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Actualités - REPORTAGE

Hariri entame le leadership de Karamé à Tripoli Sleimane Frangié l'emporte face à ses adversaires à Zghorta Nette victoire des F.L. dans le Caza de Becharré Coude à coude Hobeiche-Daher à Kobeyate(photo)

Les quatre grandes batailles du Nord qui ont marqué la deuxième étape des élections municipales semblent avoir débouché sur des résultats (encore préliminaires) dont les retombées politiques se feront sentir sans doute pendant longtemps. A Tripoli, la liste appuyée par Omar Karamé a une légère avance sur celle soutenue par le chef du gouvernement Rafic Hariri, mais elle ne serait assurée que d’une faible majorité; à Zghorta, le ministre de la Santé Sleimane Frangié l’a emporté face à la coalition quadripartite menée par Nayla Moawad - Samir Frangié - Youssef Douheihy - Sélim Karam; à Becharré, le scrutin s’est traduit par un raz-de-marée du courant des «Forces libanaises» qui ont remporté non seulement la municipalité de la ville de Becharré, mais également sept des neuf autres conseils municipaux du caza; à Kobeyate (Akkar), les deux listes appuyées par le ministre Fawzi Hobeiche et son rival Mikhaël Daher étaient hier soir au coude à coude, avec un léger avantage (non significatif) pour les partisans de M. Daher. D’une manière générale, les opérations électorales se sont déroulées dans des conditions acceptables (compte tenu du contexte présent). Des batailles fiévreuses et particulièrement serrées s’étant produites dans de nombreuses localités des sept cazas du Liban-Nord (Tripoli, Akkar, Denniyé, Zghorta, Becharré, Koura et Batroun), plusieurs incidents ont été signalés en divers secteurs du mohafazat. Des échauffourées se sont produites, notamment à Bzal (Akkar), Bakhoune (Denniyé), Zahiriyé et Kobbé (Tripoli) ainsi qu’à Batroun. Six personnes ont été blessées, dont une grièvement, lors de ces heurts au cours desquels des couteaux et des bâtons ont été utilisés de part et d’autre. Selon une source de sécurité, 110 personnes ont été arrêtées et traduites devant le Parquet. Il reste que ces incidents sont à mettre au compte des inévitables débordements qui accompagnent souvent le déroulement des élections au Liban, surtout dans les régions périphériques du pays. Une fois de plus, les premiers résultats qui étaient disponibles hier soir ont illustré le fait que les circonscriptions restreintes reflètent la volonté de l’électorat d’une manière beaucoup plus fidèle et équitable que dans le cas des circonscriptions élargies, même si les interventions et les pressions préélectorales de certains pôles du pouvoir ont faussé, dans des cas précis, le jeu électoral. Le taux de participation au scrutin a été très élevé, atteignant, en moyenne, près de 63 pour cent dans l’ensemble du mohafazat. Il a dépassé le seuil de 70 pour cent dans plusieurs régions, ce qui reflète incontestablement un enthousiasme de la part des habitants à participer à la gestion de leurs affaires locales. Les quelque 600.000 électeurs du mohafazat avaient à choisir entre 4.018 candidats briguant les 1.794 sièges de conseillers municipaux et 1.526 candidats aux postes de moukhtars. Jusque tard en soirée, hier, une grande confusion régnait au sujet du bilan de l’opération électorale dans certaines grandes agglomérations, telles que Tripoli et Kobeyate. Dans la capitale du Nord, le dépouillement dans 100 bureaux de vote (sur 279) montrait, peu après 1 heure du matin, que la liste de Omar Karamé bénéficiait d’une avance appréciable pour 11 à 12 sièges sur les 24 que compte le conseil municipal. La principale liste concurrente, soutenue par M. Hariri, pourrait remporter 7 sièges, et le mouvement intégriste sunnite de la «Jamaa’ islamiya» 5 ou 6 sièges. Cette première tendance pourrait toutefois évoluer aujourd’hui dans un sens plutôt favorable à la liste Karamé du fait que de nombreux bureaux de vote, où le dépouillement ne s’était pas encore achevé hier soir, pourraient faire pencher la balance en faveur de certains candidats de la liste de l’ancien premier ministre. Mais il ne s’agit là que d’une simple estimation qui est d’autant plus approximative que le grand nombre de candidats brouille considérablement les cartes. La grande incertitude concernant le scrutin à Tripoli réside dans la répartition confessionnelle des sièges du conseil municipal. Ce dernier devrait comprendre en principe cinq chrétiens, quatre grecs-orthodoxes et un maronite. La liste Karamé regroupait effectivement cinq chrétiens. Mais en raison de la présence d’un grand nombre de candidats mahométans, et compte tenu du fait que l’électorat chrétien est minoritaire (près de 15 pour cent des votants inscrits), les chrétiens pourraient n’être représentés, au mieux, que par un ou deux membres uniquement, ce qui constituerait une rupture de l’équilibre confessionnel traditionnel dans la ville. Il s’agirait là, le cas échéant, d’un grave précédent qui risquerait de se reproduire dans la capitale. De nombreux responsables politiques avaient mis en garde contre une telle lacune dans la loi électorale qui ne prévoit aucun mécanisme susceptible de garantir un équilibre confessionnel dans les grandes villes telles que Beyrouth, Tripoli ou Saïda. En tout état de cause, M. Karamé ne sera vraisemblablement assuré que d’une très faible majorité. Si ces pronostics se confirment, le chef du gouvernement aurait réussi à ébranler le leadership de l’ancien premier ministre dans son propre fief. Un tel résultat ne manquera pas d’exacerber encore davantage la tension entre MM. Hariri et Karamé. Succès des F.L. à Bécharré A Zghorta, le ministre de la Santé a réussi, par contre, à contenir l’assaut d’une forte coalition quadripartite regroupant Mme Nayla Moawad ainsi que MM. Samir Frangié, Youssef Doueihy et Sélim Karam. Cette coalition a mené la bataille sous le signe du changement, mais en définitive, M. Frangié est parvenu à confirmer et consolider son leadership dans la région. Il n’en reste pas moins que le déroulement de ce scrutin et les alliances qui ont été conclues à cette occasion pourraient déboucher sur une redistribution des cartes sur l’échiquier politique de Zghorta. Dans une déclaration faite hier, Mme Moawad devait d’ailleurs faire allusion à une telle éventualité en soulignant que l’alliance quadripartite qui a marqué l’élection municipale à Zghorta est le prélude à une coopération future entre les quatre pôles de l’alliance en question. Le ministre Frangié a lui aussi évoqué une possible rupture avec Mme Moawad en soulignant que la bataille d’hier opposait «deux courants politiques distincts», précisant à ce propos que son alliance électorale passée avec Mme Moawad n’était pas naturelle. Dans le caza de Bécharré, le courant des «Forces libanaises» a enregistré une victoire éclatante, remportant les conseils municipaux dans huit des dix localités du caza. Dans la ville de Bécharré, l’écart de voix entre la liste des F.L. et celle soutenue par le leadership traditionnel (dont les députés Gebrane Tok et Kabalan Issa el-Khoury) a été considérable. Les premiers résultats indiquent que les candidats de la liste F.L. ont obtenu près des deux tiers des voix. Les listes F.L. ont en outre été élues dans sept autres villages du caza de Bécharré: Hadchit, Bkaa Kafra, Hasroun, Bazoune, Torza, Knat et Bar Halyoune (8 candidats F.L élus sur 9). A Hadeth-Jebbé, les F.L. n’avaient pas présenté de liste, mais elles ont quand même remporté 4 des 12 sièges du conseil municipal. Du fait de cette victoire électorale, les F.L. contrôlent désormais l’écrasante majorité des municipalités de l’ensemble du caza de Bécharré. Le courant des F.L. a remporté également plusieurs succès dans les cazas du Koura et de Batroun. Dans le Koura, les listes F.L. ont été élues entièrement (ou presque) dans les villages de Kfar Aate, Kfar Hatta, Bsarma, Dar Beechtar (11 sièges sur 12), Aïn Ekrine et Rajdbine. Dans le caza de Batroun, la liste F.L. a été entièrement élue à Herdine. Des candidats F.L. ont en outre été élus à Hamate (7 sièges sur 12), Bchaalé (4 sur 9) et Kfour el-Arbé ( 4 sur 12). Dans la ville de Batroun, la liste soutenue par le député Sayed Akl a remporté la majorité des sièges du conseil municipal. Un candidat «aouniste» et deux partisans de M. Georges Daou (adversaire traditionnel de M. Akl) ont réussi à percer la liste gagnante. Dans les régions du centre et de la montagne du caza de Batroun, les listes appuyées par le député Boutros Harb ont remporté de nombreuses municipalités, ce qui ne manquera pas de consolider le leadership et la position de M. Harb dans la région. Quant aux résultats enregistrés dans les autres cazas et localités du Liban-Nord, ils ne seront connus officiellement — au mieux — que dans la soirée d’aujourd’hui, comme l’a indiqué hier le ministre de l’Intérieur Michel Murr. Mais d’ores et déjà, les premières indications se rapportant aux quatre grandes batailles du Nord permettent de tirer certaines conclusions politiques dont le pouvoir devrait, d’une façon ou d’une autre, tenir compte. Mais il faudra sans doute attendre à cet effet une conjoncture locale (et régionale) plus favorable.
Les quatre grandes batailles du Nord qui ont marqué la deuxième étape des élections municipales semblent avoir débouché sur des résultats (encore préliminaires) dont les retombées politiques se feront sentir sans doute pendant longtemps. A Tripoli, la liste appuyée par Omar Karamé a une légère avance sur celle soutenue par le chef du gouvernement Rafic Hariri, mais elle ne...