Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Les essais pakistanais relancent les craintes de la prolifération en Asie

Les essais nucléaires réalisés par le Pakistan pour contrer ceux de l’Inde relancent les craintes de la prolifération nucléaire et s’inscrivent sur un fond de montée des nationalismes en Asie, relèvent vendredi les experts à Tokyo. Répondant du tac au tac aux essais indiens les 11 et 13 mai, le Pakistan est devenu le premier pays islamique et le troisième pays asiatique à avoir ouvertement effectué des essais nucléaires. Pour parvenir à leur but, l’Inde et le Pakistan, deux pays pauvres et rivaux, ont défié les pressions internationales et ignoré les menaces de sanctions économiques, surtout américaines et japonaises, qui risquent pourtant de leur coûter cher. «Il s’agit d’un événement gravissime qui met en péril le maintien de la stabilité et de la paix en Asie», souligne le Dr Mineo Nakajima, président de l’Université des études étrangères de Tokyo. «Il est clair que ces essais vont ajouter à l’instabilité dans la région. Ils font surgir le spectre d’une prolifération nucléaire échappant à tout contrôle», ajoute-t-il. «Le système de contrôle des armements nucléaires qui depuis 30 ans étaient dans les mains d’un petit nombre de pays est sur le point de s’effondrer», menaçant de détruire le Traité de non prolifération (NPT) et celui sur l’interdiction des essais (CTBT), souligne le quotidien libéral Asahi Shimbun. La Chine était jusque-là et depuis 1964 la seule puissance nucléaire déclarée en Asie (Russie mise à part). L’irruption de l’Inde et du Pakistan dans ce «club» va brouiller les cartes, les conséquences étant encore difficiles à évaluer sur le long terme, estiment les analystes. Pour M. Nakajima, le nouveau trio nucléaire Chine-Inde-Pakistan est aussi l’un des principaux foyers en Asie pour les nationalismes montants, les évolutions futures étant d’autant plus lourdes de menaces maintenant qu’ils possèdent tous les trois l’arme nucléaire. Les experts relèvent que derrière la rivalité nucléaire indo-pakistanaise, il y a la Chine. Celle-ci est une rivale de l’Inde et une amie du Pakistan. or New Delhi n’a pas caché que le facteur chinois a pesé dans sa décision d’acquérir l’arme nucléaire. Pékin a été souvent accusé d’avoir aidé le Pakistan dans son propre programme nucléaire. La Chine s’efforce depuis quelques années de mériter l’image d’un pays responsable face aux enjeux internationaux. Les manœuvres militaires et tirs de missiles auxquels elle s’est livrée dans le Détroit de Taïwan lors des élections présidentielles dans l’île en mars 1996 ont néanmoins ravivé la crainte d’une crispation nationaliste dans ce pays. Les difficultés économiques qui risquent de s’accentuer en Chine avec la crise financière en Asie pourraient aussi peser dans ce sens. L’Inde est depuis le 19 mars dirigée par un gouvernement hindou aux accents clairement nationalistes. La tension est nettement montée depuis avec ses voisins pakistanais et chinois. La Corée du Nord a été longtemps soupçonnée de chercher à se doter de l’arme atomique jusqu’à l’accord signé à Genève en 1994 par lequel elle s’est engagée à geler son programme nucléaire en échange de la construction avec une aide internationale de centrales non proliférantes. Peu d’experts jugent la Corée du Nord vraiment en mesure de posséder des armes nucléaires opérationnelles. Mais si les sanctions occidentales contre l’Inde et le Pakistan restent molles, Pyongyang pourrait être tenté de faire monter les enchères, estime Kenneth Courtis, un expert de la Deutsche Bank. Le Japon dispose quant à lui de toutes les technologies et matières fissiles nécessaires pour se doter s’il le décide d’un arsenal nucléaire crédible à brève échéance (six mois, selon certains experts). Seul pays victime de bombardements atomiques à Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945, il a renoncé après la guerre à acquérir l’arme atomique. Un changement de cette politique est peu vraisemblable à court terme. Pour M. Ryukiki Imai, professeur de sciences politiques et ancien diplomate expert du désarmement, il n’y a cependant pas matière à dramatiser la situation. La menace nucléaire fait tellement peur qu’elle demeure une force de dissuasion puissante, même entre des pays comme le Pakistan et l’Inde. «Nous savions de toutes façons que ces pays possédaient la bombe. La prochaine étape pour l’Inde sera de signer le traité d’interdiction des essais nucléaires (CTBT). Si c’est le cas, le Pakistan ne devrait pas être long à suivre cet exemple», dit-il. (AFP)
Les essais nucléaires réalisés par le Pakistan pour contrer ceux de l’Inde relancent les craintes de la prolifération nucléaire et s’inscrivent sur un fond de montée des nationalismes en Asie, relèvent vendredi les experts à Tokyo. Répondant du tac au tac aux essais indiens les 11 et 13 mai, le Pakistan est devenu le premier pays islamique et le troisième pays asiatique...