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Actualités - CHRONOLOGIE

Iran : les modérés contre-attaquent Le maire de Téhéran invoque Khomeiny pour sa défense Jameh continue de paraître (photo)

Face aux pressions de plus en plus fortes des conservateurs du régime, les partisans du président iranien Mohamed Khatami ont choisi de passer à la contre-attaque. En tentant de faire tomber le ministre de l’Intérieur, le Parlement cherche à infliger un «camouflet» au gouvernement, ont-ils fait valoir, tandis que le quotidien «Jameh», suspendu mercredi par décision de la justice, affirmait sa volonté de continuer à paraître en attendant un jugement en appel. Le journal est sorti jeudi après-midi avec en premier titre une déclaration du vice-ministre de la Culture chargé de la presse, Ahmad Bourghani, affirmant que «la publication peut continuer en attendant une décision définitive en appel». Le rédacteur en chef de «Jameh», Machallah Chams al-Vaezin, a dénoncé le «verdict politique» de la cour de justice pour la presse, allusion à l’emprise des conservateurs sur la justice et à leur hostilité envers ce journal qui soutient ouvertement la ligne modérée du président Khatami. Il a déclaré que le journal allait faire appel dans le délai légal de vingt jours. «En attendant, nous publierons notre journal et augmenterons même le tirage, comme prévu», a-t-il ajouté. S’agissant du cas du ministre de l’Intérieur Abdollah Nouri, sous le coup d’une menace de censure du Majlis, c’est le chef de l’Etat lui-même qui est monté en première ligne. «Le ministre de l’Intérieur a la force nécessaire pour s’expliquer et faire valoir ses positions», a déclaré le président Khatami lors d’une réunion du Conseil des ministres consacrée à cette question. Tout en reconnaissant aux députés le droit d’interpeller un ministre du gouvernement, M. Khatami a affirmé que «le moment» avait été «mal choisi». Le porte-parole du gouvernement et ministre de la Culture, Ataollah Mohadjerani, a pour sa part accusé le Parlement de «profiter du procès en cours du maire de Téhéran, Gholamhossein Karbastchi, pour vouloir censurer le ministre de l’Intérieur», lui aussi membre de la coalition «radicaux-modérés» qui forme le gouvernement. M. Mohadjerani a accusé les parlementaires conservateurs d’avoir lancé cette attaque à un moment où l’attention de l’opinion publique était davantage accaparée par la Coupe du monde de football. «Cette fois encore, cette motion de censure risque d’avoir un effet boomerang, et donnera au ministre et ses partisans une occasion d’évoquer les vrais problèmes du pays», a déclaré M. Mohadjerani, cité par le journal «Ettela’at». Trente et un députés, pour la plupart membres de la majorité conservatrice du Parlement, ont déposé mercredi une motion de censure individuelle contre le ministre de l’Intérieur. Alors que pour les partisans du ministre, cette motion de censure «n’aboutira pas», plusieurs membres influents de la majorité parlementaire ont, au contraire, laissé entendre dans la presse que M. Nouri «tombera». Le dépôt de cette motion de censure est intervenu alors que l’influent maire de Téhéran, un autre proche du président et du ministre de l’Intérieur, est jugé pour escroquerie et pour avoir financé les campagnes électorales de plusieurs de ses amis politiques. A la reprise du procès du maire de la capitale, le ministre de la Culture était présent sur les bancs du public, une manière symbolique pour la coalition gouvernementale de lui manifester son appui. M. Karbastchi, très offensif, a juré n’avoir «pas volé un seul rial» dans les caisses de la municipalité. «Tout ce que j’ai fait, c’était pour transformer une ville moribonde en une cité moderne et vivable, avec des centaines de kilomètres de voies rapides, des espaces verts, des centres culturels», a-t-il plaidé. Le maire a affirmé ne gagner que 2 millions de rials par mois, soit 650 dollars au taux officiel. Apparemment en verve, il a ironisé sur l’arbitraire de la justice et mis les rieurs de son côté en citant un proverbe persan: «Quelqu’un a commis un délit à Balkh (aujourd’hui en Asie centrale), on a coupé la tête d’un autre à Téhéran», une allusion à son cas personnel. Plus sérieux, il s’est référé à l’ayatollah Khomeiny, dont il fut un proche, citant un passage d’un ouvrage dans lequel le père de la révolution iranienne «demande à la justice d’être équitable, car toute erreur judiciaire serait préjudiciable à la république et à l’islam tout entier». Le président du tribunal, l’hodjatoleslam Mohseni Ejei, n’a pas voulu être de reste et lui a répondu «qu’il ne fallait pas se contenter de citer les passages de Khomeiny qui vous arrangent. Il a aussi dit beaucoup de choses sur les abus de biens publics…». M. Karbastchi est, en revanche, apparu nettement moins à l’aise vers la fin de l’audience face à un juge minutieux, qui revient méthodiquement sur les points faibles de la défense. Le magistrat a soulevé une nouvelle fois une affaire de compte bancaire parallèle attribué à la municipalité sur lesquels auraient transité des fonds destinés à financer les activités politiques de proches de la faction modérée, qui apparaît désormais comme le cas le plus embarrassant pour M. Karbastchi. Il a affirmé d’ailleurs qu’il «n’existait aucun lien» entre les délits qui lui sont reprochés et les personnalités modérées. M. Karbastchi a estimé en outre que le tribunal «n’avait pas le droit d’accuser un gestionnaire public sur ce qui relève de ses prérogatives». Il a ajouté que l’utilisation de certains comptes ou de certaines sommes d’argent s’était fait avec l’autorisation notamment de personnalités de l’ancien gouvernement, à dominante conservatrice, comme le ministre de l’Intérieur Ali Bécharati.
Face aux pressions de plus en plus fortes des conservateurs du régime, les partisans du président iranien Mohamed Khatami ont choisi de passer à la contre-attaque. En tentant de faire tomber le ministre de l’Intérieur, le Parlement cherche à infliger un «camouflet» au gouvernement, ont-ils fait valoir, tandis que le quotidien «Jameh», suspendu mercredi par décision de la...