Intensification des contacts pour préparer le sommet arabe L'émir Abdallah appelle Washington à relancer le processus de paix(photo)

D’intenses consultations interarabes sont en cours actuellement afin, semble-t-il, de mettre au point les derniers détails d’un sommet arabe qui sera consacré à l’examen du processus de paix. Selon M. Oussama el-Baz, conseiller politique du président égyptien Hosni Moubarak, ces contacts sont destinés à parachever l’organisation soit d’un mini-sommet, soit d’un sommet élargi. D’ailleurs, comme pour confirmer ses dires, le prince héritier d’Arabie Séoudite, l’émir Abdallah Ben Abdel-Aziz, est arrivé hier à Damas où il s’est entretenu aussitôt avec le président Hafez el-Assad de la possibilité de tenir ce sommet. Selon M. Gébrane Kourié, les deux parties ont évoqué «la politique intransigeante du gouvernement israélien qui bloque le processus de paix» et souligné «la responsabilité que doit assumer la communauté internationale concernant la réalisation d’une paix juste et durable» dans la région. Le vice-président syrien Abdel-Halim Khaddam et les ministres syrien et séoudien des Affaires étrangères, Farouk el-Chareh et le prince Séoud el-Fayçal, ont assisté à l’entretien. Le prince Abdallah devait saisir l’occasion pour appeler les Etats-Unis à relancer le processus de paix au Proche-Orient et mettre en garde Israël contre «trop d’imprudence». «J’appelle les Etats-Unis à soutenir les solutions légitimes et justes et à relancer le processus de paix, car l’extrémisme israélien éveillera aussi un extrémisme de l’autre côté. Nous sommes opposés à toute solution ignorant les droits légitimes des Palestiniens», a-t-il déclaré. «J’appelle Israël à prendre conscience des droits arabes et des vertus de la paix, à accepter une solution juste et globale (...) et nous mettons en garde l’Etat hébreu contre trop de confiance en soi et trop d’imprudence», a ajouté le prince héritier. Concilier les positions syrienne et jordanienne Des sources diplomatiques arabes à Damas ont confirmé que l’objectif de l’émir Abdallah est de préparer une réunion des principaux pays arabes. La forme que devrait prendre ce sommet — élargi ou restreint — et le lieu de sa tenue, ont figuré au menu des entretiens du prince héritier à Damas. Des diplomates arabes à Ryad avaient indiqué que le prince Abdallah devait tenter de concilier les points de vue de la Syrie et de la Jordanie, Amman craignant qu’un sommet arabe ne lui impose de geler la normalisation avec Israël. Le chef de la diplomatie jordanienne Jawad Anani a déclaré dimanche au journal séoudien Al-Charq al-Awsat que la Jordanie n’avait aucune réserve sur le lieu d’un éventuel sommet arabe. Samedi, le même journal rapportait qu’Amman ne voulait pas d’un sommet à Damas, de crainte que ses décisions soient trop dures. Le quotidien syrien Techrine a souligné dimanche l’importance d’une action arabe commune «après l’échec des efforts de l’Europe et des Etats-Unis à mettre un terme à l’intransigeance d’Israël». Al-Baas, journal du parti au pouvoir, a affirmé pour sa part que les Arabes, «face au plan sioniste, devraient décider d’arrêter toute forme de normalisation avec Israël et de reprendre les négociations au point où elles s’étaient arrêtées». La radio officielle syrienne a prôné également «des réponses fermes, car il n’est pas permis de laisser Israël violer la terre arabe et ignorer les droits d’une manière aussi provocatrice». Un gel de la normalisation avec Israël avait été préconisé par le dernier sommet arabe tenu au Caire en juin 1996, mais cette recommandation n’avait pas été suivie d’effet. Les négociations d’Israël avec les Palestiniens sont en panne depuis 15 mois et avec la Syrie, elles sont gelées depuis plus de deux ans. Le président palestinien Yasser Arafat et le chef d’Etat des Emirats arabes unis, cheikh Zayed ben Sultan al-Nahyane, ont appelé dimanche à Abou Dhabi, à «la tenue d’urgence d’un sommet arabe élargi, le plus tôt possible». Le prince Abdallah, qui a été accueilli à son arrivée à l’aéroport de Damas par M. Khaddam, est accompagné d’une importante délégation. Il quittera Damas lundi pour Amman.