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Actualités - OPINION

Témoins à décharges

Ça y est, t’es content? Cinq semaines durant, tu as joué au citoyen, échangé des conjectures avec le voisin, le pompiste et le concierge, biffé ou rajouté des noms pour équilibrer les Ali, Mohammed et autres Maroun... Puis, muni de ton petit papier au dosage mesquin, tu es parti fièrement le déposer dans l’urne vermoulue de la tombola municipale, au milieu des bousculades et des miasmes des aisselles de l’été. Brillante façon d’occuper son dimanche, après des semaines de campagne débile! Souviens-toi... Première phase: les textes te promettent une élection comme dans les pays normaux, c’est-à-dire avec des candidats dont on se fiche dans quel sens ils font le signe de la croix ou dans quelle direction ils se prosternent. Deuxième étape: les clans, les tribus, les familles, les turbans, les soutanes et les benêts de la politique prennent les choses en main. «Nos frères chrétiens», «nos frères musulmans», qu’ils disaient... pour ensuite s’insulter en catiminette et caviarder les listes. Je te ferai remarquer que ce sont en général les plus obtus qui usent de ce qualificatif, car enfin, quel besoin d’affubler un individu du titre de «frère», au seul prétexte de l’étiquette confessionnelle, si ce n’est pour exhiber sa différence? Un vrai frangin, ça ne se présente pas. Tu fermes ta gueule et tout le monde le sait... Dernier jalon: avec un tel débat allant au ras des caniveaux, tous les candidats se sont forcément mués en bennes à ordures. Tous ont promis de torcher plus blanc, de planter des arbres et des rosiers, de protéger les oiseaux, la mer, l’environnement. Alice au pays des merveilles quoi, avec rien que des Cousteau et des Tazieff à la clé... Seulement voilà, personne ne savait que pour aménager un jardin public, éclairer une avenue ou ouvrir un parking, il fallait autant de Mahomet que de petits Jésus! Sinon, tout le monde aurait voté Sukleen.
Ça y est, t’es content? Cinq semaines durant, tu as joué au citoyen, échangé des conjectures avec le voisin, le pompiste et le concierge, biffé ou rajouté des noms pour équilibrer les Ali, Mohammed et autres Maroun... Puis, muni de ton petit papier au dosage mesquin, tu es parti fièrement le déposer dans l’urne vermoulue de la tombola municipale, au milieu des bousculades...