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Actualités - CHRONOLOGIE

Un double échec pour Washington

La décision du Pakistan de mener une série d’essais nucléaires représente un double échec pour la diplomatie américaine: Washington n’a pas su dissuader Islamabad de répondre aux essais nucléaires indiens et ses alliés ne veulent pas davantage sanctionner le Pakistan que l’Inde. A l’issue d’une réunion jeudi des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN à Luxembourg, le secrétaire d’Etat Madeleine Albright a appelé «les alliés et les amis (des Etats-Unis) à prendre eux aussi des mesures énergiques», à l’instar de Bill Clinton qui venait d’annoncer des sanctions américaines. Tout en dénonçant la décision pakistanaise, les partenaires de Washington sont restés sourds à ces appels. «Non à l’embargo», a lancé le ministre russe des Affaires étrangères, Evgueni Primakov. Il a certes recommandé des «mesures radicales» pour amener l’Inde et le Pakistan à signer les traités de non-prolifération (NPT) et d’interdiction des essais (CTBT) — un objectif que Washington partage — mais sans préciser quel type de mesures. Le ministre allemand Klaus Kinkel a exclu que les pays de l’Union européenne prennent des sanctions, expliquant que le mal était fait et qu’on ne pouvait pas «revenir en arrière». Son homologue français Hubert Védrine a lui aussi écarté l’idée de sanctions. «On a affaire à deux grands pays (Inde et Pakistan) et il faut les traiter comme des partenaires, même si l’on estime qu’ils ont pris une mauvaise direction», a-t-il dit. Mme Albright a eu au contraire pour Islamabad et New Delhi des mots très durs, qui reflètent la déception de l’Administration Clinton. Elle les a accusés d’avoir «perdu la face» et le respect de la communauté internationale. Elle a tenté de faire contre mauvaise fortune bon cœur, se disant «très à l’aise» avec la stratégie suivie par Washington. Elle a expliqué que «des pressions internes écrasantes et la dynamique régionale» — une allusion voilée à l’hostilité entre les deux pays depuis 1947 et au soutien de la Chine au Pakistan — avaient rendu pratiquement inévitable que les Pakistanais fassent des tests nucléaires à leur tour. «Je ne pense pas que ce soit l’échec de notre politique», a renchéri M. Primakov. Le gouvernement américain avait pourtant redoublé d’efforts de persuasion auprès d’Islamabad, jusqu’au dernier moment. Quelques heures avant les essais pakistanais, M. Clinton avait imploré au téléphone le premier ministre pakistanais Nawaz Sharif d’y renoncer. Washington avait fait miroiter à Islamabad une reprise de l’aide militaire américaine. Des responsables du Sénat américain avaient même recommandé dimanche la livraison de 28 chasseurs F-16, payés par le Pakistan mais bloqués depuis dix ans par le Congrès. Des responsables américains faisaient aussi valoir que les sanctions économiques, dont la suspension des prêts de la Banque mondiale, toucheraient le Pakistan beaucoup plus durement que l’Inde, à l’économie beaucoup plus solide. Au moins cette fois-ci, les services de renseignements américains n’ont-ils pas été pris par surprise. Leur incapacité à prévoir les essais indiens avait été vivement critiqué au Congrès et brocardé dans la presse américaine. Anticipant les essais pakistanais, des experts américains expliquaient ces derniers jours que le plus important était désormais de donner à l’Inde et au Pakistan les moyens d’établir une dissuasion mutuelle efficace, avec un arsenal fiable, et surtout de simuler désormais leurs explosions nucléaires, ce qui pourrait les inciter à signer le CTBT. Interrogé à ce sujet jeudi par un journaliste, Mme Albright a esquivé la question. Par contre, M. Védrine a jugé que l’idée d’une aide technique à la simulation «méritait réflexion». (AFP)
La décision du Pakistan de mener une série d’essais nucléaires représente un double échec pour la diplomatie américaine: Washington n’a pas su dissuader Islamabad de répondre aux essais nucléaires indiens et ses alliés ne veulent pas davantage sanctionner le Pakistan que l’Inde. A l’issue d’une réunion jeudi des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN à...