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Actualités - ANALYSE

Quelques réalités jusque-là occultées...

Au fur et à mesure que tombent les résultats, les municipales se confirment comme un excellent révélateur politique. Au point de donner l’impression, par les réalités mises en valeur et qui jusque-là étaient occultées, que le test des législatives n’était pour sa part qu’un vaste canular. Analysant ces données, des opposants modérés spécialisés dans la micro-cuisine du mezzé local, développent les remarques suivantes: — Beaucoup de ministres et de députés voient les listes qu’ils soutiennent battues à plate couture dans leur zone d’influence et même dans leur propre village. Ce désaveu, ce camouflet de l’électorat prouve que ces braves gens ne sont que des parachutés, n’ont aucune assise, aucune représentativité et devraient en conscience démissionner. Il y aurait eu en effet une forte pression populaire dans ce même sens si un député avait brigué une présidence de conseil municipal (ce que la loi, fort heureusement pour les loyalistes, n’autorise pas) et qu’il eut aussi lamentablement échoué. — Dans la même logique, on constate que l’adoption du mohafazat comme périmètre de circonscription trahit par sa trop grande dimension l’impératif de représentativité au niveau des législatives. Imposés sur des listes favorites pour telle ou telle considération, nombre de députés ne représentent finalement que leur propre personne. Et ils n’auraient eu aucune chance si l’on avait retenu la petite circonscription, le caza par exemple. On invoque, pour justifier le choix du mohafazat, l’argument du «brassage» des collectivités. Mais quand elles se retrouvent sans vrais représentants, leur amalgame est ipso facto fictif. Et ensuite, alliés simplement pour les élections, on voit souvent ces politiciens se séparer ensuite. Sans compter que les villes, les localités, les villages, ne voient pas leurs intérêts bien défendus quand la présence d’un député au Parlement ne dépend pas directement de leur volonté. De même, l’argument qui veut qu’une micro-représentation peut attiser le confessionnalisme est fallacieux: c’est entre vrais représentants, appelés à s’adapter les uns aux autres, que peut régner un véritable esprit de consensus. Et c’est au contraire un homme élu au niveau d’un mohafazat, grâce aux voix d’une autre communauté que la sienne, qui serait tenté de faire des surenchères confessionnelles ( on en voit plus d’un haut exemple) pour larguer ce handicap… Quand il ne se résigne pas à être le docile féal d’un chef de liste d’une autre confession et à trahir les intérêts des siens. Chambre imparfaite — Dans nombre de régions, il semble que les alliances conclues à l’occasion des municipales remettent en question celles qui avaient été contractées lors des législatives, dont la prochaine édition pourrait en être profondément affectée. On a pu ainsi entendre dimanche dernier un leader nordiste reconnaître que la formation mise en place en 96 était «artificielle», se trouvait contestée par la base et ne serait probablement pas reconduite en l’an 2.000… — Organiquement préservées des atteintes à la démocratie et aux libertés car se déroulant à huis clos, les municipales ont permis aux forces politiques réprouvées ou qui boycottaient le système de faire massivement acte de présence et de démontrer un potentiel électoral qui est loin d’être négligeable. Ces courants pourraient effectuer une percée remarquable aux prochaines législatives… si elles devaient être libres et propres. En tout cas, de cette irruption sur la scène politique et des résultats obtenus, on peut déduire que l’intérêt du pays voudrait qu’on renvoie la Chambre actuelle, qui est pour le moins imparfaite sur le plan de la représentativité, pour permettre au peuple qu’on dit souverain d’exprimer au plus tôt sa vraie volonté à travers des législatives anticipées et sur base d’une loi électorale assainie. Cette dernière observation, sur laquelle se conclut l’analyse des sources opposantes, prête cependant à discussion. «En effet, souligne un radical, le boycott n’était pas motivé uniquement par les failles de la loi électorale mais bien au-delà, par une remise en question de tout le système issu de Taëf, surtout sous l’angle du manque d’autonomie laissé à la décision libanaise. Et c’est parce que rien de cela ne joue au niveau des municipales qu’il a été décidé de ne pas les bouder. Il pourrait en être difficilement de même pour les prochaines législatives, anticipées ou pas, si les conditions de base devaient rester les mêmes. D’autant que l’expérience de 96 a montré, par les chiffres, que le ralliement au système était une erreur».
Au fur et à mesure que tombent les résultats, les municipales se confirment comme un excellent révélateur politique. Au point de donner l’impression, par les réalités mises en valeur et qui jusque-là étaient occultées, que le test des législatives n’était pour sa part qu’un vaste canular. Analysant ces données, des opposants modérés spécialisés dans la...