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Actualités - OPINION

Carnet de route Péripéties

PÉRIPÉTIES Je n’ai vraiment pas envie d’écrire. D’abord, parce qu’après une lecture frénétique de la presse nationale et étrangère depuis dix jours, je ne sais plus si le Viagra tue ou procure des orgasmes aux femmes, ni quelle est la position du Saint-Siège sur la question. Ensuite parce que je confonds patrimoine et municipales, sans doute pour être saturée de la propagande faite au premier et incapable de déchiffrer la signification des autres, sinon qu’elles sont un premier acte politique auquel les Libanais se sont accrochés alors que la Syrie sœur en détournera le libre fonctionnement aussitôt qu’elle le décidera. Car ce n’est pas parce que nous oublions parfois que nos trois présidents sont mus du dehors qu’il faut sauter de joie à l’élection de listes municipales comme celle du jeune ministre de la Santé ou à l’idée que les «indépendants» le resteront longtemps. * * * Bref, c’est le cafard ou la lucidité, je ne sais pas . Je sais en revanche que je suis dégoûtée de la lecture en français au Liban. Après avoir interrogé plusieurs librairies sur leur stratégie de commande, des grandes et des petites, il ressort que la pénurie de bons livres est due à la médiocrité des lecteurs. Que les libraires soient des commerçants comme les autres, au niveau des chiffres d’affaires, personne ne le leur reproche. Mais il existe des commerçants qui prennent un minimum de risques (par exemple deux «Actes Sud» pour dix best-sellers, un Winock contre quinze «J’ai lu»). Ce ne sont pas les plus opulents, mais les plus réconfortants. Serions-nous donc, tant que nous sommes, des accros de Sulitzer, des collections françaises «Harlequin» ou «Duo», adaptées, en fait, de romans d’amour américains? Et quand on trouve Pessoa sur un éventaire, faut-il crier au miracle, alors qu’on trouve son œuvre entière dans la moindre librairie municipale de prêt de Paris? C’est vrai que le papier en est parfois jauni, mais vive le papier jauni pour tout Michelet comme pour tout Agatha Christie et les livres d’Oké, le Nobel japonais. On me dira qu’il ne faut pas comparer ce qui n’est pas comparable. Mais pour un pays qui se fait gloire de sa francophonie quand ça l’arrange-et que ça arrange l’ambassade de France - et ne lit, les exceptions ici ne font que confirmer la règle, que de la mauvaise littérature, à quoi servent les Tabucchi, les Rouaud, les Furet, les Bruckner, et même les mémoires du Cardinal de Retz? Tout le monde n’est pas Pharès Zogbi, dont la bibliothèque compte plus de 40000 volumes français (1) ni Camille Aboussouan qui chine encore à la recherche des voyageurs d’Orient. En traversant Paris, certes. Pourquoi est-ce que je m’indigne, après tout? Pour qui? Pour une langue mal enseignée, mal assimilée, une si belle langue pourtant, que nous avons tant aimée, qui devient ici un sabir, quand elle est parlée et même écrite. Et qui ne se lit qu’au niveau des romans de gare. Nous n’allons tout de même pas en pleurer, de voir s’éloigner cette langue de colonisation que seule l’Algérie a su conserver comme langue de culture dans une littérature remarquable. «Le silence éternel des espaces infinis m’effraie»: qu’a voulu dire l’auteur? Question du bac?
PÉRIPÉTIES Je n’ai vraiment pas envie d’écrire. D’abord, parce qu’après une lecture frénétique de la presse nationale et étrangère depuis dix jours, je ne sais plus si le Viagra tue ou procure des orgasmes aux femmes, ni quelle est la position du Saint-Siège sur la question. Ensuite parce que je confonds patrimoine et municipales, sans doute pour être saturée de la...