que de recourir à des débats sans fin», a souligné le responsable du Pentagone. William Cohen s’est déclaré persuadé que les différents pays occidentaux se prononceraient en faveur d’une intervention militaire si les exactions s’y poursuivaient, même en l’absence d’une résolution des Nations Unies donnant le feu vert à une telle opération militaire au Kosovo, une province serbe peuplée à 90% d’Albanais. La Russie, membre permanent du Conseil de Sécurité, a déjà fait savoir qu’elle était opposée à une telle résolution. «Ils ont vu ce qui s’est produit en Bosnie, ils ont admis que d’interminables atermoiements ont donné pour résultat des massacres et tueries sans raison et ils sont tout à fait déterminés à ce que cela ne se reproduise pas», a ajouté William Cohen, en parlant des ministres de la Défense de l’OTAN. Optimisme mesuré Du côté de la Maison-Blanche, le ton se voulait plutôt à l’optimisme mesuré et le porte-parole présidentiel américain, Michael McCurry, a estimé que les résultats de la réunion de Moscou allaient «dans la bonne direction». «Le gouvernement américain apprécie le bon travail que le président Eltsine a réalisé» en convainquant le président yougoslave de prendre les mesures annoncées à l’issue de l’entretien, a ajouté le porte-parole. Slobodan Milosevic s’est engagé aussi «à ne pas procéder à des actions de représailles contre la population civile», selon le communiqué publié à Moscou. «Nous pensons, a poursuivi Michael McCurry, qu’il s’agit de mesures pouvant fonctionner en conjonction avec d’autres mesures qui doivent être prises pour diminuer la tension et entamer un dialogue authentique». Et le porte-parole a insisté à cet égard sur un «élément important» manquant à la réunion de Moscou et qui était réclamé par le Groupe de contact sur l’ex-Yougoslavie (Allemagne, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Russie): le retrait du Kosovo des troupes yougoslaves responsables de «violences» dans la province et de certaines opérations à la frontière avec l’Albanie. «Il n’y a pas, a-t-il dit, de justification à la poursuite d’une campagne brutale de violences par les forces de sécurité serbes, et le retrait des forces de sécurité serbes est fondamental». Témoignant devant le Sénat, le secrétaire d’Etat, Madeleine Albright, a estimé pour sa part que les «objectifs principaux» du Groupe de contact n’avaient pas été atteints lors de la réunion de Moscou. «Toutes les options demeurent possibles», a-t-elle encore déclaré, en rappelant que les responsables militaires de l’OTAN examinaient toujours différentes possibilités. Bill Clinton et Boris Eltsine, selon la Maison-Blanche, ont décidé de rester en «contact très étroit» pour la suite des développements dans la crise du Kosovo. (AFP)