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Actualités - REPORTAGE

Les FL confirment leur influence à Deir El-Ahmar (photos)

Plusieurs villages au nord-ouest du caza de Baalbeck dans la Békaa ne se sont pas rendus aux urnes hier. Non pas qu’ils ont boudé les élections municipales mais simplement parce qu’ils ont pu former des listes consensuelles, comme à Deir el-Ahmar par exemple. Dans d’autres localités, telles que Ferzol ou encore Chlifa, les partis de droite et de gauche se sont livré bataille par familles interposées. Avec 33° à l’ombre, il y avait de quoi décourager le plus téméraire des électeurs. Pas à Ferzol où les bureaux de vote ont enregistré à 15h un taux de participation de 80%. Dans cette localité proche de Zahlé, une liste soutenue par les familles s’est mesurée avec une autre appuyée par le courant aouniste et les «Forces libanaises». La bataille a un goût plutôt local et c’est sur des rivalités familiales que sont venus se greffer les conflits idéologiques et politiques. Il n’était pas possible pour les partisans du PSNS et ceux des FL et du courant aouniste de se retrouver dans une même liste, même si chaque courant propose pour le village un programme de développement analogue à l’autre. L’hostilité est d’ailleurs perceptible dans les propos des uns et des autres et chaque camp rejette sur l’autre la responsabilité de l’échec des tentatives de conciliation. Les deux n’ont pas réussi à former des listes complètes, affirmant chacun avoir voulu laisser des places vacantes pour les familles qui ne sont pas représentées dans les listes. Le conseil municipal de Ferzol est formé de 15 sièges. La «liste de l’entente et du développement» présidée par M. Fayez Khazen Chéhadé est composée de 13 candidats contre 12 pour la «liste de la fidélité et de la décision» (appuyée par le courant aouniste et les FL). M. Fayez Chéhadé se défend d’être soutenu par le PSNS. Il présente sa liste comme un rassemblement de personnes indépendantes qui se sont réunies pour développer le village. Il reconnaît toutefois que certains «sympathisants» de ce parti sont membres de sa liste. «Mais nous ne sommes soutenus par aucun parti», insiste-t-il. Selon les explications de M. Chéhadé, le PSNS avait au départ formé une mini-liste de huit membres. Il aura renoncé à s’engager dans la bataille électorale «pour favoriser l’entente et éviter de provoquer des scissions au sein des familles». Les candidats de la liste rivale précisent que le PSNS a retiré ses partisans de la bataille électorale parce qu’il n’était pas assuré de sa victoire en tant que parti. «Il aurait eu plus de chances de se faire représenter au sein du conseil municipal de Ferzol en soutenant ses sympathisants parmi les candidats des familles», estiment-ils. Si les candidats de cette liste refusent qu’on leur colle une étiquette politique, leurs adversaires n’ont aucun problème à afficher leur appartenance politique. Leur ambition ne se limite pas au développement du village. Ils souhaitent encourager les chrétiens qui s’étaient installés à Beyrouth durant les sombres années de guerre à revenir au village. M. Joseph Hanna, un des responsables du courant aouniste à Ferzol, ne mâche pas ses mots: «Si c’est la liste rivale qui gagne, nous la féliciterons, c’est sûr. Mais je dois vous dire que c’est le village qui perdra, les autres n’ayant pas le même niveau d’éducation que celui des candidats sur notre liste». M. Hanna n’est pas candidat, mais il soutient farouchement la liste d’Ibrahim Nasrallah. Il décrit son engagement dans la bataille électorale comme un acte d’amour pour Ferzol. «Nous avons dû quitter la région durant la guerre et aujourd’hui nous revenons exprimer notre amour pour le village. Tous ceux qui sont partis veulent revenir. Il nous importe qu’ils rentrent tous. Il nous importe de surmonter le sectarisme et d’assurer des opportunités de travail pour tous les habitants du village». Selon lui, 300 personnes venues spécialement de Beyrouth ont voté pour que Ferzol ait un conseil municipal à la hauteur des aspirations de ses habitants. Le spectre du panachage Pour M. Hanna, il n’était pas possible de former une liste consensuelle. «Vous ne pouvez pas concilier deux contraires», dit-il. La liste du courant aouniste et des FL a laissé trois sièges vacants «pour laisser aux familles la possibilité de la compléter» par leurs représentants. Celle de M. Chéhadé a aussi laissé deux sièges vacants «pour les candidats de la famille Hanna (représentée toutefois par deux personnes sur la liste rivale) et de la famille Farah» qui a pourtant son candidat sur la liste Chéhadé. Le spectre du panachage est omniprésent à Ferzol, les amitiés et les relations de voisinage étant tout aussi importantes, sinon plus, que les sympathies politiques. Le pointage effectué à la fermeture des bureaux de vote permettait de croire que les deux listes cohabiteront au sein du conseil municipal de Ferzol. La panorama électoral est le même à Chlifa où deux listes incomplètes sont également en lice, l’une qui semble bénéficier discrètement de l’appui des FL et du courant aouniste et l’autre soutenue tout aussi discrètement par le Hezbollah, à travers le député Rabiha Keyrouz, membre du bloc parlementaire du parti de Dieu. A Chlifa, toutefois, le facteur familial et tribal l’emporte sur les considérations d’ordre politique. Selon les explications des habitants, il a été le principal obstacle à la formation d’une liste consensuelle. M. Gergès Seklaoui, membre de la liste de Youssef Réaydi — que le courant aouniste à Ferzol dit appuyer — reproche notamment au député Rabiha Keyrouz d’avoir maintenu son candidat, Joseph Keyrouz, sur la liste de Chawki Hachem, après avoir affirmé que la famille Keyrouz allait se tenir à l’écart aux élections, lorsque l’échec des tentatives de conciliation a été confirmé. Le député Keyrouz fait valoir aussi que ce sont des considérations d’ordre familial qui ont empêché la formation d’une liste consensuelle sans vouloir trop s’étendre sur la question. Et pour cause: il était entouré d’une vingtaine de personnes. Il ne cache pas son appui à la liste de Chawki Hachem qu’il présente comme celle de l’entente. Deir el-Ahmar: «Les F.L. dans le sang» Deir el-Ahmar, en revanche, est complètement étrangère à ce genre de tiraillements. Le conseil municipal de cette localité, tout comme ceux de Aïnata, de Yammouneh et de Bechouat, a été élu d’office: les familles de ces villages ont pu s’entendre, après une série de consultations, sur les noms de leurs candidats aux conseils municipaux. Sauf que Deir el-Ahmar, qui a depuis hier un nouveau conseil municipal présidé par M. Khalil Kozeh, a voulu marquer le coup en célébrant «les noces de l’entente» dans le village. Deir el-Ahmar affiche fièrement son appartenance politique: «Que le Diable en personne vienne chez nous, il deviendra un FL. Nous avons les «Forces libanaises» dans le sang», commente, sur un ton passionné, un vieux villageois au passage d’un convoi de jeunes partisans de M. Samir Geagea. Les portraits du chef des FL et des drapeaux de cette formation dissoute ornent les balcons de toutes les demeures, dissimulent les capots des voitures et cachent les inscriptions sur les panneaux de signalisation. Les habitants de Deir el-Ahmar se retrouvent à 10h sur la place du village pour une «Dabké» folklorique. On chante, on échange des discours de circonstance avant de se rendre à l’église pour une messe d’action de grâce célébrée par l’évêque maronite de Baalbeck-Deir el-Ahmar, Mgr Mounjed el-Hachem. Pendant que les plus vieux prient, les plus jeunes sillonnent les rues du village, à pied ou en voiture, brandissant les drapeaux FL et les portraits de M. Geagea. «Dieu, Liban, Hakim», crient-ils à en perdre la voix. La chaleur torride est loin de les décourager: ils sillonnent les rues à longueur de journée, sans se fatiguer. C’est eux d’ailleurs qui accueilleront le convoi du ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, à son arrivée au village en début d’après-midi. Quatre tanks précèdent le convoi et prennent position dans le village. Scandant toujours «Allah, Libnan, Hakim wa bass», les jeunes manifestants escortent le convoi jusqu’à la demeure des Saadé où M. Murr est attendu et où il a droit à un véritable bain de foule. Tout le monde veut saluer et embrasser le ministre. D’ailleurs de Chtaura jusqu’à Deir el-Ahmar, plusieurs banderoles souhaitent la bienvenue au ministre de l’Intérieur pour qui on égorge trois moutons. Il est intéressant de noter l’absence de portraits de candidats dans les villages au nord-ouest du caza de Baalbeck. Sans la foule massée devant les bureaux de vote et la présence imposante des forces de l’ordre, nul ne se serait douté que ces villages sont en train de renouer avec une tradition démocratique interrompue il y a 35 ans.
Plusieurs villages au nord-ouest du caza de Baalbeck dans la Békaa ne se sont pas rendus aux urnes hier. Non pas qu’ils ont boudé les élections municipales mais simplement parce qu’ils ont pu former des listes consensuelles, comme à Deir el-Ahmar par exemple. Dans d’autres localités, telles que Ferzol ou encore Chlifa, les partis de droite et de gauche se sont livré...